Il y a un an déjà, lors du précédent Sommet à Charlevoix au Québec, sous présidence du Canada, nous nous demandions si le G7 n’est pas mort…
Cette année, comme l’avait déjà pressenti Emmanuel Macron au G20 d’Osaka fin juin 2019, il n’y aura pas de Déclaration finale. Trump aurait-il déjà gagné son pari de mettre à mal la crédibilité de toutes les enceintes multilatérales ?
Malgré de nombreuses réunions préparatoires, le Sommet de Biarritz risque fort de n’être ni féministe ni scientifique ni numérique…
Certes, le G7 est un lieu de rencontres et d’échanges, parmi d’autres. Les intérêts communs ne manquent pas, à commencer par l’environnement. Sauf que la constance de l’urgence (climatique) finit par en faire oublier son caractère urgentissime et bientôt impératif… jusqu’au prochain gros accident.
Certes, sauf rarissimes exceptions, le G7 n’est pas un lieu où se prennent des décisions. On discute, on se dispute, les petits poucets tentent de de faire entendre de l’ogre Donald, qui peut se targuer de la bonne santé de l’économie américaine.
L’Europe est divisée et affaiblie par le Brexit, le nationalisme italien ou est-européen. Sans doute une aubaine pour l’hôte du sommet, Emmanuel Macron, qui se rêvait roi de l’Europe après son accession à l’Élysée. Les emmerdes, qui comme le disait le président Chirac, volent toujours en escadrille, lui ont enlevé de sa superbe, mais organiser un sommet des puissants ne peut que servir son image (et celle de la France !) et lui permettre de prouver ses talents de conciliateur. Emmanuel Macron en maître de cérémonie : un rôle qui lui va comme un gant, et une occasion de se requinquer, notamment auprès de l’opinion publique, avant les tempêtes automnales qui s’annoncent.
Que cela plaise ou non, l’homme fort du G7, c’est Donald Trump, capable de toutes les voltes faces. Son pas de danse avec le dictateur nord-coréen Kim Jong-un est un exemple édifiant de son imprévisibilité et de ses audaces parfois fulgurantes. Au G7, va-t-il marteler son discours protectionniste ou feindre de se convertir au multilatéralisme ? « Cause toujours ! » de toute façon. La supranationalité n’a jamais pesé lourd face à la souveraineté des États.
Trump va-t-il asséner un coup de poignard dans le dos de l’Union Européenne avec son ami Boris Johnson et Matteo Salvini en embuscade ?
Le G7 est, en principe, un forum de discussions multilatérales. Mais que reste-t-il du multilatéralisme lorsque Vladimir Poutine, exclu du G7 il y a cinq ans à cause de son intervention en Crimée sur le dos de l’Ukraine, et Xi Jinping, n’en sont pas membres ?
Et si Donald Trump n’en voulait plus de ce G7 ? L’hôte de la Maison blanche ne voit dans ce genre de grand-messe que de la pure palabre et de la com’, surtout au bénéfice du pays organisateur et de son dirigeant.
Que reste-t-il donc du G7 ?
L’occasion de multiplier en quarante-huit heures des rencontres bilatérales. De tête-à-tête en speed dating, tout à fait dans l’air du temps, les sept protagonistes du Sommet et la vingtaine d’autres dirigeants des cinq continents réunis par Emmanuel Macron pourront construire des alliances thématiques, des coalitions de circonstances plus ou moins ponctuelles. Le Premier ministre indien Narendra Modi y est un invité de marque. Sans doute va-t-on entendre parler Cachemire. Plus sans doute que Macron n’aura parlé démocratie avec Poutine à Brégançon.
Le multilatéralisme n’a pas le vent en poupe, quand bien même Emmanuel Macron en serait-il l’apôtre. Pourtant, ce cérémonial demeure nécessaire. Les médias et les réseaux sociaux ont pris une telle dimension que la forme influe plus que jamais sur le fond. Une belle photo de famille au G7, cela rassure les boursiers, les investisseurs, l’économique en général. Et quelle publicité mondiale pour la belle station balnéaire de Biarritz et son fameux pays basque…
Une forme de pseudo psychothérapie pour leur donner confiance, un élément si essentiel dans une économie mondialisée terriblement fragile.
Au final, le G7 est une chance pour la France. Mais il pourrait être le tombeau de cette institution : déjà au Québec l’an passé, Donald Trump était parti avant la fin et avait finalement annulé par twitter sa signature du communiqué final. Et si cette année, Donald Trump poussait le ridicule jusqu’à boycotter le final du G7 ? Avec un nouvel allié en la personne de son double britannique, Boris Johnson. Un nouveau Trafalgar… A Biarritz cette fois-ci ?
Michel Taube