La Russie promet une « réponse symétrique » à l’essai d’un missile américain
Le président russe Vladimir Poutine a promis vendredi une « réponse symétrique » à l’essai récent par les Etats-Unis d’un missile de portée intermédiaire, leur premier depuis la Guerre froide, qui fait craindre une nouvelle course aux armements.
« J’ordonne aux ministères russes de la Défense et des Affaires étrangères (…) d’analyser le niveau de menace créé pour notre pays par les actes des Etats-Unis et de prendre des mesures exhaustives pour préparer une réponse symétrique », a déclaré M. Poutine lors d’une réunion de son Conseil de sécurité.
Ce test américain, effectué dimanche depuis l’île de San Nicolas, au large de la Californie (ouest), selon le Pentagone, a entériné la mort du traité de désarmement INF qui abolit l’usage – par la Russie et les Etats-Unis seuls – des missiles terrestres d’une portée de 500 à 5.500 kilomètres.
Ce traité, dont la signature à la fin de la Guerre froide en 1987 avait mis un terme à la crise des euromissiles, déclenchée par le déploiement en Europe des SS-20 soviétiques à têtes nucléaires, a officiellement été suspendu par les deux puissances rivales début août, après six mois d’un dialogue de sourds.
La Russie et la Chine avaient aussitôt condamné l’essai de dimanche, en dénonçant le risque d’une « escalade des tensions militaires » et d’une relance de la course aux armements.
« Il est évident que (l’essai du missile américain) n’était pas le résultat d’une improvisation, mais un maillon de plus dans une chaîne d’évènements planifiés depuis longtemps », a estimé M. Poutine vendredi. « Cela ne fait que confirmer le fondement de nos préoccupations exprimées auparavant », a-t-il ajouté.
L’opposant russe Navalny libéré après 30 jours de détention
Le principal opposant au Kremlin, Alexeï Navalny, a été libéré de prison vendredi après 30 jours passés en détention pour des appels à manifester, dans le cadre d’un important mouvement de contestation qui secoue Moscou.
Si M. Navalny n’a pas été immédiatement interpellé de nouveau par les policiers présents lors de sa sortie de prison, comme ce fut le cas pour d’autres opposants relâchés récemment, il pourrait bien l’être prochainement en raison de ses appels répétés à manifester avant les élections locales du 8 septembre ainsi que de nouvelles poursuites visant son organisation.
L’ancien juriste et blogueur anticorruption est sorti de prison vendredi matin souriant, vêtu d’un pull et pantalon de sport sombres et avec un sac sur les épaules. Il a immédiatement dénoncé devant des journalistes les « actes de terreur destinés à effrayer » menés par les autorités russes dans leur répression du mouvement de protestation à Moscou. « Le mouvement va continuer à grossir et ce régime va fortement regretter ce qu’il a fait », a lancé M. Navalny. « Nous faire peur ne fonctionnera pas. Nous méprisons les autorités lâches et voleuses qui, avant, mentaient et falsifiaient pour +gagner+ les élections. Aujourd’hui, elles ne peuvent plus se passer des arrestations de candidats, des passages à tabac de manifestants pacifiques et des perquisitions », a écrit M. Navalny sur son compte Instagram.
Alexeï Navalny avait été arrêté le 24 juillet à Moscou alors qu’il sortait faire un jogging et acheter des fleurs pour l’anniversaire de sa femme, en pleine montée de la contestation due au rejet des candidatures d’opposants au scrutin du 8 septembre.
Il avait ensuite été condamné à 30 jours de prison pour des « violations répétées aux règles d’organisation des manifestations ». Lors de son incarcération, M. Navalny a été brièvement traité à l’hôpital pour ce que les médecins ont qualifié de « grave réaction allergique », tandis que l’opposant n’a pas exclu d’avoir été « empoisonné ».
Incendies en Amazonie : Bolsonaro sous pression internationale, manifestations vendredi
Les feux de forêt qui se propagent rapidement en Amazonie ont des répercussions internationales, l’ONU et le président français interpellant vivement le président brésilien Jair Bolsonaro tandis que se multiplient les appels à sauver le « poumon de la planète ».
M. Bolsonaro, un climato-sceptique, a accusé jeudi Emmanuel Macron d’avoir « une mentalité colonialiste », après que ce dernier a donné rendez-vous aux membres du G7 pour « parler de l’urgence » des feux en Amazonie à Biarritz ce week-end. Dans deux tweets successifs, M. Bolsonaro a accusé M. Macron d' »instrumentaliser une question intérieure au Brésil et aux autres pays amazoniens » avec « un ton sensationnaliste qui ne contribue en rien à régler le problème ».
« Le gouvernement brésilien reste ouvert au dialogue, sur la base de faits objectifs et du respect mutuel », a écrit le président d’extrême droite. « La suggestion du président français selon laquelle les affaires amazoniennes soient discutées au (sommet du) G7 sans la participation de la région évoque une mentalité colonialiste dépassée au 21e siècle ». M. Bolsonaro a participé à une réunion de crise en soirée à Brasilia. En matinée, il avait lancé une nouvelle charge contre les défenseurs de l’environnement, qui ont appelé à des manifestations vendredi dans le monde.
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a déclenché la salve d’appels à sauver l’Amazonie en se disant sur Twitter « profondément préoccupé » par les incendies sévissant dans la plus vaste forêt tropicale du monde, dont 60% se trouvent en territoire brésilien.
« En pleine crise climatique mondiale, nous ne pouvons accepter davantage de dégâts sur une source majeure d’oxygène et de biodiversité », a écrit Antonio Guterres, réclamant que l’Amazonie soit « protégée ». Peu après, c’est le président français qui exprimait son inquiétude, lui aussi avec un tweet, malencontreusement illustré d’une image prise par un photographe décédé en 2003, comme beaucoup d’autres tweets.
« Notre maison brûle. Littéralement. L’Amazonie, le poumon de notre planète qui produit 20% de notre oxygène, est en feu. C’est une crise internationale. Membres du G7, rendez-vous dans deux jours pour parler de cette urgence ». Les appels pour l’Amazonie se sont également élevés du milieu sportif, avec Cristiano Ronaldo, qui a posté sur Twitter une photo de 2013 prise dans un Etat non amazonien, selon les fact-checkers de l’AFP. Et du show business, notamment la chanteuse américaine Madonna, qui a publié sur Instagram une photo de 1989, légendée: « Président Bolsonaro s’il vous plaît modifiez votre politique. Nous devons nous REVEILLER ».
Des manifestations étaient prévues pour l’Amazonie vendredi, à Sao Paulo et Rio. Le mouvement de la jeune Suédoise Greta Thunberg, égérie de la lutte contre le réchauffement climatique, « Fridays for Future », a appellé à manifester devant les ambassades et consulats du Brésil à travers le monde.
Si l’avancée des feux dans la plus vaste forêt tropicale de la planète était très difficile à évaluer, l’Institut national de recherche spatiale (INPE) a fait état de près de 2.500 nouveaux départs de feu en l’espace de 48 heures dans l’ensemble du Brésil. La déforestation, qui avance rapidement, est la principale cause des départs de feu. D’après l’INPE, 75.336 feux de forêt ont été enregistrés dans le pays de janvier jusqu’au 21 août — soit 84% de plus que sur la même période de l’an dernier — et plus de 52% concernent l’Amazonie.
Face à cette « tragédie », le président équatorien Lenin Moreno a proposé à son homologue brésilien l’envoi de trois brigades de pompiers spécialisés dans les incendies de forêt.
Accord européen pour répartir les 356 migrants de l’Ocean Viking
Un accord européen a été trouvé pour faire débarquer puis répartir dans six pays de l’Union européenne les 356 migrants se trouvant à bord du navire Ocean Viking, a annoncé vendredi le Premier ministre maltais Joseph Muscat.
« Tous les migrants à bord » du bateau humanitaire des ONG SOS Méditerranée et Médecins sans Frontière vont être transférés sur des bateaux militaires maltais, hors des eaux territoriales de ce pays, et amenés ensuite à terre. Ils seront répartis entre « la France, l’Allemagne, l’Irlande, le Luxembourg, le Portugal et la Roumanie », a précisé M. Muscat sur son compte Twitter, notant que « personne ne restera à Malte ».
Depuis Paris, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, a annoncé que la France accueillera 150 des 356 migrants, soulignant que « la France maintient sa solidarité », trois jours après le débarquement en Italie du navire espanol Open Arms dont la France va recueillir 40 migrants.
L’accord à six pays est intervenu « à la suite de discussions avec la Commission européenne et certains Etats membres, à savoir la France et l’Allemagne », a précisé le chef du gouvernement maltais. « C’est une bonne nouvelle! », a salué le coordinateur des opérations de sauvetages de l’Ocean Viking, Nicholas Romaniuk, a rapporté une journaliste de l’AFP se trouvant à bord depuis le début de la mission.
« Nous attendons maintenant une communication officielle des autorités maltaises » sur les procédures de débarquement, a-t-il ajouté.
La nouvelle n’a pas été immédiatment annoncée aux intéressés, MSF préférant terminer une distribution de nourriture avant de partager une information tellement attendue à bord.