Opinion Sport
07H30 - dimanche 25 août 2019

Les racines du rugby au Japon

 

L’historien anglais Mike Galbraith, spécialiste des origines du rugby au Japon, devant les trophées du Yokohama Country & Athletic Club, le 25 juin 2019 – AFP/Archives / Toshifumi KITAMURA

 

Du 20 septembre au 2 novembre 2019, le Japon accueillera la Coupe du monde de rugby…

Le rugby, un sport récent au Japon ? Plutôt tout l’inverse : il y a plus de 150 ans, des matches se tenaient déjà à quelques kilomètres du stade de Yokohama, où se déroulera la finale du Mondial le 2 novembre. Tout a commencé au début des années 1860, quand des militaires anglais ont débarqué à Yokohama pour protéger les ressortissants britanniques, après l’assassinat de l’un d’entre eux, marchand de son état, par des guerriers samouraï.

Mais les tensions sont retombées et les officiers du corps expéditionnaire se sont vite retrouvé désœuvrés. Ils ont alors commencé à faire des parties de ballon ovale pour passer le temps.

La première mention d’un match au Japon remonte ainsi à 1863, 40 ans à peine après que William Webb Ellis, étudiant de la prestigieuse école anglaise de Rugby, a posé les bases modernes de ce sport. « En décembre 1864, il y a des preuves attestant que (les officiers britanniques, NDLR) y jouaient tous les après-midi, avec quelques civils », explique l’historien anglais Mike Galbraith, spécialiste des origines du rugby au Japon.

 

Un des plus vieux clubs du monde

Début 1866, une quarantaine de ces premiers joueurs ont fondé le « Yokohama Foot Ball Club ». Dans un éditorial rapportant cette nouvelle, le Japan Times de l’époque se réjouissait de voir parmi ces fondateurs « deux ou trois » diplômés des écoles de Rugby et Winchester, ce qui promettait selon le journal un excellent niveau de jeu. Selon M. Galbraith, ce serait donc l’une des plus anciennes associations de rugby au monde, du moins dans la catégorie de celles ouvertes à tous, à la différence des clubs fermés des grandes écoles ou d’universités.

Le rugby à XV s’est plus solidement ancré au Japon au tournant du 20e siècle, quand deux anciens étudiants de Cambridge, Edward Bramwell Clarke et le Japonais Ginnosuke Tanaka, ont introduit le sport à l’université Keio de Tokyo. Sa popularité a par la suite grimpé rapidement dans le pays: la fédération japonaise de rugby à XV a été créée en 1926 et au début des années 1930, certains matches attiraient 20.000 spectateurs, selon M. Galbraith. Sans que le rugby passionne autant les foules nippones que d’autres sports d’équipe tels que le base-ball et le football, l’équipe nationale a participé à toutes les éditions du Mondial depuis la création de la compétition en 1987.

L’historien anglais Mike Galbraith à côté de l' »Interport Rugby Shield », trophée du match entre le Kobe Regatta et le Yokohama Country, à Yokohama, le 25 juin 2019 – AFP/Archives / Toshifumi KITAMURA

 

Un faible championnat national

En Coupe du monde, les « Brave Blossoms » (les fleurs valeureuses) ont alterné le pire – une humiliante défaite 145-17 face à la Nouvelle-Zélande en 1995 – et le meilleur: une victoire retentissante face à l’Afrique du Sud en 2015 (34-32). Récent vainqueur de la Coupe des nations du Pacifique, le Japon pointe actuellement à la 9e place du classement World Rugby. C’est son meilleur rang à ce jour, qu’il avait déjà atteint en 2016.

Les organisateurs nippons espèrent que le Mondial 2019, le premier organisé en Asie, va doper le développement du rugby au Japon et ailleurs dans la région. Cependant, la fréquentation désespérément faible des matches de Top League, le championnat nippon, ainsi que son piètre niveau de jeu n’incitent pas à l’optimisme. Autre coup dur : faute de résultats probants, les Sunwolves de Tokyo, la seule équipe japonaise du Super Rugby, va devoir quitter à la fin de la saison 2020 cette ligue internationale regroupant également des équipes d’Australie, de Nouvelle-Zélande, d’Afrique du Sud et d’Argentine.

Quand au club amateur de Yokohama où tout a commencé, il existe toujours, mais végète un peu. « La situation actuelle n’est pas très bonne », soupire M. Galbraith, lui-même ancien joueur du club. Une pénurie de membres venant des grandes nations du rugby a durement affecté le club, selon lui : « C’est plus difficile de former une équipe première de 15 joueurs ».

 

Richard CARTER

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