Le Général (2S) Dominique Trinquand inaugure une chronique régulière à la une d’Opinion Internationale. Premier volet : comment le président Emmanuel Macron sort-il du G7 et de son discours devant la Conférence des Ambassadeurs tenu hier le 27 août.
« The honest broker » fut le surnom attribué à Otto von Bismarck [1] comme à Winston Churchill [2]. Emmanuel Macron est-il en train de démontrer que l’on peut être en même temps un courtier honnête et un dirigeant engagé ?
Après le G7 de Biarritz où le Président utilisa tous les avantages que lui donnait son rôle d’organisateur et d’hôte de cette réunion informelle pour redonner au multilatéralisme la capacité de construire ensemble, Emmanuel Macron s’est adressé hier aux ambassadeurs français pour leur donner ses directives en matière de politique extérieure de la France.
Le premier point remarquable est la façon dont le rôle de courtier est assumé de façon positive. La France doit être « une puissance d’équilibre ». Pour cela, la mobilité et la souplesse sont des caractéristiques essentielles qui permettront à la France de tenir sa place dans un monde en basculement.
Le deuxième point décisif est le lien entre la politique extérieure et la politique intérieure. Tant par les deux interventions télévisées devant les Français avant et après le G 7 que par ce « rapport au monde qui irrigue la nation » annoncé aux ambassadeurs, le président a bien marqué qu’il ne s’agissait pas de deux mondes différents, étrangers l’un à l’autre mais d’un rapport direct entre l’action extérieure de la France et la vie des Français qu’il faut désormais établir.
Enfin l’audace et l’humanisme demandés donnent le souffle contemporain lié à notre histoire, de la Renaissance aux Lumières. Ce souffle marque l’engagement de la France pour reprendre le contrôle et redonner au peuple la maitrise de son destin. Ne pas subir.
Naturellement le discours aux ambassadeurs est un peu long, contrairement au communiqué final du G 7 qui tient sur une page, mais le courtier a réduit l’accord de sept pays à l’essentiel alors que le Président s’est engagé devant les ambassadeurs sur une vision de refondation de la civilisation française et européenne.
Pour finir, le volontarisme exprimé devant les ambassadeurs à la suite d’un Sommet réussi s’adresse aussi bien aux Français qu’à leurs représentants à l’étranger. Si la France veut rester maître de son destin, elle doit redonner à l’Europe[3]le souffle lui permettant de tenir sa place dans un monde où les Etats-Unis et le Chine écrasent le reste du monde.
Ce fut un bel exercice volontariste où l’honnête courtier s’est engagé. « Il n’y a plus qu’à faire ! »
Général (2S) Dominique Trinquand
[1]Surnom qu’il s’est donné lui-même lors du congrès de Berlin en 1878
[2]Général de Gaulle, Mémoires de guerre
[3]Dans laquelle la Russie a son rôle à jouer