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07H00 - vendredi 30 août 2019

Berthe Morisot ou l’étincelle moderne à Orsay ? Première idée de sortie pour finir les vacances en beauté…

 

« Je ne crois pas qu’il y ait jamais eu un homme traitant une femme d’égale à égal, et c’est tout ce que j’aurais demandé, car je sais que je les vaux. » – Berthe Morisot

Longtemps dans l’ombre de ses contemporains masculins durant les expositions consacrées à la peinture impressionniste, Berthe Morisot dévoile sa peinture intimiste et sensuelle, d’une modernité lumineuse.

Jusqu’au 22 septembre 2019, Orsay consacre une rétrospective exceptionnelle à l’une des artistes les plus importantes de son temps, l’une des fondatrices du mouvement impressionniste. Disparue prématurément en 1895 à l’âge de 54 ans, Berthe Morisot laisse pourtant une œuvre très riche, emplie de mystère et de poésie. Des prêts des plus grands musées et de collections particulières viennent compléter la collection du Musée d’Orsay pour nous offrir une exposition vibrante.

Berthe Morisot, née dans une famille bourgeoise, est l’une des rares femmes de son temps à avoir atteint le statut d’artiste professionnelle, la carrière de peintre étant à cette époque essentiellement masculine. Née en 1841 à Bourges et considérée par ses contemporains et par les critiques de son époque (Édouard Manet par exemple dont elle fut très proche) comme l’une des artistes les plus audacieuses de mouvement impressionniste, Berthe Morisot a pourtant été souvent mise de côté au profit des grands noms de ce mouvement.

L’œuvre de l’artiste est d’une grande diversité, bien que certains thèmes – la maternité ou l’enfance – y soient récurrents. Sujets considérés féminins car le plus souvent traités par celles qui en sont le plus proches, elle les aborde avec une infinie sagesse dénuée de fioritures et de superficialité. Elle parvient à nous transporter dans son intimité qui finalement fait écho à la nôtre encore aujourd’hui : la maternité, l’intimité familiale et toutes les questions qu’elles peuvent induire. La profondeur de sa peinture n’a d’égal que la légèreté de sa touche et la luminosité de sa palette. Les instants fugaces qu’elle saisit avec grâce ne s’attachent pas aux détails, mais bien à une impression d’ensemble, un regard perdu au loin, une touche de couleur qui accroche notre cœur et nous invite au voyage.

Pour contempler l’œuvre de Berthe Morisot, il ne sert peut-être finalement à rien de scruter de près ses peintures. Il faut les embrasser dans leur entièreté et se laisser pénétrer par ses paysages frais et verdoyants, par ses épaules de femmes si subtilement dévêtues et ces regards d’enfants à la fois graves et riants.

La force de ce grand peintre réside peut-être dans le fait qu’elle connaissait sa valeur, en tant qu’artiste mais aussi en tant que femme. Cette force transparaît très clairement tout au long de ce parcours admirablement mis en lumière par Sylvie Patry, la commissaire de l’exposition.

C’est pourquoi on peut voir les choses sous un autre angle : si l’on dit souvent qu’elle a côtoyé les plus grands, prenons donc le parti d’affirmer que ce furent ces derniers qui eurent la chance de se compter parmi ses contemporains.

Au final, venez vous asseoir et laissez votre âme vagabonder au détour d’une allée fleurie, d’un jardin d’hiver ou le long d’un étang en compagnie de figures et de silhouettes presque insaisissables. En sortant, vous vous sentirez plus légers…

 

Louise Biard

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