Le Centre Pompidou nous présente la première rétrospective majeure consacrée à l’artiste japonais en France jusqu’au 23 septembre 2019. À 82 ans, Takesada Matsutani est encore très actif. Le don de vingt-deux de ses œuvres nous permet de faire le tour de sa carrière aussi riche que complexe.
Un drôle d’oiseau que cet artiste. Né en 1937 à Osaka, il s’installe en France à partir de la fin des années 60 où il vivra toute sa carrière. L’art de Takesada Matsutani est issu de plusieurs cultures : d’abord par le Japon avec la peinture traditonnelle Nihonga (qui signifie littéralement « peinture japonaise », apparue dans les années 1880) puis plus tard par le mouvement Gutaï (fondé par Jiro Yoshihara dans les années 1930) tendant vers l’éphémère et donnant toute son importance au matériau. Il sera influencé plus tard par l’art occidental et notamment par la sérigraphie et le Hard Edge Américain.
Son art, inspiré par de multiples mouvements artistiques à la fois japonais et occidentaux, dégage une force et une sensualité extraordinaires. Des bulles de colle vinylique qui gonflent et éclatent, de la matière qui semble presque prendre vie sous nos yeux et des aplats gigantesques qui nous happent. Si l’artiste s’attache à cette essence vitale, ce n’est pas par hasard. La tuberculose dont il fut victime plus jeune et l’observation de cellules au microscope dans le laboratoire d’un ami, l’ont mené à ces expérimentations de la matière et de la forme organique. Au-delà de ce travail, l’artiste mêle aussi ses croyances shintos et bouddhistes à ses créations.
Son œuvre est complexe et pourtant simple car prenante dès les premiers instants. Takesada Matsutani, c’est un univers à lui tout seul, envoûtant et presque impénétrable.
L’exposition que nous offre le Centre Pompidou est une réussite. À travers la réflexion que mène l’artiste sur lui-même, nous finissons par nous promener dans notre propre monde intérieur, avec à la fois la légèreté et la gravité qui caractérisent l’œuvre de Takesada Matsutani.
Louise Biard
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