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13H46 - mardi 10 septembre 2019

Homophobie dans les stades : Du rififi à la tête du foot français

 

Le président de la Fédération française de football, Noël Le Graët, en conférence de presse à Istra, près de Moscou, le 14 juin 2018 – AFP/Archives / FRANCK FIFE

 

Un joli pavé dans la mare : à quelques heures de France-Andorre, en qualifications à l’Euro-2020, le président de la Fédération française (FFF) Noël Le Graët a réitéré ses propos sur l’homophobie en demandant aux arbitres de ne plus arrêter de matches. La semaine passée, M. Le Graët avait déjà détonné en estimant dans les colonnes de Ouest-France « qu’on arrêtait trop de matches » pour des manifestations homophobes dans les stades. Cette fois, c’est sur l’antenne de France Info que le président de la « 3F », 77 ans, a enfoncé le clou, mardi matin: « L’arrêt des matches ne m’intéresse pas. C’est une erreur. J’arrêterais un match pour des cris racistes, j’arrêterais un match pour une bagarre, des incidents s’il y a un danger dans les tribunes », a poursuivi M. Le Graët, assurant que le racisme dans les stades et l’homophobie en tribunes, « ce n’est pas la même chose » et appelant les clubs à « agir » via leurs services de sécurité.

« J’espère » que cette demande sera prise en compte dès la prochaine journée de championnat, ce week-end, a répondu le président de la FFF, interrogé par France Info. La Direction technique de l’arbitrage (DTA), qui assure la gestion des arbitres de Ligue 1 et de Ligue 2, dépend de la FFF.

Rapidement, cette nouvelle sortie du président de la fédération a suscité de vives réactions, et même de la colère parmi les associations qui luttent contre l’homophobie.

 

Appel à la démission

Le collectif Rouge Direct appelle ainsi à la démission de M. Le Graët dont le mandat s’achève en 2020, après les Jeux Olympiques de Tokyo, et qui n’a pas encore faire savoir s’il souhaitait se représenter ou non.

« APPEL À LA DÉMISSION DU PRÉSIDENT DE LA @FFF Noël le Graët qui annonce ce matin sur @franceinfo avoir décidé de ne plus arrêter les matchs de foot pour actes homophobes. Il s’essuie les crampons sur les décisions d’ @EmmanuelMacron et de @RoxaMaracineanu. #pasdecadeaupourNoel », écrit ainsi Rouge Direct.

Dominique Sopo, président de SOS Racisme l’invite lui « à prendre sa retraite ».

« Noël Le Graët, président de la #FFF, accepte d’arrêter un match de foot en cas de cris de singe (heureusement!) mais pas pour des propos homophobes. @SOS_Racisme dénonce cette opposition. Le Graët a un problème avec l’homophobie. Qu’il prenne sa retraite! », lance M. Sopo.

Comme la semaine passée, après la première sortie de Noël Le Graët, l’association des PanamBoyz & Girlz United, qui dénonce l’homophobie dans le football et travaille sur le sujet avec la Ligue de football professionnel (LFP), a également exprimé sa consternation.

« Arrêter un match pour des cris racistes, oui ! Pour des chants homophobes, non ! Quand le président de la FFF fait un tri immonde entre discriminés. Propos totalement scandaleux. Quelle honte ! », écrit sur twitter l’association.

Réagissant aurprès de l’AFP aux propos de M. Le Graët, le président de l’Olympique lyonnais Jean-Michel Aulas s’est lui montré plus nuancé, plaidant pour une utilisation « avec modération » de l’arrêt des match, en marge de l’assemblée générale de l’Association européenne des clubs (ECA) à Genève.

La semaine dernière, la ministre des Sports Roxana Maracineau avait fait part de son étonnement après les propos de Le Graët qui, sans la nommer, la mettait en cause.

Depuis le début de la saison, plusieurs rencontres ont été brièvement interrompues en L1 et L2 pour faire cesser des chants homophobes lancés des tribunes ou le déploiement de banderoles injurieuses. Une fermeté réclamée et vivement saluée par la ministre des Sports, Roxana Maracineanu, sa collègue chargée de la lutte contre les discriminations, Marlène Schiappa, et par les associations de lutte contre l’homophobie.

Pas de réaction de la ministre, mardi, pour le moment. Mais nul doute que les retrouvailles entre la ministre et le patron du foot français, ce soir, dans les travées du Stade de France pour le match des Bleus, sera scrutée avec attention. Tout comme les tribunes de L1 et L2, le prochain week-end.

 

Frédéric BOURIGAULT

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