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16H27 - vendredi 13 septembre 2019

Balkany part en prison, grève très suivie à la RATP, annulations d’événements à Hong Kong, traitement préventif du VIH, l’actualité du 13 septembre en 4 photos

 

Fraude fiscale : condamné à quatre ans ferme, Patrick Balkany part en prison

Isabelle et Patrick Balkany à leur arrivée au tribunal à Paris le 13 septembre 2019 – AFP / Thomas SAMSON

 

Patrick Balkany dormira en prison vendredi soir : le maire de Levallois-Perret, 71 ans, a été condamné à Paris, pour fraude fiscale, à quatre ans de prison avec incarcération immédiate. Son avocat Me Dupond-Moretti a immédiatement annoncé son intention de faire appel.

Le tribunal correctionnel a suivi les réquisitions du parquet national financier, qui avait demandé cette peine contre « un grand fraudeur fiscal » baignant dans « un océan d’argent liquide ». Son épouse et première adjointe Isabelle a été condamnée à trois ans de prison ferme mais sans mandat de dépôt, le tribunal tenant compte de son état de santé au moment du procès. Elle n’y avait pas assisté, convalescente après une tentative de suicide début mai.

Le couple a également été condamné à 10 années d’inéligibilité et dix ans d’interdiction de gérer une société.

A l’énoncé du jugement, les policiers se sont avancés vers le baron des Hauts-de-Seine. Celui-ci a embrassé son épouse, amaigrie, venue assister au délibéré. Il s’agit du premier des deux jugements attendus après le procès ultra-médiatique du printemps : pour le second volet, consacré aux délits de blanchiment et de corruption, le délibéré a été fixé au 18 octobre.

Entre colères noires, ton hâbleur et longues digressions sur commune huppée de l’ouest parisien qu’il dirige presque sans interruption depuis 1983, l’ancien député avait reconnu quelques erreurs mais vanté une « vie à servir les autres ». Il avait toutefois semblé accuser le choc face aux quatre ans ferme requis contre lui par le Parquet national financier (PNF).

Le tribunal les a jugés coupables de tous les faits de fraude fiscale qui leur étaient reprochés.

Le PNF et le fisc, qui avait porté plainte en 2015, reprochent aux Balkany de n’avoir pas payé d’ISF entre 2010 et 2015, malgré des actifs estimés à 16 millions d’euros annuels minimum. Mais également d’avoir déclaré des revenus amplement sous-évalués entre 2009 et 2014. Au total, les sommes éludées sont estimées à plus de 4 millions d’euros d’impôts sur le revenu et la fortune, un montant contesté par la défense.

Fautes fiscales

Les élus de Levallois-Perret ont admis des « fautes », reconnaissant certaines des accusations de fraude fiscale. Parmi la liste des avoirs qui auraient dû entrer dans le calcul de l’impôt, l’accusation et le fisc avaient notamment pointé la luxueuse villa Pamplemousse de Saint-Martin, qu’Isabelle Balkany a tardivement reconnu posséder, et un somptueux riad à Marrakech, que le couple nie avoir acheté.

Les Balkany ont également été condamnés pour avoir sous-évalué la valeur du moulin qu’ils possèdent à Giverny (Normandie), ce dont ils se défendent, et d’avoir dépensé des sommes sans commune mesure avec leurs revenus connus, notamment sous forme d’espèces non déclarées.

L’accusation ne s’était pas attardée sur les origines de leur fortune, prescription oblige.

L’avocat d’Isabelle Balkany avait plaidé « coupable pour emploi de fonds successoraux non déclarés » en référence aux héritages familiaux dissimulés en Suisse et jamais déclarés. Patrick Balkany avait affirmé que le couple avait « mangé » son capital issu notamment d’héritages dissimulés en Suisse et jamais déclarés et évoqué l’écoulement de lingots d’or légués par son père.

L’incarcération immédiate demandée par le PNF avait suscité l’ire de la défense. « Il faudrait l’envoyer en prison pour que tout le monde se régale ? », s’était insurgé son avocat, Eric Dupond-Moretti, appelant à ne pas ajouter une « humiliation » à la condamnation de son client.

Les avocats du couple avaient soutenu que « la richesse considérable des familles » expliquait aisément la différence entre revenus déclarés et dépenses somptuaires, et tenté de décrédibiliser les estimations du patrimoine avancées par l’accusation.

Le second jugement, le 18 octobre, s’annonce plus risqué encore pour le baron des Hauts-de-Seine, contre qui sept ans de prison, l’incarcération immédiate et la confiscation de tous ses biens ont été requis.

 


 

RATP : première offensive contre la réforme des retraites avec une grève très suivie

Rassemblement de salariés en grève devant le siège de la RATP, le 13 septembre 2019 à Paris – AFP / STEPHANE DE SAKUTIN

 

Les personnels de la RATP ont lancé vendredi la première offensive syndicale contre la réforme des retraites avec une grève très suivie et un rassemblement devant le siège de la régie à Paris.

Dix lignes de métro fermées, très peu de RER et un bus sur trois en moyenne : la mobilisation, inédite depuis 12 ans, s’est traduite par un pic d’embouteillage sur les routes franciliennes tôt le matin, avant un retour du trafic routier à la normale vers 11H00. Réunis à l’appel de plusieurs syndicats, dont les trois organisations représentatives Unsa, CGT et CFE-CGC, plusieurs centaines d’agents se sont rassemblés devant le siège de la RATP, sifflant au passage les bus conduits par des non-grévistes. « C’est une réussite. La force de cette mobilisation montre bien que ce régime de retraite est au cœur de notre contrat social (…) À la RATP, c’est un deal entre le nouvel embauché et l’entreprise », a déclaré Thierry Babec de l’Unsa (premier syndicat).

Le régime spécial de retraite, « c’est du salaire différé » pour compenser « les contraintes et pénibilités », a-t-il ajouté, en plaidant pour « une convergence » des actions « avec tous ceux qui vivent les contraintes du transport, les routiers, les cheminots ». Fabrice Ruiz de la CFE-CGC a évoqué « une « forte mobilisation, y compris dans l’encadrement » avec un « taux de grévistes estimé entre 60% et 98% selon les secteurs ».

Sur les lignes automatisées 1 et 14 du métro qui fonctionnent normalement, la saturation attendue n’est pas au rendez-vous, beaucoup d’usagers ayant pris leurs disposition pour être en télétravail pour prendre des transports alternatifs. « Ce n’est pas étonnant car beaucoup de collègues se sont arrangés pour ne pas venir », rapporte à Bastille Gwenn, 39 ans, contrôleur de gestion.

Les autres lignes sont très affectées, avec plusieurs stations fermées, comme Montparnasse, Opéra ou Gare de l’Est. Dans le RER, le trafic est très fortement perturbé avec un RER A sur trois et un RER B sur cinq (avec interconnexion interrompue avec la SNCF en gare du Nord) uniquement aux heures de pointe. Sur la partie nord du RER B (à partir de Gare du Nord), gérée par la SNCF, on compte un train sur deux dans la journée.

Le secrétaire d’État chargé des Transports, Jean-Baptiste Djebbari a jugé « juridiquement compliqué » d’instaurer le service minimum réclamé à cor et à cri par la présidente de la Région Ile-de-France Valérie Pécresse, estimant que « le sujet aujourd’hui, c’est le sujet des retraites ».

 


 

Manifestations à Hong Kong : annulations en cascade d’événements sportifs et culturels

Des manifestants prodémocratie rassemblés dans un centre commercial, le 12 septembre 2019 à Hong Kong – AFP / Philip FONG

 

Le tournoi international féminin de tennis de Hong Kong a été annulé du fait des manifestations qui devraient prendre, vendredi soir, la forme d’un spectacle de lumières à l’occasion de la Fête de la mi-automne.

Vendredi matin, les organisateurs de l’Open WTA de Hong Kong, qui était prévu début octobre, ont annoncé le report sine die du tournoi en invoquant très pudiquement « la situation actuelle » dans l’ex-colonie britannique.

Hong Kong traverse sa pire crise politique depuis sa rétrocession à la Chine en 1997, avec des manifestations et actions quasi quotidiennes, qui ont parfois dégénéré en violents affrontements entre radicaux et force de l’ordre.

« Après des discussions approfondies avec nos partenaires clés, nous avons conclu que le déroulement serein du tournoi serait mieux assuré à une date ultérieure », a indiqué dans un communiqué la fédération hongkongaise (HKTA).

L’Open de Hong Kong, l’un des événements sportifs les plus prestigieux de la ville, attire chaque année de grands noms. Y ont notamment déjà participé Venus Williams, Angelique Kerber, Kristina Mladenovic ou Caroline Wozniacki, laquelle avait remporté l’édition 2016.

Le tournoi se joue sur les terrains de Victoria Park, un grand parc qui a été le théâtre de nombreux rassemblements massifs.

La contestation est née en juin du rejet d’un projet de loi hongkongais qui visait à autoriser les extraditions vers la Chine.

Le texte a été définitivement abandonné mais le mouvement a considérablement élargi ses revendications, pour demander notamment des réformes démocratiques et dénoncer le recul des libertés dans l’ex-colonie britannique et l’ingérence grandissante de Pékin dans les affaires intérieures de la région semi-autonome.

 


 

Avec le traitement préventif du VIH, la levée d’une épée de Damoclès

Sur le VIH, la PrEP (pour prophylaxie pré-exposition) est plus efficace que le préservatif – AFP/Archives / FRANCK FIFE

 

Après des années « à stresser et prendre peu de plaisir », Enzo a commencé un traitement préventif contre le VIH qui lui a donné, comme aux plus de 10.000 personnes qui utilisent ce médicament, une confiance que le préservatif ne lui a jamais apporté.

« Sur le VIH, la PrEP (pour prophylaxie pré-exposition) est plus efficace que le préservatif », estime Alexandre Aslan, médecin spécialiste des maladies infectieuses. Ces comprimés composés de deux antirétroviraux bloquent la contamination par le VIH: à Paris, en trois ans, le nombre de nouveaux diagnostics a diminué de 16% – baisse largement attribuée à la mise en place de la PrEP en 2016. La PrEP, déployée principalement dans la communauté gay considérée à risque, n’a pas vocation à remplacer le préservatif, insistent les autorités sanitaires.

Mais cette pilule que l’on peut prendre tous les jours, ou avant et après des rapports sexuels, « c’est une épée de Damoclès qui a été levée », souligne le Dr Aslan. « Pendant 30 ans, j’ai eu une trouille totale après chaque test de dépistage du sida. J’étais terrorisé, même en ayant fait attention. En fait, j’ai eu peur jusqu’à il y a trois ans », résume Michel*, la soixantaine, parmi les premiers « prepeurs ».

Au début, « on se demande si ça marche vraiment », raconte Enzo, militant chez Aides d’une trentaine d’années. « Ca prend du temps de déconstruire notre façon de voir la sexualité comme un danger ».

Après un rapport à risque, « je ne dormais plus. Je prenais ma température tous les jours. Je faisais 8 tests en trois mois », abonde Charline, 32 ans, une des rares femmes à être suivie.

Comme la majorité des personnes interrogées, Charline n’est pas contre le préservatif, seulement cela ne protège pas toujours, dit-elle. « Pour tout ce qui est pénétration, je mettais des capotes. Pour les fellations, non. Et puis il y a toujours le cas de la capote qui craque ».

D’autant, rappelle le Dr Aslan, qu' »un préservatif n’est efficace que dans 80% des cas. Ca casse, ça glisse… ». Ou un partenaire peut l’enlever sans prévenir.

Michel, qui a toujours été très prudent, regrette néanmoins le jugement moral des contempteurs de la PrEP. « Comme pour la pilule à l’époque, et ceux qui traitaient les femmes de salopes, ils veulent faire passer les prépeurs pour des obsédés qui ne veulent pas mettre de capote. Mais un préservatif ça pète ! ».

Pour Enzo, « ça fait 15 ans qu’on dit aux gens qu’il faut mettre des capotes, et ça ne marche pas ».

Responsable du développement numérique

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