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16H19 - lundi 16 septembre 2019

Attaque contre l’Arabie saoudite, rencontre Juncker-Johnson, résultats en Tunisie, défilé des avocats, l’actualité du 16 septembre en 4 photos

 

Attaque contre l’Arabie saoudite : le pétrole s’affole, les tensions diplomatiques montent

COMBO montrant le président américain Donald Trump le 18 juillet 2018 à Washington et le président iranien Hassa Rouhani à Téhéran le 2 mai 2018 – AFP/Archives / Nicholas Kamm, HO

 

Le cours du pétrole s’est envolé lundi après l’attaque contre des installations pétrolières saoudiennes, qui a réduit brutalement l’approvisionnement du monde en or noir, et réveillé la crainte d’une escalade militaire entre Etats-Unis et Iran. La Chine comme l’Union européenne ont appelé à la « retenue » lundi, après que Washington a accusé Téhéran d’être à l’origine de cette attaque, revendiquée par des rebelles yéménites. La Russie a de son côté demandé à la communauté internationale de « ne pas tirer de conclusions hâtives ».

Le marché de son côté encaissait « la plus grande perturbation ponctuelle de l’offre de pétrole de toute l’histoire », affirme Ipek Ozkardeskaya, analyste pour London Capital Group.

Vers 11H30 GMT, le pétrole bondissait de 10% à 66,24 dollars à Londres, où est coté le baril de Brent de la mer du Nord, et de 8,50% à 59,51 dollars à New York pour le « light sweet crude », référence américaine du brut.

A l’ouverture, les cours avaient bondi de 20% à Londres, le plus fort mouvement en cours de séance depuis 1991 et la guerre du Golfe. « L’attaque a annulé environ la moitié de la production saoudienne, soit quelque 5% de la production mondiale », remarque Craig Erlam, de la maison de courtage Oanda.

Les explosions de samedi ont déclenché des incendies dans l’usine d’Abqaiq, la plus grande pour le traitement de pétrole au monde, et sur le champ pétrolier de Khurais. Les autorités saoudiennes ont rapidement dit qu’il n’y avait pas eu de victimes. Mais le flou persiste sur la capacité du premier exportateur de brut du monde à rétablir le fonctionnement normal de Saudi Aramco, son empire pétrolier qu’il espère introduire bientôt en Bourse.

Selon des experts, Ryad devrait pouvoir rétablir lundi un tiers de sa production. Le royaume a aussi déjà promis de mobiliser ses vastes réserves pour amortir le choc, et le président américain Donald Trump s’est dit prêt à faire de même aux Etats-Unis, pour amortir le choc pétrolier.

Il y a « plein de pétrole ! », a-t-il twitté.

« Pour le moment, les marchés sont bien approvisionnés avec de nombreuses réserves commerciales », a confirmé lundi matin l’Agence internationale de l’énergie (AIE).

L’Opep, cartel mondial d’exportateurs d’or noir dominé par l’Arabie Saoudite, restait pour sa part muette lundi matin. Le Wall Street Journal croit savoir que l’organisation n’a pas l’intention dans l’immédiat de pomper davantage pour compenser la perte de production saoudienne, pas plus que la Russie, autre grande puissance des hydrocarbures.

Si le monde n’apparaît pas menacé dans l’immédiat d’une pénurie d’or noir, les marchés manifestent aussi lundi par leur coup de sang la crainte d’une escalade militaire entre Washington et Téhéran. Les Etats-Unis se sont dits « prêts à riposter » aux attaques de drones, après que le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a accusé samedi l’Iran d’être à l’origine de l’attaque. Les rebelles yéménites Houthis, soutenus par l’Iran et qui font face depuis cinq ans à une coalition militaire menée par Ryad, ont revendiqué ces attaques contre les installations du géant public Aramco. Il n’y a aucune preuve que cette « attaque sans précédent contre l’approvisionnement énergétique mondial » soit venue du Yémen, avait commenté samedi Mike Pompeo.

Téhéran a jugé ces accusations « insensées » et « incompréhensibles », par la voix du porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Abbas Moussavi, qui a laissé entendre qu’elles avaient pour but de justifier « des actions futures » contre l’Iran.

La Chine a appelé les Etats-Unis et l’Iran à la « retenue » et à éviter toute « escalade des tensions dans la région ». « En l’absence d’une enquête incontestable qui permette de tirer des conclusions, il n’est peut-être pas responsable d’imaginer qui doit être tenu pour responsable » de cet incident, a déclaré Hua Chunying, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, dont le pays est le grand rival régional de l’Iran, a assuré que Ryad était « disposé et capable » de réagir à cette « agression terroriste ».

Mais James Dorsey, expert du Moyen-Orient à la S. Rajaratnam School of International Studies à Singapour, a estimé des représailles directes peu probables: « Les Saoudiens ne veulent pas d’un conflit ouvert avec l’Iran (…) Ils aimeraient que d’autres se battent pour eux, mais les autres sont réticents ».

Ce regain de tension entre Américains et Iraniens intervient après des mois de tension diplomatique entre les deux pays. Avant d’accuser Téhéran d’être à l’origine des attaques de drones contre les installations pétrolières saoudiennes, Washington avait déjà rendu l’Iran responsable en mai et juin d’attaques et d’actes de sabotage contre des pétroliers dans le golfe.

 


 

Brexit : l’UE reste sur sa faim après la rencontre Juncker-Johnson


Le Premier ministre britannique Boris Johnson et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker le 16 septembre 2019 à Luxembourg – AFP / François WALSCHAERTS

 

L’UE est restée sur sa faim après un déjeuner entre le Premier ministre britannique Boris Johnson et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker lundi à Luxembourg, estimant que Londres n’a toujours pas présenté de solution satisfaisante au problème sensible de la frontière irlandaise, et ce à six semaines du divorce.

Boris Johnson s’était dit « prudent, juste prudent » à son arrivée. « Prudemment optimiste », lui avait fait écho Jean-Claude Juncker.

La rencontre entre les deux dirigeants, la première depuis l’arrivée de Boris Johnson à son poste, a servi à « faire le point », ont constaté chacun de leur côté l’exécutif européen et Downing Street.

« Le président Juncker a rappelé qu’il était de la responsabilité du Royaume-Uni d’apporter des solutions juridiquement opérationnelles qui soient compatibles avec l’accord de retrait », a rapporté la Commission dans un communiqué. « De telles propositions n’ont pas encore été faites ».

Côté britannique, le rendez-vous a été qualifié de « constructif ».

« Les dirigeants ont convenu qu’il est nécessaire d’intensifier les discussions », a indiqué Londres, précisant que des réunions étaient désormais prévues « sur une base quotidienne », et pas seulement à un niveau technique mais entre le négociateur en chef de l’UE Michel Barnier et le ministre du Brexit Stephen Barclay. Les deux hommes étaient présents à Luxembourg lundi.

Boris Johnson doit aussi rencontrer lundi le Premier ministre du Luxembourg, Xavier Bettel. Cet entretien sera suivi d’une conférence de presse.

La question irlandaise reste au cœur des négociations. L’UE exige que Londres présente des solutions alternatives au « backstop », la clause de sauvegarde inclue dans l’accord de retrait refusé trois fois par le parlement britannique. Elle doit permettre d’éviter le retour d’une frontière physique dans l’île d’Irlande en gardant le Royaume-Uni dans un « territoire douanier unique » à défaut d’autre solution.

En prélude à cette rencontre, Boris Johnson avait publié dimanche une tribune dans le Daily Telegraph : « si nous pouvons faire suffisamment de progrès dans les prochains jours, j’ai l’intention de me rendre au sommet crucial du 17 octobre et de finaliser un accord qui protégera les intérêts des entreprises et des citoyens des deux côtés de la Manche, et des deux côtés de la frontière en Irlande ».

 


 

Tunisie : Kais Saied en tête, selon des résultats portant sur 27% des votes

Le candidat indépendant à la présidentielle Kais Saied pose devant le drapeau tunisien, le 15 septembre 2019 à Tunis – AFP / MOHAMED KHALIL

 

L’universitaire sans parti politique Kais Saied arrive en tête du premier tour de la présidentielle tunisienne avec 19% des voix, selon des résultats officiels préliminaires portant sur plus d’un quart des suffrages, a annoncé lundi l’Instance des élections (Isie).

Selon ces résultats, M. Saied devance l’homme d’affaires en prison Nabil Karoui (14,9% des voix selon ce décompte partiel), au coude à coude avec le candidat du parti d’inspiration islamiste Ennahdha, Abdelfattah Mourou (13,1% des voix).

Ces résultats vont dans le même sens que les chiffres avancés dimanche soir par deux instituts de sondage privés tunisiens, qui plaçaient M. Saied en tête devant M. Karoui. Toutefois, ces sondages mettaient M. Mourou en troisième position avec un plus grand écart.

Sept millions d’électeurs étaient appelés dimanche à départager 26 candidats pour le premier tour de ce scrutin, qui s’est déroulé sur fond de grave crise économique et sociale, et dans un contexte de rejet des élites politiques traditionnelles.

La participation a été de 45,02% selon des chiffres encore provisoires de l’Isie, un taux faible en regard des 64% enregistrés lors du premier tour de la présidentielle de 2014.

MM. Saied et Karoui, qui ont revendiqué leur qualification dès dimanche soir, ont tous deux fait campagne sur le sentiment de rejet des élites politiques.

Fin connaisseur de la Constitution, Kais Saied s’est fait connaître comme commentateur politique et cultive une image de « M. Propre » incorruptible et au-dessus de la mêlée.

M. Karoui, pourtant issu de l’establishment tunisien, a vu son image d’anti-système renforcée après son incarcération, fin août, dans le cadre d’une enquête pour blanchiment et fraude fiscale. Il a bâti sa popularité ces dernières années en organisant des opérations caritatives dans les régions défavorisées du pays, et a derrière lui la puissance d’une chaîne privée, Nessma, dont il est le fondateur.

 


 

Retraites: les avocats défilent en masse à Paris pour conserver leur régime

Les avocats manifestent contre la réforme des retraites à Paris le 16 septembre 2019 – AFP / Philippe LOPEZ

 

Opposés au futur « système universel » de retraites voulu par le gouvernement, les avocats défilaient en masse lundi dans la capitale, accompagnés de professionnels du soin (médecins, infirmiers, etc.) et du transport aérien (pilotes, hôtesses, stewards), soucieux comme eux de conserver leurs « régimes autonomes ».

Après un vendredi noir dans les transports parisiens, plusieurs milliers de robes noires et quelques blouses blanches ont commencé à défiler peu après 14h00 en direction de Nation, à l’appel du Conseil national des barreaux (CNB), rejoint par d’autres organisations professionnelles au sein du collectif SOS Retraites.

Au son des sifflets et des sirènes, les manifestants brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « une retraite, pas la traite » ou encore « retraite plus chère, justice précaire ».

« Robes noires, blouses blanches, uniformes vous êtes tous là, vous êtes des milliers, bravo ! », s’est félicitée la présidente du CNB, Christiane Feral-Schuhl, ajoutant: « nous n’avons jamais été aussi nombreux ».

« Nous représentons 700.000 professionnels qui soignent, qui défendent, qui transportent et qui veulent vivre de leur métier, et vivre de leur retraite. Nous disons non à la nationalisation de nos régimes autonomes, non au régime universel », a-t-elle résumé.

« Nous ne sommes pas des régimes spéciaux, nos caisses sont bénéficiaires et nous entendons les garder », a de son côté clamé le Dr Jérôme Marty, président de l’Union française pour une médecine libre (UFML), différenciant les caisses de retraites des indépendants de celles de la SNCF, de la RATP et des industries électriques et gazières, déficitaires et renflouées chaque année par l’Etat.

« On sera dehors pendant un an s’il le faut », a prévenu Ghislaine Sicre, la présidente de Convergence infirmière.

« Tenez bon, continuez cette mobilisation jusqu’au bout ! », a lancé à la foule le député LFI Ugo Bernalicis.

Dans leur ligne de mire, le futur « système universel » préconisé par le haut-commissaire aux retraites Jean-Paul Delevoye, qui se traduira par une forte hausse des cotisations des indépendants et, avec la disparition de leurs caisses, un « transfert » de leurs réserves financières.

Les sommes en jeu vont de 2 milliards d’euros pour les avocats, dont le CNB dénonce la « spoliation » à 7 milliards pour les médecins, dont le syndicat FMF s’oppose au « hold-up ».

Cette manifestation est doublée d’une grève des audiences qui s’annonce très suivie, avec la quasi-totalité des 164 barreaux français « mobilisés », selon la Conférence des bâtonniers.

Partout ou presque, les avocats ont décidé de ne plaider aucune affaire et de demander le renvoi des procès, comme à Rennes, d’où près de 80 avocats sont venus manifester à Paris pour cette journée « justice morte », comme autant de leurs confrères strasbourgeois, selon leurs ordres respectifs.

Pas non plus de commis d’office, de consultations gratuites ni de permanences pénales. Seule exception, le contentieux de la liberté (garde à vue, détention provisoire…) reste assuré.

Pour contenir la fronde, le Premier ministre Édouard Philippe a chargé M. Delevoye de rencontrer « d’ici le 15 octobre » les représentants des 42 régimes amenés à s’éteindre, pour « dresser un état des lieux » et « fixer un calendrier de travail ».

« Il y a des solutions pour chacune des professions », avec « des durées de transition adaptées à chacun des cas », assure le haut-commissaire.

M. Delevoye et la garde des Sceaux Nicole Belloubet recevront ainsi mardi matin les responsables du CNB, de la CNBF et de la Conférence des bâtonniers.

Dans le même temps, la concertation avec les organisations syndicales et patronales, débutée il y a près de 2 ans, va reprendre « jusqu’au mois de décembre » pour tenter de trouver enfin un accord sur l’âge de départ ou la durée de cotisation.

Des « consultations citoyennes » s’étaleront en parallèle de fin septembre à « la fin de l’année », le projet de loi devant être adopté « d’ici l’été prochain », d’après M. Philippe.

En attendant, le dialogue passera aussi par la rue: Force ouvrière et la CGT manifesteront respectivement samedi 21 et mardi 24 septembre.

 

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