Dilma Rousseff, l’ancienne présidente du Brésil destituée en 2016, est en tournée dans la capitale française. Son message est clair : « Il faut libérer Lula ».
Durant cinq jours, Dilma Rousseff, présidente du Brésil de 2011 à 2016, a enchaîné les conférences et les interviews à Paris. Entre la Fête de l’Humanité où elle s’est exprimée en français, et Sciences Po, sans oublier la Sorbonne ainsi que l’Institut de relations internationales et stratégiques, l’ancienne présidente brésilienne est venue à Paris avec un message : « Liberté pour Lula ».
« Ils ont chassé du pouvoir le parti des travailleurs » ou « La justice a ordonné l’incarcération d’un innocent… Lula » ! Tel est le message martelé à plusieurs reprises, désignant clairement, mais sans les nommer, le gouvernement de Jair Bolsonaro.
Dilma Rousseff a rappelé l’affaire du Lava Jato (également appelé « scandale de Petrobras ») qui a conduit à l’incarcération de l’ancien président du parti des travailleurs Lula Da Silva. Pour rappel, l’enquête a été lancée en 2014 par le juge Sergio Moro, actuel ministre de la justice. Plusieurs personnalités dont Lula Da Silva et Dilma Rousseff sont accusées de corruption et blanchiment d’argent.
Dilma Roussef parviendra-t-elle à recueillir d’autres soutiens pour Lula que ceux, déjà connus, de Jean-Luc Melenchon (qu’elle a rencontré mardi 17 et qui n’a pas hésité devant elle à comparer Emmanuel Macron à Jair Bolsonaro) et des partis de gauche ? Les députés socialistes, par la voix de Boris Vallaud, se sont engagés à déposer une proposition de résolution invitant la France à demander la libération immédiate de Lula.
Dilma l’Amazonienne…
Cette visite est aussi l’occasion pour l’ancienne cheffe d’Etat de parler des problèmes du Brésil et des crises en Amérique Latine. Dilma Rousseff est notamment revenue sur la crise diplomatique entre la France et le Brésil à propos de l’Amazonie. « Jair Bolsonaro a insulté Brigitte Macron et Michelle Bachelet. Ce président défend une position misogyne et néofasciste », a-t-elle déclaré.
Ce n’est pas une surprise, la première femme présidente du Brésil s’est montrée très critique envers la politique de Jair Bolsonaro, l’actuel président. Dans des prises de parole très politiques, l’ancienne présidente du Brésil a évoqué un danger majeur pour la démocratie et les peuples autochtones. Pour rappel, ces derniers sont menacés par la déforestation et l’activité des industries.
« Notre pays n’a plus la même liberté », a-t-elle affirmé avant de dire quelques mots sur l’Amazonie. « Nous devons préserver notre forêt amazonienne et ses richesses (…) L’Amazonie n’est pas seulement au Brésil mais elle est partagée avec différents pays », a-t-elle expliqué. A quelques mois de la COP25 au Chili, Dilma Rousseff a tenu à répéter son soutien aux Accords de Paris sur le climat.
Enfin, en évoquant les crises en Amérique Latine, Dilma Rousseff est aussi revenue sur l’Argentine qui connaît une terrible crise économique depuis 2016. Pour autant, elle ne s’est pas attardée sur le Venezuela, esquivant la question sur son éventuel soutien à la politique de Nicolas Maduro. Cependant, dans divers entretiens accordés à la presse, Dilma Rousseff a apporté son soutien au Venezuela et au respect de sa souveraineté.
En venant en France, Dilma Rousseff a donné l’impression que l’incendie ne ravage pas que l’Amazonie mais que les démocraties du continent sont elles aussi menacées par des flambées de populisme.
Guillaume Asskari
Chroniqueur Amérique Latine