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16H35 - jeudi 26 septembre 2019

Jacques Chirac est mort, projet de loi Energie et Climat adopté, incendie à haut risque à Rouen, acquitté après 18 ans de prison au Pakistan, l’actualité du 26 septembre en 4 photos

 

Jacques Chirac est mort

Le président Jacques Chirac le 22 février 2005 – AFP/Archives / PATRICK KOVARIK

 

Grand fauve de la politique française, l’ancien président Jacques Chirac s’est éteint jeudi matin à l’âge de 86 ans, « paisiblement » et « au milieu des siens, a annoncé à l’AFP son gendre Frédéric Salat-Baroux.

Devant le dernier domicile parisien de Jacques Chirac, au 4 rue de Tournon près du Sénat, un camion de CRS est arrivé vers 12H20 tandis que la rue était en train d’être bloquée des deux côtés par des effectifs de police. Les journalistes commençaient à arriver.

Une minute de silence a été aussitôt observée à l’Assemblée nationale, ainsi qu’au Sénat, où le décès a été annoncé en séance. L’industriel François Pinault, ami intime du couple Chirac, a fait part dans un communiqué de son » infinie tristesse ». Le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, a réagi en indiquant que « Jacques Chirac fait désormais partie de l’Histoire de France ». « Une France à son image: fougueuse, complexe, parfois traversée de contradictions, toujours animée d’une inlassable passion républicaine », a-t-il ajouté, en estimant que la France avait « perdu en lui un héros d’Alexandre Dumas: charmeur, batailleur et beaucoup plus profond qu’il ne voulait paraître. »

L’ex-chef de l’Etat était l’un des grands fauves de la droite française dont la longévité, entre succès brillants et échecs cuisants, a démontré une exceptionnelle capacité de rebond.

Celui qui n’apparaissait plus en public depuis plusieurs années fut président de la République pendant douze ans (1995-2007), deux fois Premier ministre, trois fois maire de Paris, créateur et chef de parti et ministre à répétition.

Ses mandats élyséens resteront marqués par son « non » à la deuxième guerre d’Irak, la fin de la conscription militaire, la reconnaissance de la responsabilité de l’Etat français dans les crimes nazis, le passage au quinquennat, le cri d’alarme (« notre maison brûle ») face à la dégradation de l’environnement, une première victoire importante sur l’absurde mortalité routière.

Jacques Chirac était parvenu à conquérir l’Elysée – rêve d’une vie pour ce fils unique – en 1995 après deux défaites (1981 et 1988).

En 2007, affaibli par un accident vasculaire cérébral qui l’a frappé deux ans plus tôt, il doit voir triompher Nicolas Sarkozy pour lequel il est loin de manifester la ferveur indéfectible de son épouse Bernadette.

« Perte de mémoire », « absences », surdité: Jacques Chirac apparaîtra ensuite de plus en plus rarement en public.

Sa dernière sortie publique remonte à novembre 2014, au Musée du Quai-Branly consacré aux arts premiers, et qui porte depuis son nom. L’ancien président, affaibli mais souriant, était aux côtés de l’un de ses successeurs, François Hollande. Ironie de l’histoire, l’ancien chef du RPR avait indiqué trois ans plus tôt qu’il allait voter pour le socialiste à la présidentielle, contre le sortant Sarkozy.

Particulièrement populaire depuis qu’il avait quitté le pouvoir, Jacques Chirac avait pourtant essuyé de cuisants échecs. En 1988, sèchement battu par François Mitterrand, son épouse Bernadette s’était désespérée que « les Français n’aiment pas (son) mari ». Douze ans plus tard, la dissolution qui devait conforter sa majorité à l’Assemblée a provoqué une humiliante déroute de la droite.

C’est enfin sur le terrain judiciaire que l’animal politique s’était abîmé : protégé par l’immunité attaché au mandat présidentiel, il avait été rattrapé par les juges après son retrait de la politique. En 2011, il devint le premier ancien chef de l’Etat condamné au pénal, à deux ans d’emprisonnement avec sursis, pour une affaire d’emplois fictifs à la Mairie de Paris.

Après avoir quitté les ors de l’Elysée, Jacques Chirac vivait à Paris, avec son épouse Bernadette, dans un appartement des bords de Seine, prêté par la famille de l’ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri, l’une des amitiés tissées au fil des ans. Il se rendait régulièrement en vacances au Maroc.

Il avait eu deux filles, Laurence, anorexique depuis sa jeunesse décédée en avril 2016, et Claude, qui fut sa conseillère en communication.

 


 

Le Parlement adopte définitivement le projet de loi Energie et Climat, qui décrète « l’urgence climatique »

Le Sénat français le 17 novembre 2016 à Paris – AFP/Archives / LIONEL BONAVENTURE

 

« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs »: le jour de la mort de Jacques Chirac, annoncé en pleine séance au Sénat, le Parlement a définitivement adopté jeudi le projet de loi Energie et Climat qui prévoit d’atteindre la « neutralité carbone » en France à l’horizon 2050. C’est le sénateur LR Jean-François Husson qui a prononcé ces célèbres mots de l’ex-chef de l’Etat pour lui rendre hommage, le jour de l’adoption d’un texte qui laisse un sentiment d’inachevé à gauche et chez les ONG, au lendemain d’un nouveau rapport alarmant sur le réchauffement.

Objet d’un accord entre députés et sénateurs fin juillet, le texte, qui décrète « l’urgence écologique et climatique », avait obtenu le 11 septembre le dernier aval de l’Assemblée nationale. Il a été approuvé jeudi par les sénateurs LR, centristes, Indépendants et LREM. PS et CRCE à majorité communiste ont voté contre, tandis que le RDSE à majorité radicale s’est partagé entre vote pour et abstention. Son adoption définitive intervient dans une semaine marquée par le discours accusateur de l’adolescente suédoise Greta Thunberg lundi au sommet de l’Onu à New York, et la publication mercredi d’un rapport du Giec sur les conséquences dévastatrices du réchauffement climatique pour les océans.

Présenté par la ministre Elisabeth Borne comme un « nouveau pilier » de la transition écologique, le projet de loi actualise les objectifs de la politique énergétique de la France, notamment en prévoyant d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050, une baisse de 40% de la consommation d’énergies fossiles d’ici à 2030, contre 30% précédemment, et la fermeture des dernières centrales à charbon en 2022. Il décale de 2025 à 2035 la réduction à 50% de la part du nucléaire dans la production électrique. Il pérennise aussi le Haut conseil pour le climat et prévoit un dispositif progressif de rénovation énergétique des logements « passoires thermiques », sujet qui a enflammé les débats dans les deux chambres.

Mais pour Greenpeace France, « cette loi aggrave le risque nucléaire et signe l’incapacité du gouvernement et de sa majorité à prendre les mesures immédiates nécessaires pour rester sous la barre des 1,5°C de réchauffement climatique » par rapport aux niveaux préindustriels.

La commission des Affaires économiques du Sénat s’est pour sa part félicitée d’avoir « renforcé les objectifs de la loi en faveur des énergies renouvelables et notamment en matière d’éoliennes en mer, d’hydroélectricité, d’hydrogène et de biomasse ».

Sur le sujet des logements énergivores, qui concernent quelque sept millions de ménages, le texte est revenu à la version de l’Assemblée.

La rénovation de ces logements ne parvient pas à décoller en France alors que le bâtiment représente 45% des consommations d’énergie et 25% des émissions de gaz à effet de serre.

Le programme du candidat Macron prévoyait qu’ils soient « interdit(s) de location à compter de 2025 ».

Au lieu de privilégier des mesures coercitives d’emblée, gouvernement et majorité ont préféré un dispositif « progressif » en trois temps – « incitation, obligation et en dernier recours sanctions ». « Nous avons un objectif: la fin des passoires thermiques en 2028 », a affirmé Mme Borne.

Mardi le gouvernement a indiqué qu’à partir de 2020 les travaux de rénovation énergétique des logements pourront être soutenus par une prime d’Etat, et non plus un crédit d’impôt.

Huit cents millions d’euros de crédits budgétaires sont prévus en 2020 pour ce nouveau dispositif, dont seront cependant exclus les 20% de ménages les plus aisés. « Le point faible du texte, c’est très clairement la rénovation thermique », avait affirmé le sénateur écologiste Ronan Dantec lors de la réunion de la commission mixte paritaire. « Je serai particulièrement exigeant pour que le gouvernement apporte des réponses à la hauteur lors de la loi de Finances », a mis en garde le rapporteur pour le Sénat Daniel Gremillet (LR).

Fabien Gay (CRCE à majorité communiste) a fustigé « un projet de loi à obsolescence programmée », face aux alertes climatiques qui se multiplient. « Ce qui se joue désormais au niveau de planétaire, c’est la survie de l’humanité », a appuyé le socialiste Roland Courteau, regrettant que l’urgence climatique doive « attendre d’hypothétiques financements ».

 


 

Incendie maitrisé dans une usine à haut risque à Rouen, crainte de pollution de la Seine

L’usine Lubrizol est située près de la Seine, le 26 septembre 2019 à Bonsecours, aux abords de Rouen – AFP / Philippe LOPEZ

 

Le spectaculaire incendie dans l’usine Lubrizol de Rouen classée Seveso, qui n’a pas fait de victime, était maitrisé jeudi à la mi-journée mais plusieurs jours seront probablement nécessaires pour en venir à bout, avec une crainte de pollution de la Seine.

Selon le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, l’incendie est « cantonné » et « ne devrait pas se développer de nouveau ». « Le combat que (les pompiers) devront mener pour maîtriser totalement la situation sur ce site durera plusieurs jours, peut-être, même plusieurs semaines », a dit M. Castaner qui s’est rendu à proximité des lieux de l’accident.

En revanche, grâce à « la manoeuvre qui a consisté à déplacer les produits les plus dangereux », le risque de « sur-accident » est écarté alors que d’autres usines se trouvent dans cette zone industrielle située à trois km du centre-ville.

Au total, 200 sapeurs-pompiers, 200 engins venus de six départements ont pris part aux opérations.

L’usine Lubrizol, classée seuil haut Seveso, où travaillent environ 400 employés, fabrique et commercialise des additifs qui servent à enrichir les huiles, les carburants ou les peintures industriels. Le panache de fumée, de 22 km de long et six de large, « porte en soi un certain nombre de produits qui peuvent être dangereux pour la santé », a ajouté le ministre, qui a toutefois précisé qu’il n’y avait pas de « dangerosité particulière » selon les premières analyses.

Le préfet de Normandie Pierre-André Durand a évoqué un « risque de pollution » de la Seine « par débordement des bassins de rétention ». M. Castaner a annoncé la mise en place du plan Polmar pour contrer les risques de pollution du fleuve. Sur twitter, le ministère de l’Intérieur, « par mesure de précaution », conseille « d’éviter les déplacements non indispensables dans l’agglomération de Rouen ».

Une enquête pour déterminer les causes de l’accident a été ouverte par le parquet de Rouen, a-t-on appris auprès du procureur de la République Pascal Prache.

« Le nuage de fumée est impressionnant », a raconté à l’AFP Olivier, responsable de la brasserie Les Maraichers, dans le centre de Rouen, ajoutant que « la place était vide ». Il a expliqué avoir été « réveillé en pleine nuit » par le bruit de l’explosion.

De nombreux restaurants et commerces de Rouen étaient fermés jeudi, a constaté une journaliste de l’AFP.

A Préaux, au nord de Rouen, « il y avait chez moi des suies sur les allées, les dallages et les voitures », a relaté Jean-Claude Bleuzen, adjoint au maire. Louise, une commerçante de la commune, a décrit « des voitures marbrées de noir » et « une odeur de carburant ».

 


 

Pakistan : un condamné à mort pour blasphème acquitté après 18 ans de prison

Une quarantaine de personnes condamnées pour blasphème se trouvent actuellement dans le couloir de la mort au Pakistan – AFP/Archives / FAROOQ NAEEM

 

Un homme condamné à mort en 2002 pour blasphème et qui a passé plus de 18 ans en prison a été acquitté mercredi par la Cour suprême du Pakistan, a annoncé jeudi son avocat à l’AFP.

Wajih-ul-Hassan, de confession musulmane, devrait être libéré dans les prochains jours, a déclaré Me Nadeem Anthony, son défenseur.

Après le rendu de la décision par la plus haute juridiction pakistanaise, « tout le monde pleurait de bonheur. C’est un si long voyage », a-t-il raconté, se refusant toutefois à toute critique du système judiciaire pakistanais.

Peu avant l’acquittement, des « messages de menaces » sont parvenus via la messagerie WhatsApp à la famille de son client, qui est « inquiète », a indiqué Me Anthony.

Le blasphème est une question brûlante au Pakistan, où même des allégations non prouvées d’insulte à l’islam peuvent entraîner assassinats et lynchages.

Une quarantaine de personnes condamnées pour blasphème se trouvent actuellement dans le couloir de la mort au Pakistan, selon une estimation de la Commission internationale pour la liberté religieuse des Etats-Unis datant de 2018.

« Les lois pakistanaises sur le blasphème sont trop larges, vagues et coercitives. Elles ont été utilisés pour cibler les minorités religieuses (et) poursuivre des vendettas personnelles », rappelait mercredi Amnesty international dans un communiqué.

L’ONG dénonçait également « une parodie » de justice après qu’un professeur d’université, Junaid Hafeez, accusé de blasphème, a passé plus de cinq ans à l’isolement cellulaire. L’instruction de son procès a en outre subi de « sérieux retards », huit juges s’étant succédé dans cette affaire sans trancher sur son sort, selon Amnesty.

En mai 2014, trois hommes armés avaient assassiné l’avocat de M. Hafeez, que les avocats de la partie civile avaient menacé de mort durant une audience.

L’acquittement fin octobre dernier de la chrétienne Asia Bibi, une mère de famille qui avait passé plus de huit ans dans les couloirs de la mort pour blasphème, ce qu’elle a toujours nié, avait provoqué des manifestations violentes dans tout le Pakistan.

Asia Bibi vit désormais au Canada avec sa famille.

La plupart des affaires de blasphème concernent des musulmans au Pakistan, selon des experts du dossier.

 

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