Les haïkaï (haïku au singulier) expriment l’excellence de la poésie japonaise. En 17 mores (son élémentaire phonétique), en un verset composé strictement en trois segments 5-7-5, calligraphié sur trois lignes en français (une ligne verticale en japonais), chaque haïku tente d’exprimer la quintessence de l’être, d’un état, parfois d’une actualité. Les haïkaï rythment généralement les saisons. Le poète Olivier Peraldi nous donnera à lire chaque dimanche matin un haïku de sa création à la une d’Opinion Internationale. Du pur bonheur ! Olivier Peraldi a publié, entre autres, l’ouvrage Ombres & Couleurs ou le voyage du Corbeau d’Arcimboldo au Mont Fuji aux Editions Caractères. Sa dernière publication : L’An Jeune, une œuvre à laquelle sont associés le musicien Filbö et le plasticien Richard Ferri-Pisani, qui entremêle poésie, musique et art graphique. Grâce à ces haïkaï, Opinion Internationale porte bien son nom dans cette nouvelle rubrique qui rapproche Japon et francophonie. Précédents haïkaï : Précédentes saisons : souple bananier la palme frôlant le vent l’être aimé sommeille jarre dans l’entrée aux lents poissons désœuvrés l’eau fraîche d’été le pas incertain quittant l’allée des pivoines soudain la chaleur en ce soleil du six août deux mille dix-neuf je recherche l’ombre recompter encore les six cent quarante-quatre grues de Sadako sixième nuage à se grimer en serpent je marque une halte le vent bleu d’été tu le crois dans ma chambre mouche vrombissante parapluie volé en sortant du konbini chaude pluie d’été le long des glycines aucune grappe ne bouge malgré l’éventail un pylône chante les étourneaux se rassemblent à l’heure de pointe au sommet du pin la cigale voit le ciel nuit silencieuse parapluies en fuite les embruns cinglant la grève inondent le front réveil en sursaut le premier chant du printemps arrivé si tôt ombres glissantes sous la porte encore fermée le chat s’éveille ô rayon naissant même la poussière singe la joie de vivre le maître de chant espère encore quelque accord généreux prunier formidables tours nuageux torticolis surtout vues d’en bas la main incertaine trois sakura[1] sur le cœur l’amour peut-être le jour s’étire au bain de fleurs de prunier l’être aimé languit ils vont deux à deux lune et douxreflet de lune pluvieuse veillée assis au jardin ils ne virent rien du deuil le village clos là-bas le jardin l’escargot sur la vitre sa peine éperdue l’ombre du prunier m’accueille moi l’étranger c’était donc si simple soleil déclinant l’autoroute est encombrée tu ne viendras pas [1]Fleur du cerisier.Automne 2/12
bien sûr la leçon
et ce chiot dans la cour
que le maître ignore
Automne 1/12
l’encre se répand
mon carnet tombé dans l’eau
vers quel océan
été
Printemps
Haïku d’automne par Olivier Peraldi
Poête