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18H45 - dimanche 6 octobre 2019

17 heures d’occupation pour le climat, Trump accusé par un deuxième lanceur d’alerte, nouvelles violences à Hong Kong, le pape, l’actualité du week-end en 4 photos

 

Climat : 17 heures d’occupation à Paris en coup d’envoi des actions d’Extinction Rebellion

Des manifestants d’Exctinction Rebellion à l’intérieur du centre commercial Italie 2 dans la soirée du 5 octobre 2019 – AFP / Lucas BARIOULET

 

Une journée et une nuit entrecoupées par un face-à-face tendu avec les forces de l’ordre : des centaines de militants écologistes ont occupé 17 heures un centre commercial parisien pour lancer la semaine d’action du mouvement Extinction Rebellion (XR). Samedi vers 10H00, des centaines de manifestants, membres notamment de XR, avaient investi les lieux dans le calme, choisissant Italie 2, avec ses 130 boutiques et restaurants au sud-est de Paris, comme un « symbole du capitalisme ». A la fermeture samedi soir du complexe dont seule une partie a été occupée, les autorités les avaient sommés de partir, mais les militants étaient bien décidés à y passer la nuit. Selon des images diffusées alors en direct sur les réseaux sociaux, les forces de l’ordre, utilisant notamment des gaz lacrymogènes, ont tenté d’entrer dans le bâtiment dont certaines entrées étaient barricadées ou canedassées. Certains militants se sont assis en tenant des parapluies ouverts au-dessus de leur tête, comme les manifestants pro-démocratie à Hong Kong.

« On a résisté. On a créé une chaîne humaine, on était tous attachés et assis, et non violents, et les forces de l’ordre nous ont gazé », a raconté à l’AFP Benjamin, militant de 20 ans. L’intervention a ensuite été interrompue, et les gendarmes mobiles sont retournés se poster aux alentours, avant que la grande majorité d’entre eux ne quittent les lieux. « C’est assez incroyable. Donc on reste », s’est étonné un autre participant. Après une première assemblée générale en début de nuit décidant de rester, les militants ont finalement levé le camp vers 4H.

Au petit matin, des piles de chaises et de palettes s’entassaient encore derrière les portes vitrées du bâtiment vide. La grande verrière était toujours habillée d’une des banderoles géantes hissées la veille par des varapeurs, avec ces mots « La nature n’est pas à vendre. Écologie sociale et populaire ».

Si aux premières heures de l’occupation, les débats autour de certains slogans comme « mort au capital » étaient vifs entre les militants d’un mouvement qui prône la non violence, à la fin le centre commercial portait les traces de tags clairement hostiles à la police.

En arrivant, les militants d’Extinction Rebellion ont expliqué vouloir occuper un « symbole du capitalisme », en prélude à une semaine d’actions internationales de ce jeune mouvement de désobéissance civile qui veut forcer les gouvernements à déclarer l’urgence climatique.

« Travaille, consomme et ferme ta gueule », « A-ha anticapitaliste », pouvait-on entendre notamment parmi les slogans des manifestants, au son des tambours, ou encore: « Et un et deux et trois degrés, c’est un crime contre l’humanité ». « Je suis avec XR pour dire stop à ce système fou avant qu’il ait tout détruit », a déclaré à l’AFP une jeune fille d’une vingtaine d’années, qui se présente comme Lucie.

Différents collectifs s’étaient joints à l’action, comme Youth for climate, Cerveau non disponible, Radiaction, Comité autonomie queer et des « gilets jaunes », selon une représentante de XR qui ne veut pas être identifiée. « Ce blocage se fait en convergence avec d’autres associations et mouvements, dans ce lieu emblématique de la consommation qui détruit le vivant », a expliqué XR dans un communiqué, revendiquant « environ 1.000 personnes » sur place samedi.

Extinction Rebellion, mouvement créé il y a à peine un an, organise à partir de lundi des actions dans 60 villes dans le monde qui devraient rassembler des milliers de personnes, et notamment des actions de blocage à Londres, prévues pour durer plus de deux semaines.

A Paris, des opérations sont prévues presque tous les jours jusqu’au 12 octobre sur les thèmes de l’océan, des déchets plastiques, ou encore des migrations forcées liées au changement climatique.

Si les détails sont tenus secrets, les militants prévoient d’autres occupations et des blocages de la circulation. En juin, alors qu’ils occupaient le pont de Sully à Paris, des membres de XR avaient été délogés par les forces de l’ordre avec notamment l’utilisation à bout portant de gaz lacrymogènes. Les images, abondamment partagées et critiquées sur les réseaux sociaux, avaient conduit à l’ouverture d’une enquête.

 


 

Nouveau coup dur pour Trump, un deuxième lanceur d’alerte sort du bois

Donald Trump à la Maison Blanche le 4 octobre 2019 – AFP / ANDREW CABALLERO-REYNOLDS

 

Un deuxième lanceur d’alerte est sorti du silence pour livrer des informations sur l’affaire ukrainienne à l’origine d’une procédure de destitution contre Donald Trump, aggravant encore la crise sans précédent que traverse le président américain. « Je peux confirmer les informations concernant un second lanceur d’alerte défendu par notre équipe juridique », a déclaré dimanche sur Twitter l’avocat Mark Zaid. Cet agent des services de renseignement reste anonyme et l’on ignore s’il s’agit d’un homme ou d’une femme. Il ou elle a « également fait une déposition protégée par la loi et ne peut pas subir de représailles », a dit l’avocat. « Ce lanceur d’alerte a des informations de première main », a-t-il ajouté.

Le cabinet de M. Zaid défend les intérêts d’un premier membre des services de renseignement qui s’était alarmé d’une conversation téléphonique du 25 juillet entre Donald Trump et son homologue ukrainien. Il avait jugé que dans cet appel, M. Trump avait « sollicité l’ingérence » de l’Ukraine dans la campagne pour sa réélection en 2020, en lui demandant d’enquêter afin de rassembler des informations compromettantes sur un de ses rivaux, le démocrate Joe Biden. Un autre avocat de la firme de Mark Zaid a laissé entendre que le nombre de lanceurs d’alerte susceptibles de fournir des informations sur cette affaire ukrainienne pourrait encore augmenter. « Je peux confirmer que mon cabinet et mon équipe représentent plusieurs lanceurs d’alerte », a dit Andrew Bakaj.

Le deuxième lanceur d’alerte a été entendu par l’inspecteur général des services de renseignement, Michael Atkinson, selon Mark Zaid, cité par la chaîne ABC. Mais il n’a pas encore contacté ou été contacté par les commissions parlementaires menant l’enquête. Vendredi soir, le New York Times avait évoqué l’existence d’un deuxième agent disposé à parler mais qui hésitait encore.

Le président américain n’avait pas encore réagi aux annonces du cabinet d’avocats dimanche. Mais il a repris sa ligne de défense en affirmant qu’il avait « l’obligation d’examiner toute corruption possible ou probable », pour justifier les demandes adressées à l’Ukraine mais aussi à la Chine pour qu’elles enquêtent sur Joe Biden ou sur son fils Hunter qui a fait des affaires dans ces deux pays.

La veille, il avait accusé la presse et les démocrates de se fier aux informations « de seconde main » délivrées par le lanceur d’alerte.

Le premier lanceur d’alerte avait reconnu qu’il n’était pas présent parmi les responsables qui écoutaient l’appel téléphonique entre les présidents américain et ukrainien. Mais il avait indiqué avoir échangé avec plus d’une demi-douzaine de responsables « très troublés » par l’échange.

Fait notable, M. Trump n’avait aucune aucune activité prévue ce dimanche. Il devait rester à la Maison Blanche alors qu’il a l’habitude de se rendre le week-end sur l’un de ses parcours de golf près de Washington.

Le milliardaire républicain n’est que le quatrième président américain de l’histoire à subir une telle procédure de destitution. Dans un tweet, Donald Trump, qui a assuré à de nombreuses reprises que sa conversation avec Volodymyr Zelensky avait été « parfaite », a appelé les républicains à serrer les rangs pour le défendre. Les démocrates « sont peut-être nuls comme politiciens, avec des politiques vraiment mauvaises (…), mais ils se serrent les coudes », a-t-il lancé.

Pour l’instant, la plupart des ténors républicains se gardent d’émettre des critiques. Parmi les exceptions, Mitt Romney, ex-candidat à la présidentielle en 2012 et sénateur de l’Utah, a jugé « épouvantable » que le président ait appelé des puissances étrangères à enquêter sur M. Biden. Ce qui lui a valu d’être traité de « crétin prétentieux » samedi par Donald Trump. Une autre sénatrice républicaine, Susan Collins, a également pris ses distances avec le président.

Car si les démocrates votent sa mise en accusation à la Chambre des représentants, qu’ils contrôlent, les républicains sont en mesure de faire échouer la procédure de destitution au Sénat, où ils sont majoritaires.

Samedi, l’administration Trump a fustigé le « harcèlement » des démocrates à son encontre, après que l’opposition a sommé la Maison Blanche de lui fournir des documents dans le cadre de l’enquête en vue d’une procédure de destitution.

Les démocrates, qui ont accusé le président américain d' »entrave » et d' »opérations de dissimulation » en refusant de collaborer avec leurs investigations, ont fait monter la pression sur l’exécutif en exigeant aussi du vice-président Mike Pence qu’il leur fournisse des documents.

En attendant, l’enquête a apporté de nouvelles révélations. Des SMS échangés par des diplomates américains, très embarrassants pour M. Trump et rendus publics jeudi par le Congrès, démontrent que l’administration américaine a bien insisté auprès de l’Ukraine pour qu’une enquête sur Joe Biden soit lancée.

 


 

Hong Kong : nouvelles violences alors que les manifestants bravent encore la loi anti-masque

Des manifestants pro-démocratie tentent de se protéger des gaz lacrymogènes avec leurs parapluies lors d’affrontements avec la police, dans le quartier de Wanchai à Hong Kong le 6 octobre 2019 – AFP / Nicolas ASFOURI

 

De nouvelles violences ont secoué dimanche Hong Kong où des dizaines de milliers de manifestants pro-démocratie ont bravé l’interdiction de défiler le visage masqué lors de marches émaillées d’affrontements avec la police et d’actes de vandalisme.

Par une pluie battante et alors qu’une bonne partie des stations de métro restaient fermées depuis la veille, des foules imposantes ont défilé notamment dans les quartiers du centre de l’île de Hong Kong et, de l’autre côté de la baie, sur la presqu’île de Kowloon.

Les manifestants protestaient contre l’utilisation de pouvoirs d’urgence par le gouvernement pour interdire le masque dans les rassemblements publics.

La police a utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants et de nouvelles échauffourées ont opposé des policiers à des manifestants qui tentaient d’ériger des barricades de fortune.

Un chauffeur de taxi a été battu jusqu’au sang dans le quartier de Sham Shui Po après avoir heurté deux manifestantes avec sa voiture. Elles ont été soignées par des secouristes bénévoles avant l’arrivée de la police, selon un photographe de l’AFP. Une troisième femme coincée entre le taxi et un magasin a été dégagée par la foule. Des manifestants ont saccagé la voiture.

 


 

Incendies en Amazonie : le pape dénonce des « intérêts destructeurs »

Le pape François rencontre des représentants des peuples indigènes d’Amazonie dans les jardins du Vatican, le 4 octobre 2019 à Rome – AFP / Andreas SOLARO

 

Le pape a dénoncé dimanche « l’avidité des nouveaux colonialismes » et déploré des incendies allumés « par des intérêts qui détruisent », en ouvrant un synode dédié à l’Amazonie. Le synode réunit durant trois semaines au Vatican quelque 184 évêques, dont 113 venant de la région panamazonienne, à cheval sur neuf pays, tout particulièrement le Brésil.

Ce pays abrite 60% de la plus grande forêt tropicale de la planète, dévastée cet été par des incendies très majoritairement volontaires visant à faire de la place à l’élevage bovin et aux cultures. Ces incendies ont soulevé un tollé international et envenimé les relations avec le président Jair Bolsonaro, qui accuse certains pays d’attitude « coloniale ».

Des représentants des peuples et ethnies indigènes, parés de coiffes colorées à plumes, ont découvert dimanche la Basilique Saint-Pierre pour la messe inaugurale du synode, dont les débats débuteront lundi. « Aidez-nous à défendre notre terre mère, nous n’avons pas d’autre habitation! », implorait la soeur missionnaire indigène Laura Vicuña, quelques heures avant l’ouverture du synode, auquel assistent une vingtaine de représentants des communautés autochtones. Cette missionnaire qui lutte au péril de sa vie pour la défense des territoires des Caripuna en Amazonie brésilienne, est venue symboliquement à Rome avec de la terre. « Terre, eau, forêt, sans ces trois éléments personne ne peut rien faire », a-t-elle expliqué. La frêle jeune femme a parcouru 150 kilomètres à travers la région des Caripuna pour documenter et dénoncer l’amputation de leurs terres. « Les images satellite montrent une route qui va droit vers les terres indigènes », décrit-elle, avant de fondre en larmes en expliquant la terreur ressentie face aux « menaces de mort du crime organisé » qui l’obligent souvent à se cacher.

« Nous demandons de l’aide au monde entier car nous sommes très inquiets de la nouvelle politique d’exploration minière de l’Amazonie », confie aussi à l’AFP José Luiz Cassupá, un indigène de l’Etat de Rondônia au Brésil, venu à Rome avec sa coiffe de plumes bleues indigo.Dénonçant « la destruction des terres indigènes », il se plaint d’un gouvernement brésilien « qui n’a pas tenu sa parole ». « Après avoir péniblement obtenu un minuscule bout de terre pour survivre, les indigènes finissent pas en être chassés », déplore-t-il.

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