« Trouvons un bon accord », suggère M. Trump dans cette missive dont l’authenticité a été confirmée.
« Vous ne souhaitez pas être responsable du massacre de milliers de personnes, et je ne veux pas être responsable de la destruction de l’économie turque — ce que je ferais (si nécessaire) », écrit le président américain.
« L’Histoire vous jugera d’un oeil favorable si vous agissez de façon juste et humaine. Elle vous considérera à jamais comme le diable si les choses se passent mal », met en garde M. Trump, sans autre précision.
« Ne jouez pas au dur! Ne faites pas l’idiot ! », conclut le locataire de la Maison Blanche.
« Je vous téléphonerai plus tard ».
Datée du 9 octobre, elle a été adressée au président turc le jour où il a lancé ses troupes à l’assaut des Kurdes dans le nord de la Syrie.
Donald Trump a défendu mercredi bec et ongles le retrait des troupes américaines de Syrie, minimisant la menace qui pèse sur les forces kurdes et faisant l’éloge d’une incroyable lettre adressée à son homologue turc Recep Tayyip Erdogan.
Vantant une approche « brillante d’un point de vue stratégique », le milliardaire républicain a balayé un à un tous les arguments de ses nombreux détracteurs sur ce dossier, y compris au sein de son propre camp.
Quelques heures avant le départ du vice-président Mike Pence pour Ankara, où il espère convaincre les Turcs de mettre fin à leur invasion dans le nord de la Syrie visant les Kurdes, le président a pris ses distances avec le conflit en cours.
« Si la Turquie pénètre en Syrie, c’est une affaire entre la Turquie et la Syrie, ce n’est pas une affaire entre la Turquie et les Etats-Unis comme beaucoup de gens stupides voudraient vous le faire croire », a-t-il lancé.
Une réunion organisée peu après avec les leaders démocrates à la Maison Blanche a donné lieu à un vif affrontement, Donald Trump qualifiant Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants, de « politicienne de bas étage ».
« Nous avons vu le président craquer, c’est triste à dire », a relaté cette dernière après la rencontre au cours de laquelle il a, selon les démocrates, vanté sa lettre « agressive » à M. Erdogan.
Le courrier en question, qui a fuité peu après, a suscité la stupeur à Washington.
Jerome CARTILLIER