Après le désengagement des Etats-Unis et la crise interne qui a suivi, le Fonds vert, bras financier de l’Accord de Paris sur le climat, a été revitalisé vendredi à Paris par les autres pays membres avec près de 10 milliards de dollars.
« Je suis extrêmement heureuse d’annoncer que nous avons clôturé cette conférence avec une enveloppe de 9,8 milliards de dollars » pour la période 2020-2023, a annoncé la directrice du Trésor français, Odile Renaud-Basso, lors d’un point presse au terme de la réunion des donateurs à Paris. « Nous sommes parvenus à plus que compenser le désengagement des Etats-Unis », a-t-elle souligné, grâce à « un effort budgétaire considérable » de la part des 27 pays donateurs.
Le ministre des Finances, Bruno Le Maire, qui avait ouvert la conférence, s’est réjoui du résultat sur Twitter : « Objectif atteint ! (…) Une excellente nouvelle pour la planète! », a-t-il salué après avoir pris connaissance des résultats.
Le Fonds vert, capitalisé une première fois il y a cinq ans, avait été pénalisé par la décision des Etats-Unis de se retirer des Accords de Paris après l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier 2017. Washington n’a versé que 1 des 3 milliards de dollars promis.
Doté du coup de seulement 7,2 milliards de dollars, qui ont permis de soutenir 111 programmes dans une centaine de pays, il a connu une crise interne révélée au grand jour en juillet 2018, lorsque son conseil d’administration n’est pas parvenu à s’accorder sur la moindre décision, malgré l’urgence climatique. Le Fonds a toutefois surmonté ce blocage interne cet été en permettant l’approbation de ses décisions à une majorité qualifiée de 80%. Grâce aux promesses recueillies à Paris, il disposera désormais de plus d’argent qu’auparavant pour soutenir les pays en développement « dans leur transition vers un modèle économique à faible taux d’émission » de gaz à effet de serre.
Australie et Etats-Unis consternants
L’ONG Oxfam s’en est félicitée. « Les engagements pris aujourd’hui par les Etats envoient un signal fort selon lequel les pays riches doivent aider les pays en développement à faire face aux dangers croissants causés par les changements climatiques », a affirmé Armelle Le Comte, responsable du plaidoyer climat pour l’ONG, citée dans un communiqué. Elle a néanmoins qualifié de « consternant que l’Australie et les Etats-Unis aient refusé de contribuer au Fonds vert, et que de nombreux pays n’aient pris que des engagements bien inférieurs à leur juste part ».
Le directeur exécutif du Fonds vert, Yannick Glemarec, a précisé que « 13 des 27 pays donateurs ont doublé leur contribution » par rapport à la première capitalisation du Fonds et 75% d’entre eux ont augmenté leur participation pour donner les moyens au Fonds de poursuivre son activité en dépit du retrait américain.
« L’enjeu désormais est de concrétiser ces engagements rapidement afin que le Fonds puisse travailler efficacement », a affirmé Mme Renaud-Basso.
Parmi les pays qui ont doublé leur contribution figurent la France, dont la participation s’élève à 1,5 milliard d’euros, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la Suède, la Norvège, le Danemark, la Nouvelle-Zélande ou encore la Pologne. La Slovaquie et la Slovénie ont contribué pour la première fois.
Le Japon, qui a renouvelé son apport de 1,5 milliard de dollars, est devenu le contributeur le plus important avec trois milliards de dollars en cumulé.
Ce fonds, géré de manière inédite à la fois par les donateurs et les bénéficiaires, avait été promis par les pays riches à la conférence de Copenhague (2009). Incarnant la confiance entre le Sud et le Nord, responsable historique du réchauffement, sa création a été essentielle au processus des négociations climat.
Antonio RODRIGUEZ