Le Président turc Recep Tayyip Erdoğan ne s’est pas contenté, fin novembre, d’une diatribe insultante contre Emmanuel Macron. Il a aussi signé un accord de coopération militaire, incluant un partage des zones maritimes entre la Turquie et le premier ministre onusien « fantoche » de Tripoli, Fayez Al Sarraj.
Soulignons que la Grèce s’en trouve exclue et que le dit Sarraj n’est pas habilité à signer semblable accord dont l’unique légitimité relève de l’Assemblée nationale libyenne, laquelle s’est empressée de dénoncer un « accord illégale et félon ».
Depuis l’offensive du maréchal Haftar pour prendre Tripoli, en avril dernier, afin de réunifier le pays dont il contrôle déjà 90 % du territoire, on avait pris acte du soutien de la Turquie aux milices islamistes de la capitale libyenne et à Misrata. Malgré l’embargo sur les armes, Ankara livrait blindés, armes, drones, avions à ses affidés de l’islam radical. Des officiers turcs furent même présents, capturés par l’ALN et remis à leur pays. Ce soutien massif n’a fait que retarder la chute de Tripoli et donc la fin de cette guerre qui dure depuis 5 ans.
Les avancées, ces dernières semaines, des troupes de Haftar et le retrait progressif des brigades de Misrata rendaient inéluctable la reddition des milices tripolitaines affaiblies par un siège de sept mois. Pour éviter cet effondrement, il ne restait qu’une solution : l’implication plus grande de la Turquie dans le conflit pour lui permettre de secourir son dernier bastion des « Frères musulmans » au Machrek.
Nous voilà donc avec un deuxième front contre le terrorisme ! Doit-on rappeler qu’entre l’Afrique et l’Europe, il existe deux lignes de défense : la première au Sahel, avec l’opération Barkhane et le G5 Sahel dont la France vient encore de payer le prix du sang, la seconde avec le maréchal Haftar en Libye, qui, en cinq ans, a débarrassé d’Al Qaida et de Daech, les territoires sous son contrôle…
Il restait Tripoli la capitale. Et c’est ce bastion d’islamistes radicaux que le » dictateur du Bosphore » veut sauver… Nous sommes là confrontés à une vérité que ne cesse de dénoncer le Président français au sein de l’OTAN : le double jeu d’Erdoğan !
D’abord en Syrie, où, par sa volonté de renverser Bashar Al Assad, le leader turc a soutenu Daech, nourri ce conflit avec, en apothéose, la guerre contre nos alliés kurdes. Et maintenant, avec la Libye, en fournissant hommes et matériels, en y ouvrant des bases militaires.
Allons-nous, au nom du principe de précaution diplomatique qui n’est que le « cache-misère » de la lâcheté, laisser faire Erdoğan parce qu’il menace de lancer des millions de migrants à l’assaut de l’Europe ?
Trahison, chantage, insultes, menaces, cela ne suffit-il pas à disqualifier ce « cheval de Troie » de l’OTAN, cet ennemi de toutes les valeurs prônées par l’Union européenne ? Osons l’affronter ! Le Président Macron l’a fait avec courage. Qu’attendent nos alliés européens pour en faire autant ?
Après avoir laissé Erdoğan, avec l’aide du « chaos en chef Trump », créer le chaos en Syrie, le laisserons-nous provoquer le chaos en LIBYE ?
Michel Scarbonchi
Ancien député européen