En cette journée mondiale des droits de l’homme, alors que le Sahel est menacé par la gangrène islamiste, une autre réalité émerge aujourd’hui : dans plusieurs pays africains, des femmes et des hommes sont des esclaves par ascendance. Depuis des siècles, traversant les ethnies, des familles sont tenues en esclavage par d’autres familles. Une hiérarchisation sociétale se transmet ainsi de génération en génération. Selon l’ethnie, le patronyme permet de savoir si un homme est esclave ou du côté des maîtres.
Or des esclaves ont décidé de se lever et de rompre les chaînes de leur servitude.
On compte des esclaves dans plusieurs ethnies : les Soninké, les Peulh, les Khassonké, les Bambara, les Malinké…
Etre esclave, cela a des conséquences concrètes, domestiques et sociales : le droit de cuissage des « maîtres » sur les femmes existe dans certaines zones géographiques, le non accès à la propriété foncière, des menaces physiques tout au long de la vie, un ascenseur social bloqué… Un maire issu d’un groupe d’esclaves sera toujours perçu comme esclave quelque soit son statut de premier magistrat de la commune. Donc ici la différence n’est pas fondée sur l’utilité commune : être noble est le seul code de valorisation donc.
C’est au Mali, dans la région de Kayes, non loin de la Mauritanie et du Sénégal, que des violences ont éclaté ces deux dernières années plus précisément le 10 octobre 2018 dans le village de Bafrara, notamment contre des Soninkés esclaves en quête d’une émancipation, parfois en représailles avec les initiatives prises par les membres de la noblesse issue de la diaspora à Paris.
Les intellectuels, les universitaires et les autorités maliennes font la sourde oreille, par déni, complexe ou peur.
En Mauritanie, où le phénomène est plus connu entre groupes Beydane et Haratine, l’esclavage parmi les groupes « négro-mauritanien » y existe aussi. En Gambie également où il se dit que le nouveau président de la République, Adama Barrow, qui lui aussi aurait bien mérité le prix Nobel de la paix, tendrait une oreille attentive à cette noble cause.
Certains esclavagistes utilisent notamment une certaine lecture de l’Islam pour justifier un statut juridique ancestral qui s’apparente à un système de castes.
Toutes ces victimes d’agressions, d’ostracisme, de privation, de menaces ont en commun d’être membres de Ganbanaaxun fedde, un mouvement transnational revendicatif, citoyen et pacifique pour l’égalité en dignité, droits et devoirs.
Or l’heure est venue de faire de sauter un verrou psychologique qui a intériorisé une servitude volontaire d’un autre temps ! Signe des temps, certains dits esclaves ont décidé de se lever et de rompre leurs chaînes ! A leur tête Gaye Traoré. Ce Franco-Mauritanien qui vit en France est à la tête de l’association Armepes-France depuis 2016. Il est aussi le fondateur de Ganbanaaxun fedde le 5 octobre 2016 alors qu’il était secrétaire général d’Armepes-France.
C’est tout un réseau d’associations qui est aujourd’hui mobilisé : les associations Armepes – France et le RMPF Ganbanaa au Mali sur le terrain, mais aussi le mouvement Ganbanaaxun fedde qui est un réseau associatif constitué de Armepes – France (aile mauritanienne de Ganbanaaxun fedde), le RMPF Gambana (aile malienne de Ganbanaaxun fedde), ASSEP Ganbanaaxu (aile Sénégalaise de Ganbanaaxun fedde) et une aile Gambienne (Ganbanaaxu Fedde West African Office). Depuis 2018, ces collectifs, très présents sur les réseaux sociaux, organisent des manifestations qui rassemblent plusieurs centaines de femmes et d’hommes décidés à écrire désormais leur avenir.
Formons le vœu que dans les mois qui viennent, l’Union africaine, les Nations unies, l’Union européenne et la France aideront ces Gaye Traore, ces militants de la liberté, à secouer les dirigeants de ces quatre pays d’Afrique pour qu’ils luttent concrètement contre l’esclavage et leur permettent de recouvrer définitivement leur liberté.
Michel Taube
Liens Facebook :
https://www.facebook.com/guidimakha.revolutiion
https://www.facebook.com/groups/2247992891986961/
Pour connaître l’historicité de cette question sensible de l’esclavage au Mali, regardez le film de Marie Rodet : « Les Diambourou : esclavage et émancipation à Kayes », tourné au Mali en 2014. Ce documentaire est une archive audio-visuelle unique – et remarquable – de l’histoire de l’émancipation des esclaves au Mali, qui rend compte des traumatismes vécus par ces communautés.