Le blocage du pays va continuer car un dialogue de sourds s’installe entre le gouvernement et l’intersyndicale réunie autour de la CGT. Le gouvernement ne veut pas battre en retraite. Mais n’y sera-t-il pas contraint ?
En effet, le succès de la journée du 5 décembre change clairement la donne. Déjà on peut considérer que le mouvement de 2019 démarre beaucoup plus fort que celui de 1995. Il renforce la détermination du front du refus.
Or quelles leçons a tirées l’exécutif du succès des 250 manifestations du 5 décembre ? Hâter la conclusion des consultations et avancer à mercredi 11 décembre, la présentation non plus de l’architecture du projet de réforme, mais de l’ensemble du projet de loi sur les retraites. Mais le premier ministre l’a clairement laissé entendre dans une déclaration imprévue hier : il repoussera éventuellement l’entrée en vigueur de la réforme, il ménagera certaines catégories professionnelles (les policiers, les enseignants…) mais la suppression des régimes spéciaux pour un régime universel et le système à points seront bien proposés au vote du Parlement.
Or les syndicats l’ont dit et redit : forts du million de Français (peut-être un million et demi) descendus dans les rues des 250 villes de France le 5 décembre, la CGT et ses alliés veulent pousser leur avantage. ils ne cèderont pas sans retrait du futur projet de loi. Les annonces du premier ministre mercredi prochain ne feront donc que relancer le mouvement de protestation.
C’est pourquoi il n’est pas nécessaire d’être grand clerc pour supposer que la France va être bloquée encore une bonne semaine voire bien au-delà.
Bloquée ? La France ?
C’est désormais tout l’enjeu : le blocage de la SNCF et de la RATP pendant dix jours ou plus, et une ou deux manifestations par semaine réunissant quelques centaines de milliers de personnes, suffiront-ils à faire plier le gouvernement ?
Car à part la région parisienne dont l’activité économique et les familles sont profondément affectés par la grève des transports publics, à part quelques blocages satellites (raffineries de pétrole, urgences toujours en grève, opérations escargots sur certains axes routiers…), la France continue à fonctionner.
C’est pourquoi dans le bras de fer qui les oppose, les syndicats sont contraints à la surenchère pour espérer faire reculer définitivement le gouvernement. Dans la foulée du discours d’Edouard Philippe le 11 décembre, la CGT et consorts pourraient donc bien appeler à la grève générale et à un immense rassemblement, probablement le samedi 14 ou plutôt le 21 décembre.
Il n’est pas encore certain que la grève générale prenne. Ce sera alors aux Français de trancher ce bras de fer ! Via les sondages d’opinion ? A moins qu’Emmanuel Macron n’en appelle à un référendum peu après les municipales.
En attendant, la crise dure, décembre sera un mois noir pour l’économie (combien d’employés et de salariés sont pris en otage ?).
Une issue rapide est-elle possible ? Avant Noël ? C’est dans dix-sept jours !
Michel Taube