Série « La chienlit française sur les retraites ». L’édito de Michel Taube :
Au micro de France Info ce matin 16 décembre, Laurent Berger, secrétaire général de CFDT, appelle sans réserve à une trêve de Noël et à la reprise du mouvement social à partir de janvier 2020 si aucun accord n’est trouvé n’est trouvé d’ici là. Sans réserve, même si sa base des cheminots de la CFDT, refuse de le suivre. Et même si un accord n’était pas trouvé avec le gouvernement pour qu’il retire l’âge pivot, cette fameuse réforme paramétrique.
Il était temps qu’un responsable syndical prenne enfin ses responsabilités.
Malheureusement, fort est de parier qu’il est trop tard : les leaders de la mobilisation syndicale, ce n’est pas la CFDT. C’est la CGT et l’intersyndicale des organisations du NON. Toutes ont refusé l’appel à la trêve des confiseurs.
Il faut donc craindre qu’à la question « esprit de Noël, où es-tu ? », la réponse soit clairement négative.
C’est dramatique pour la France !
A quelques jours de Noël, en ce mois de décembre, décisif économiquement (dans certains secteurs, décembre représente jusqu’à la moitié de l’activité commerciale de toute l’année) et si symbolique pour les familles et les cœurs, les appels se multiplient à une pause dans le conflit social généré par le débat sur la réforme des retraites.
Face à cette crise sociale qui est peut-être partie pour durer, pendant que le gouvernement et les syndicats s’opposent sur le projet de loi de réforme des retraites, les Français trinquent ! La France se déchire une fois de plus entre les râleurs et ceux qui râlent contre les râleurs, comme le disait le sénateur Claude Malhuret.
Les Français qui travaillent et subissent cette situation se disent de plus en plus fatigués, épuisés par ces journées de galère : trop sont empêchés d’aller travailler ou contraints de se lever à 4h du matin pour espérer arriver à l’heure, étouffés sur les quais et dans les rares rames de train et de métro qui circulent aux heures de pointe, faisant face à des risques croissants d’accidents voyageurs.
Employés, ouvriers, commerçants, cadres, dirigeants paient très cher le bras de fer social actuel. Dans tout le pays, la suppression de nombreux TER empêche des millions de Français de se rendre de leur commune rurale ou périurbaine vers les métropoles régionales. Le blocage de raffineries pétrolières par les grévistes commence à assécher les pompes à essence. La distribution du courrier et les activités de livraison, décisives en période de fêtes, sont de plus en plus perturbées. Des coupures sauvages d’électricité sont organisées. Des écoles sont fermées, laissant les parents seuls pour gérer la garde de leurs enfants.
Les conséquences économiques sont déjà catastrophiques : dans les centres villes comme Paris, Lyon, Marseille, Lille, dans toute l’Ile-de-France également, la baisse du chiffre d’affaires des commerçants oscille entre 40 et 80 % depuis le 5 décembre. Dans le secteur des services, les annulations de rendez-vous se multiplient. Les événements et les spectacles enregistrent des annulations qui compromettent leur avenir. Le tourisme est à nouveau en berne et l’image de la France consterne l’opinion internationale. Des suppressions de treizième mois, des licenciements, des dépôts de bilan sont déjà annoncés.
La collecte de sang s’en trouve fortement affectée, faisant craindre une rupture d’ici quelques semaines si le mouvement perdure.
Les Français se demandent s’ils pourront partir en vacances ou rejoindre leurs familles pour les fêtes de Noël et de Nouvel An. Ils le sauront demain, la SNCF devant communiquer la liste des trains en circulation pour les départs en vacances et jeudi 19 pour les 24-25 décembre.
Cela ne peut plus durer ! La continuité du service public, tout aussi importante que le droit de grève, c’est à présent de permettre aux Français de préparer et de vivre Noël dans de bonnes conditions.
Laurent Berger a fait son choix.
Alors, une dernière fois : Messieurs Philippe Martinez et Jean-Luc Mélenchon, vous qui êtes parmi les protagonistes principaux de cette colère sociale, Mesdames, Messieurs les grévistes, respectez notre travail, faites une trêve des confiseurs pour sauver l’année 2019.
Le père Noël et les Français vous en seront gré !
Michel Taube
2. Demain : l’urgence d’un service minimum dans les transports et la Fonction publique. la suite de notre série sur « le suicide français sur les retraites »
Revivez le passage de Michel Taube sur BFMTV samedi 14 décembre 2019, invité de Céline Pitelet, avec (par ordre alphabétique) Jean-François Amadieu, sociologue, Dominique Da Silva, député LREM du Val d’Oise, Jean Messiha, délégué national du Rassemblement national pour les études et argumentaires, et membre de son bureau national, Michel Ouidort, président de la Fédération européenne des voyageurs.