Série « La chienlit française sur les retraites ». L’édito de Michel Taube :
Troisième volet de notre édito sur la chienlit française sur les retraites.
Les Français n’ont pas élu Philippe Martinez ni Jean-Luc Mélenchon à l’Elysée. C’est pourtant ce qu’ils voudraient nous faire croire en imposant un bras de fer « projet contre projet ». On pourrait d’ailleurs être tentés de suivre les jusqu’auboutistes du NON au regard des sondages qui, malgré la chienlit sociale dans laquelle la France est plongée, traduisent une forte augmentation des soutiens de l’opinion publique à leur mouvement.
Puisque, au lendemain d’une journée interprofessionnelle du 17 décembre passablement réussie mais moins mobilisatrice que le 5 décembre, l’intersyndicale CGT – Sud et consorts rejette toute trêve de Noêl et appelle à des actions locales jusqu’en janvier, puisqu’il est acquis que le mois de décembre sera désastreux, tragique même, sur le plan économique et moral (le plan d’urgence de la SNCF pour amener à bon port les vacanciers et les familles à Noël n’y changera pas grand-chose), pourquoi le gouvernement cèderait-il maintenant ?
Même si Edouard Philippe reculait sur l’âge d’équilibre à 64 ans pour séduire la CFDT et l’UNSA, favorables à la réforme systémique, et qui seront reçus à Matignon aujourd’hui, cela ne changerait rien à la chienlit annoncée de Noël. Ce n’est pas la CFDT qui pilote le mouvement du 5 décembre.
Et puis, en reculant maintenant le pouvoir exécutif perdrait sur tous les tableaux : la France aura du mal à finir le mois, mais en plus c’est le gouvernement des syndicats qui s’imposerait. Et celui des plus irresponsables.
C’est à l’honneur d’Edouard Philippe d’avoir voulu proposer une réforme finançable, sérieuse donc. Certes il eut été tactiquement plus subtil de proposer uniquement la réforme systémique en renvoyant aux partenaires sociaux le choix du nouveau mode de calcul des recettes du nouveau système.
Mais peut-on faire confiance à ces organisations si peu représentatives qui sont portées par des idéologies du XXème siècle qui ont prouvé partout leur faillite ?
Lorsqu’on constate que même la CFDT, en rejetant l’âge pivot à 64 ans qui ne traduit que la prise en compte des évolutions de l’espérance de vie, souhaite en fait voir augmenter les cotisations sociales, on se dit qu’il est préférable de passer en force sur la totalité de la réforme plutôt que de consentir à des bouts de concessions qui finiront par l’abandon de tout le projet.
Le gouvernement des syndicats ? Même la légitimité démocratique, celle de l’élection du président de la République et de sa majorité (absolue) parlementaire, n’est donc pas suffisante pour surmonter le barrage de classes sociales arc-boutées sur leurs privilèges ? Impossible de réformer la France ?
Michel Taube
Demain : suite et fin de notre édito sur la chienlit française sur les retraites : L’échec Macron ? Le vieux pays d’un vieux continent.