Du 11 au 14 janvier 2020, avait lieu la coupe de monde de la boulangerie. Evènement mondial, qui se tient dans le cadre d’Europain, un salon à destination des professionnels de la boulangerie-pâtisserie, pour la première année à la porte de Versailles. Il s’avère qu’il reste ignoré du grand public, car peu relayé des médias. Cette initiative du cantalien Christian Vabret devrait pourtant emporter l’adhésion du plus grand nombre car, derrière ce simple salon professionnel, se profile l’enjeu de la valorisation de nos traditions, de nos savoir-faire, que nous avons, nous-même, la plus grande difficulté à porter.
En effet, la France est forte de ses produits locaux, de ses AOP, de sa cuisine et de son artisanat. Ce n’est pas pour rien que le Parisien est représenté avec une baguette à la main. Alors même que les Chinois ont su reconnaître la qualité de la vache Salers, une race rustique aussi bonne pour la viande que pour son lait, nos propres éleveurs s’en détournent pour des raisons de rentabilité, n’ayant même pas la conscience de l’importance de l’héritage qu’ils abandonnent avec. On ne peut pas les en blâmer, l’accompagnement n’est pas suffisant pour leur faire comprendre les tenants et aboutissants de la présence de ces animaux à proximité directe de leur lieu d’origine, ne serait-ce que pour produire un véritable fromage du même nom – le salers tradition-, ce qui est de plus en plus compliqué.
La France rayonne par ses produits, par sa culture. Il est du devoir de chacun d’entre nous de porter cette part de notre patrimoine au dehors de nos frontières mais aussi en direction des jeunes générations qui doivent se l’approprier et le faire perdurer.
Or, mis à part quelques initiatives telle que celle de Christian Vabret, c’est-à-dire celles que prennent quelques passionnés qui veulent partager leur amour pour nos traditions, rares sont les soutiens pour les accompagner.
Pourtant, ce qui fait notre histoire, notre culture, tient fortement à ce que nous produisons et aux métiers, au sens étymologique du terme, qui donnent un sens divin à la transformation de la matière. Ainsi, les bâtisseurs de cathédrales avaient une aura particulière, qui a traversé les temps par le témoignage de leurs œuvres. Nos artisans ont le même rôle essentiel, par la valorisation de notre patrimoine culinaire et viticole par exemple, que celui des artistes, parfois contestables, que choisit notre Président de la République pour l’accompagner en déplacement officiel.
La politique culturelle d’une ville, d’une région, d’un pays en dit long de l’importance portée à l’identité de notre Nation. On peut considérer qu’il n’existe pas de « marque de fabrique » propre à notre culture, ou y voir, au contraire, le fondement de ce que nous sommes, individuellement et collectivement. Cette marque s’imprime profondément dans nos valeurs communes, elle est l’identifiant de ce qu’est la France.
Aussi, il est essentiel de donner à la culture une pleine place, au sens large du terme, la rendant incluante plutôt qu’à destination d’une élite bon chic bon genre de centre urbain, qui exclut. La culture doit être un facteur d’intégration sociale faisant partie de notre identité nationale.
C’est pourquoi il est essentiel que l’enseignement puisse jouer ce rôle d’apprentissage des fondements de notre culture, et non pas, comme actuellement, une simple transmission de savoirs universels, certes nécessaires, mais insuffisants pour comprendre à quelle grande civilisation nous appartenons, pour faciliter, aussi, une plus grande cohésion. Nous nous devons de transmettre les connaissances nécessaires à l’acquisition de l’autonomie intellectuelle et à la mise en œuvre du libre exercice de la raison tout en favorisant les synergies entre les différents acteurs publics et privés de la culture. Ce bouillonnement transverse doit passer par l’accès facilité au livre, au théâtre, au concert mais aussi à la découverte de métiers manuels dont l’expertise relève de l’art. Non seulement dans la perspective de comprendre l’importance du geste mais aussi pour redonner sa noblesse à ces professions que beaucoup ignorent.
Il est triste de constater que le subventionnement de représentations, expositions, salons, concours, opéras, ballets itinérants d’œuvres du patrimoine culturel français, se fasse rare et que les mises à disposition, à destination des scolaires, des centres culturels diminuent. La culture doit être accessible à tous. Cela passe aussi par la promotion du patrimoine culinaire français, par la reprise de la semaine du goût, dans les écoles, notamment, mais par que.
L’éducation au bien manger, devrait être aussi importante que la nourriture intellectuelle. Il suffit de servir de la bouillie indigeste qui empoisonne progressivement les adultes en devenir, tant intellectuellement que dans leurs assiettes. L’individu est un tout, comme notre Nation, il lui faut du pain et des jeux… de l’esprit.
Laurence Taillade
Présidente de Forces Laïques, Le Parti Républicain Laïque