A la découverte de trois portraits de femmes dans un premier roman de Shilpi Somaya Gowda au Mercure de France : « La fille secrète ».
1984, Inde, Kavita donne pour la deuxième fois naissance à une fille. La première n’a eu ni le droit d’avoir un prénom, ni le droit de vivre. Pour que sa deuxième fille ait la chance de survivre, Kavita choisit de la confier à un orphelinat. Elle ne pourra jamais l’oublier même après avoir donné naissance à un fils. Il ne se passera pas un jour sans que Kavita ne prie pour que chagrin et sentiment de vide la laissent en paix.
1985, Californie, Somer est Américaine, son mari, Indien. Ils sont tous les deux médecins. Elle a du mal à se résigner à ne jamais pouvoir porter un enfant. Après de nombreuses hésitations, ils adopteront une petite indienne, la fille de Kavita, née un an plus tôt.
Asha est élevée aux Etats-Unis et malgré l’amour de ses parents adoptifs, elle ne comprend pas pourquoi elle a été abandonnée. Les années passent et à l’âge de vingt ans elle partira en Inde à la recherche de ses parents biologiques, de ses origines, de ses racines. Sa quête ne sera pas facile.
A travers deux continents, le lecteur découvre lentement trois personnalités de femmes avec leur fragilité et leurs doutes.
L’auteur a choisi d’explorer plusieurs thèmes : la cruauté de la stérilité, les affres de l’adoption et les répercussions auprès des mères, la construction de l’identité et l’amour des parents pour leurs enfants. Elle décrit subtilement la douleur des mères et celle des filles et souligne avec force la difficulté de naître femme en Inde.
Un premier roman infiniment sensible.
Anne Bassi
Présidente de Sachinka, chroniqueuse littéraire