L’heure n’est pas à l’exégèse politique sur le régime chinois, ni à marteler qu’il a pris quelque retard à l’allumage dans la gestion de la crise du coronavirus. Ceux que cette idée obsède devraient se souvenir des reproches faites aux autorités françaises, après l’accident de l’usine chimique de Lubrizol à Rouen, en septembre dernier. Les plus anciens se souviendront aussi des performances de nos super douaniers, capables, selon les ministres de l’époque, d’arrêter le nuage radioactif de Tchernobyl en 1986.
Aujourd’hui, les autorités chinoises, mais aussi et surtout le peuple chinois, font le job, même si les chiffres officiels sont contestés, s’agissant du nombre de personnes infectées. Sera-ce suffisant ? On l’espère, mais le fait est que la Chine consent à des efforts considérables pour tenter de contenir l’épidémie et éviter qu’elle devienne pandémie mondiale. Pékin, Shanghai, et tant d’autres métropoles ont été vidées de leurs habitants, confinés chez eux. Depuis dix jours, le travail y reprend progressivement, après la pause du Nouvel An chinois. Qui ose imaginer Paris, Londres, New York ou Los Angeles déserts ? Et les usines fermées (et les manifs interdites en France !) ?
Lors de la conférence de sécurité qui a eu lieu à Munich le 15 février dernier, et à laquelle Emmanuel Macron a participé, Wang Yi, ministre des affaires étrangères de Chine, a souligné la volonté et la capacité de son pays à surmonter l’obstacle apparu avec l’épidémie. En particulier, il a mis en avant la réactivité de son pays et la volonté de la Chine de se montrer coopérative avec le système international et ses partenaires étrangers pour répondre à la crise. Et force est de constater que les actes suivent les paroles. Tant mieux !
Dans une interview en plus petit comité, Wang Yi a prudemment regretté certaines mesures, peut-être excessives ou du moins inappropriées, prises par certains pays en réponse à la crise. Il a pris comme exemple les actions freinant les échanges avec la Chine, un signe de fermeture allant à l’encontre du rapprochement de la gouvernance mondiale actuelle, sans que cela soit nécessairement productif pour résoudre la situation actuelle.
Lors de la conférence de Munich, le thème de l’épidémie a également permis de mettre en avant les liens entre la sécurité traditionnelle (défense militaire) et la sécurité non traditionnelle, dont la santé. On voit à quel point le coronavirus est centré sur les thématiques contemporaines de géopolitique. Un facteur qui rappelle les liens croissants entre la Chine et l’Occident.
Il est à noter que lors d’une rencontre bilatérale entre la France et la Chine durant la conférence de Munich, entre Wang Yi et son homologue Jean-Yves Le Driand, la France a pu souligner l’importance qu’elle accordait à ne pas discriminer la Chine et les Chinois au vu du déroulement actuel de l’épidémie. Cette analyse doit être encouragée, car les Chinois n’ont pas à être boucs-émissaires du coronavirus. Ils en sont les premières victimes et les premiers combattants. Ils combattent pour nous, pour le monde, et nous leur devons notre soutien moral et matériel, comme nous le prodiguons toujours à un pays frappé par une catastrophe naturelle, sans considération pour son régime politique. On ne peut donc que se réjouir de voir les gouvernements donner l’exemple, celui de la coopération et de la concertation face à un ennemi commun.
De fait, la présence de l’épidémie a aussi provoqué la tenue le 15 février d’une réunion extraordinaire entre les ministres de la Santé de l’Union européenne. Il s’agissait de mettre en avant les démarches à effectuer et de coordonner les réponses entre les États membres.
De même, en Asie même, le Ministre Wang Yi s’est rendu à Vientiane, la capitale du Laos pour une réunion spéciale des pays de l’Asie du Sud-Est sur la maladie du nouveau coronavirus.
Enfin, le thème sera également abordé lors de la réunion des ministres des finances lors d’une réunion préparatoire du G20 qui aura lieu en Arabie Saoudite les 22 et 23 février.
Ces concertations géopolitiques démontrent l’importance accrue accordée à l’épidémie au sein de la communauté internationale, quel que soit le secteur concerné. Coopération est le maître mot. À tous les niveaux, notre intérêt est d’agir ensemble contre le coronavirus.
WEI Jingya