Alors que se profile Paris Métropole, ce « Grand Paris » qu’on nous dit indispensable pour assurer le rayonnement de la capitale française parmi les grandes métropoles de la planète, Opinion Internationale a souhaité tremper sa plume dans l’encre bouillonnante de la « banlieue », trop méconnue des Parisiens pourtant voisins. Si l’on excepte les prolongements résidentiels des « beaux quartiers » de la capitale, notamment à l’ouest, et quelques ilots de prospérité bourgeoise au cœur de l’Île-de-France, banlieue rime surtout avec ghetto, immigration, violence, délinquance, inégalités, discriminations, pauvreté, misère… Au mieux, on considère que la banlieue est « populaire », par opposition à Paris intra-muros, bourgeoise, riche et élitiste. Que de clichés…
Nous avons fait le choix de focaliser notre regard sur une commune emblématique du département le plus pauvre de France (et pourtant le troisième contributeur national en termes de TVA) et tout aussi emblématique de cette banlieue parisienne : Bobigny, siège de la préfecture et donc capitale de la Seine-Saint-Denis.
Bobigny, que l’on imagine grise comme le béton de ses HLM, rouge comme le parti communiste, et verte, non pas pour ses espaces verts, mais pour l’islam dont les musulmans peuvent certainement disputer aux catholiques la primauté en terme d’affluence dans les lieux de culte.
Pourtant, Bobigny est aussi singulier qu’emblématique. Nous sommes au cœur de cette « ceinture rouge » formée par les villes communistes de Seine-Saint-Denis, le fameux 93 ou neuf-trois. A l’échelle nationale, le PCF est devenu un parti groupusculaire. Archaïque, désuet, incarnant une idéologie qui n’a apporté que le totalitarisme et souvent la misère (longtemps son fonds de commerce dans de nombreuses villes) là où elle s’est imposée et là où elle sévit encore, abandonné par son électorat au bénéfice de l’extrême droite lepéniste et de l’extrême gauche mélenchoniste, le parti communiste fait de la résistance en périphérie de Paris, tout particulièrement en Seine-Saint-Denis.
Exception faite de l’époque du régime de Vichy, Bobigny n’avait eu que des maires communistes depuis 95 ans… Jusqu’en 2014 et la belle victoire de l’UDI Stéphane de Paoli. Ce dernier restera comme celui qui a mis fin à cette ère rouge et au règne de Catherine Peyge, pourtant élue au premier tour en 2008 avec 54.8 % de voix. Trois ans plus tard, Jean-Christophe Lagarde, leader de l’UDI, fut réélu député de la 5ème circonscription de la Seine-Saint-Denis, celle de Bobigny, avec 66,10 % des voix au second tour, devant le candidat LaREM. On aurait davantage imaginé un tel résultat à Neuilly sur Seine qu’à Bobigny !
Stéphane de Paoli a décidé de passer le flambeau à son premier adjoint, Christian Bartholmé. Tête de liste de « Bobigny, ensemble ! », cet Alsacien d’origine laboure le terrain depuis six mois. Peu perturbé par les attaques médiatiques orchestrées par ses adversaires, fort d’un bilan dont il se dit fier, porté par une équipe issue de la diversité des territoires et des communautés de la ville, Christian Bartholmé propose de transformer l’essai d’un premier mandat pour s’assurer que la page de la banlieue rouge est définitivement tournée.
C’est à une plongée dans l’univers surprenant de cette capitale départementale, avec notamment des portraits de Balbyniens, que vous conviera Opinion Internationale durant ces prochains jours jusqu’au premier tour de l’élection municipale.
Michel Taube
Opinion Internationale publie cette semaine une édition spéciale « Municipales 2020 » avec des interviews de candidats « Mes cent premiers jours » et une immersion – focus dans la ville de Bobigny, capitale de la Seine-Saint-Denis.