Kani Diarra est une star à Bobigny et bien au-delà ! Elle a joué dans le film Les Banlieusards de Kery James qui est sorti sur Netflix en novembre dernier. Dans son rôle, elle joue une mère qui s’implique dans la vie de ses enfants et du quartier. Un rôle que celle-ci confesse avoir été facile et agréable vu la ressemblance avec son propre comportement dans la vie de son quartier à Bobigny. Elle nous fait part ici de son point de vue sur l’importance des mères dans la vie de quartier.
Kani Diarra, vous faites partie d’une association des mères de Bobigny. Pouvez-vous en dire un mot ?
L’association Siguidya veut dire en bambara (la langue malienne) « le mieux vivre ensemble ». Cette association inclut les femmes de toutes origines pour autant qu’elles vivent à Bobigny. C’est une façon pour nous de refaire une grande famille.
Il y a plus de dix ans, nous nous retrouvions tous les premiers dimanches du mois pour organiser la vie du quartier pour nos enfants. Ce n’est que quatre ans après que nous avons pris la décision de crée une association dans le but d’aider les mères et leurs enfants.
On organise beaucoup de sorties pour les enfants désormais. Que ce soit en été, pour aller à la mer, ou à Noël où l’on distribue des cadeaux avec l’aide d’autres associations, l’aide aux devoirs aussi. Au mois d’août, on remplit deux cars, un avec les mamans et les jeunes enfants et un autre avec les adolescents qui ne veulent pas partir avec des mamans.
Notre association a également permis aux femmes de la cité de mieux se connaître. Maintenant lorsque l’on se croise nous nous disons bonjour, peu importe nos origines.
L’autorité de la mère est très visible dans le film. Est-ce la réalité dans le quotidien de Bobigny ?
C’est très représentatif de la réalité, je suis moi-même comme ça ! Les gens ont peur de parler, mais il faut intervenir. Au Mali c’était déjà comme ça. Ici c’est pareil, tout le monde le sait. Il ne faut pas laisser les enfants faire n’importe quoi. Chaque enfant qui nous croise, peu importe à qui est cet enfant, je lui explique et le conseille. Un enfant, une seule personne le met au monde mais c’est tout le monde qui l’éduque.
Pensez-vous qu’une organisation de mère soit institutionnalisable, pour avoir un plus gros poids aux yeux de l’Etat ainsi que dans la vie des banlieues ?
Pour intervenir, il faut avoir du caractère, beaucoup de mères ont peur d’intervenir de crainte de se faire insulter. Moi je leurs explique que nous, les mères, nous avons bien plus d’autorité sur les enfants que d’autres. Nous vivons dans cette ambiance, cette façon de faire depuis toujours. En sachant ça, les enfants ont davantage peur d’être vus par qui que ce soit, car tout le monde peut lui donner des leçons. Vivre ensemble, en communauté, c’est ça. C’est ce qui se perd avec la modernisation…
Propos recueillis par Maïa Minnaert
Retrouvez l’entretien exclusif avec Christian Bartholmé, premier adjoint et tête de liste « Ensemble Bobigny » aux municipales du 15 mars.
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