35 millions de Français ont regardé ou écouté le chef de l’Etat hier soir. C’est un record d’audience historique !
C’est donc la guerre, nous a répété comme une litanie le Président de la République. Enfin les choses sont dites. Ou presque, Emmanuel Macron s’abstenant de nommer la seule arme de destruction massive à disposition des militaires que nous sommes tous dans cette guerre : « confinement, confinement, confinement » !
Et le soir même, à peine le micro présidentiel éteint, il y avait encore des politiques et même des médecins qui se voulurent rassurants : « Il n’y a que 127 morts en France ». Là, franchement, on ne comprend plus. 127 morts en deux mois, et nous sommes en guerre ? La grippe tue de 5000 à 10000 personnes par an, malgré la moitié de population vaccinée, et nous sommes en guerre ? La guerre, ce sont des obus, des missiles, des bombes qui déchiquettent les corps, les sirènes qui appellent à descendre aux abris, lorsqu’à l’approche des avions ennemis, le fracas des explosions, les hurlements des blessés et des estropiés frappés par un éclat ou une rafale, écrasés par un immeuble qui s’effondre…
Elle est où la guerre du coronavirus. 127 morts, et certains médecins que nous aurons la décence de ne pas citer et qui continuent à mentionner le nombre de morts pour rassurer une population que l’on prendrait alors indubitablement pour des imbéciles. C’est cette communication schizophrène qui est génératrice de panique. Ou au moins de beaucoup d’incompréhension et de méfiance, voire de défiance, à l’égard des politiques, des scientifiques, les premiers s’abritant derrière les seconds, des médias, des sachants qui à force d’avoir chacun leur vérité, risquent de passer pour des ignorants ou des charlatans.
Nous sommes donc en guerre. De 0,1 % de perte de croissance annoncée par le ministre de l’Économie Bruno le Maire au début de la crise à la récession d’au moins 1 à 2% (bien plus si la crise s’éternise), d’un appel à se laver les mains et la mise sous quarantaine de toute une population, privée de vie sociale, obligée de brandir aux forces de police une attestation pour justifier toute sortie hors du domicile, que s’est-il passé ? 127 morts ? Le mensonge devient insupportable.
À peine le Président de la République avait-il terminé son allocution dans le style père protecteur de la nation (sans jamais employer le terme de confinement), la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye, répond aux questions des journalistes. L’une d’elles évoque l’hypothèse des centaines de milliers de morts, chiffre qui ne résulte ni d’une fake news ni d’une élucubration d’un oiseau de malheur sorti d’un roman d’épouvante, mais d’une simple équation à deux variables : le taux de propagation du virus et son taux de mortalité. Refus presque outré de la représentante de l’exécutif d’évoquer cette hypothèse, car les mesures du gouvernement feront que tout ira bien.
Pourtant, il y a bien une raison, une seule, pour que l’on sacrifie l’économie et la vie sociale, pour que l’on reste aux abris, pour que le chef de l’État évoque avec insistance la guerre, reportant aux calendes grecques toutes les réformes en cours. Cette raison unique est d’éviter un véritable carnage, d’éviter des centaines de milliers de morts, victimes du seul Covid19. Car si ce n’est pas le cas, si ces médecins qui rappellent le bilan actuel de 127 morts ont raison de le faire, alors il faudrait réactiver les théories du complot, de se demander à qui profite le mensonge, à qui profite le crime ?
Au Royaume-Unis, Boris Johnson semble avoir opté pour une autre position, avant de la moduler face aux critiques : il est trop tard pour empêcher la propagation du Covid19. D’ailleurs, les mesures de confinement prises en Italie, bien plus tard qu’en Chine, pourraient lui donner raison. Donc, autant ne pas ajouter une crise économique à une crise sanitaire, car finalement, ces quelques centaines de milliers de morts toucheraient peut-être 0,5 % de la population. Rien à côté des 30 à 50 % d’Européens tués par la peste noire, au Moyen-âge, sur une période de cinq ans (malgré des démarches de confinement). En France, et globalement dans le reste du monde, on refuse cette hypothèse qui est la plus probable. On sait que la saturation des hôpitaux et des services de réanimation, qui a déjà commencé dans le Grand Est et en Île-de-France (quoi, avec 127 morts ?!), entrainerait des réactions en chaîne, avec de nombreuses autres pathologies lourdes qui ne seraient plus prises en charge. En Italie, le taux de mortalité a parfois grimpé à plus de 3 % dans les zones où les services de santé ont été saturés.
L’enjeu de la guerre, terme martelé par le Chef de l’État (et chef des Armées) est bien d’éviter ce désastre, ce carnage. Il est donc temps que celles et ceux qui continuent à vouloir rassurer avec leur bilan du jour se retiennent voire se taisent. Il faut que la population soit informée de la gravité de la situation, seule condition à ce que le civisme s’impose dans les esprits comme dans les faits.
Oui Madame Ndiaye, oui Monsieur Macron, nous sommes embarqués malgré nous dans une guerre qui fera peut-être des dizaines de milliers de morts, rien qu’en France. Nous allons tout faire pour l’empêcher, mais nous ne sommes pas certains d’y parvenir. Nous pouvons l’espérer si nous nous disciplinons, si nous cessons de nous mentir et d’accorder le moindre crédit aux propos faussement rassurants de quelques oiseaux de faux bons augures.
Les comportements des Français dimanche dernier, et ce matin qui s’agglutinent dans les commerces alimentaires contre toutes les consignes de bon sens, permettent de douter !
Chers compatriotes, comme en appelait de ses vœux et de ses ordres Emmanuel Macron, soyons citoyens !
Michel Taube