Pour rappel : le 26 avril 1986, un accident à la centrale nucléaire de Tchernobyl, en Ukraine alors soviétique, dissémine un nuage radioactif sur toute l’Europe… à l’exception de la France. Ce grossier mensonge d’État fut partagé par toute la classe politique et les experts du nucléaire, médecins compris, sans émouvoir les médias.
L’esprit de Tchernobyl, celui du mensonge et de la dissimulation, souffle-t-il encore sur le traitement de la pandémie du coronavirus, non seulement par les dirigeants, mais par tout ou partie de la classe politique et du monde scientifique ?
Le laisser penser déchaîne immédiatement des accusations de répandre des fake news, d’alimenter les peurs. Mais quelques éléments donnent à penser que le fake n’est peut-être pas là où on le prétend. Analyse….
Et la grippette (qui ne touche presque que des octogénaires) arriva…
Le Covid19 : à peine plus contagieux et pas plus mortel que la grippe, laquelle tue 5000 à 10000 personnes chaque année, malgré la vaccination de 50 % de la population. A bon ? Et on arrête la vie économique et sociale d’un pays et même de toute la planète pour ça ?
Tester ne sert à rien !
La Chine et des démocraties comme la Corée du Sud, Singapour ou Israël, ont opté pour un dépistage généralisé, afin de procéder à un confinement partiel et différencié des personnes atteintes par le virus. Pour ce faire, dans ces pays, la population a accepté le traçage de toutes les communications pour identifier les cas à risque et les personnes qui auraient pu être en contact avec des personnes contaminées. Si on expliquait les enjeux et les risques aux Français, certes plus rebelles et indisciplinés que les asiatiques, nul doute qu’ils auraient accepté cette atteinte à la confidentialité. Ils veulent vivre !
On trouve kyrielle de scientifiques français (notamment dans l’éminent comité qui conseille le chef de l’Etat) pour marteler que tester ne sert à rien ! N’est-ce pas une fuite en avant ? Une incapacité à reconnaitre que l’analyse a pu être meilleure ailleurs (nous sommes les meilleurs en tout, nous les Français, n’est-ce pas ?). Une aubaine surtout pour le gouvernement : il n’y a pas assez de tests disponibles parce que notre administration pléthorique est incapable d’organiser un dépistage systématique et régulier. Et comme on s’est enfermé dans ce raisonnement, pas question de se désavouer en fabriquant des tests et en organisant un dépistage à la coréenne.
Les masques ou masquer l’incompétence par le mensonge
Gouverner c’est prévoir. Une vérité à nuancer en cas de crise subite. Certes. L’incapacité du gouvernement à fournir rapidement des masques, mais aussi du gel hydroalcoolique, à tous les professionnels – pas seulement de santé – est sur le point de provoquer une vague d’exercices du droit de retrait, dont les conséquences peuvent être dramatiques. Juridiquement, ce retrait serait abusif si le masque était aussi inutile que le gouvernement le prétend. Imaginons que les routiers ou les pompistes sur les autoroutes s’arrêtent. Le réassort des commerces alimentaires, grandes surfaces comprises, ne serait plus assuré.
Il faut aussi équiper d’urgence les commerces encore ouverts, alimentaires en particulier, les forces de l’ordre, les agents des services publics, les salariés dans les entreprises, les Français qui prennent les transports en commun, ceux qui font leurs courses. Bref toute la France !
Les employeurs, privés comme publics, doivent assurer la sécurité de leurs salariés. Doivent-ils commander des masques en Chine et attendre trois ou quatre mois pour être livrés ?
Nous sommes en guerre ? Que toutes les entreprises soient réquisitionnées pour fabriquer des masques et des gants !
Dès février (voire avant !), des articles sérieux laissaient penser que sans mesures radicales précoces, le feu de broussaille pourrait devenir un incendie terrifiant. La polémique autour des propos de l’ancienne ministre de la Santé, Agnès Buzyn, le confirme. On ne les a pas prises. Ni confinement ni test, puisque ça ne sert à rien. Et donc pas de masques de protection, pas même en nombre suffisant à l’hôpital où l’on manque de tout. Pas assez de masques pour les médecins libéraux, les infirmières, les aide-soignants. L’administration (la nôtre est bien sûr la meilleure du monde) n’a pas alerté le gouvernement et organisé l’importation et la fabrication massives de masques dès que l’on voyait qu’ils étaient portés par toute la population en Asie. Mais le défaut d’anticipation est aussi le résultat d’une conviction qu’on arrêtera le virus comme nos douaniers avaient arrêté le nuage radioactif de Tchernobyl.
En Chine, au Japon, en Corée, porter le masque est une évidence. Mais ici, à Paris, non seulement, les pouvoirs publics flanqués de leurs experts scientifiques et de leurs administrations ont fauté. Et ils ont l’outrecuidance d’enfoncer le clou (du cercueil) et de répéter que porter un masque ne sert à rien si on n’est pas professionnel de santé. Esprit de Tchernobyl, tu es bien là !
Roselyne Bachelot, ancienne ministre de la santé, l’a dit et martelé : en matière de santé, on n’en fait jamais assez en matière de prévention. Les vies humaines valent toutes les dépenses de prévention !
Requiem pour le « en même temps »
Un jour, l’exécutif et la haute administration pourraient être jugés pour non-assistance à peuple en péril. Nous avons avancé ce concept dès le 16 mars. Mais ils ne le seront pas. En France, toute l’opposition (et pas seulement) a fait des pieds et des mains pour que le premier tour des municipales se déroule « normalement ».
Force est de constater qu’ailleurs, hors Asie, on n’a pas fait mieux. La puissante Amérique de Donald Trump pourrait même connaître pire. Bien pire. Certains, comme la Suède, les Pays-Bas ou le Royaume-Uni ont fait un dangereux pari : laisser le virus se propager jusqu’à ce qu’une immunité collective finisse par éteindre l’épidémie. Un pari d’autant plus fou qu’il entraînera obligatoirement une saturation totale et immense du système sanitaire, et donc des victimes en très grand nombre.
Ces pays, en particulier le Royaume uni, sont partiellement revenus sur ce choix.
Nous, en France, nous nous sommes moqués de nos amis italiens. Nous les avons même ignorés !
Nous avons fait du « en même temps » : en même temps, on organise des élections et on appelle au confinement. En même temps il est interdit d’assister à l’enterrement d’un parent et on est autorisé à faire son jogging et ses courses au marché. En même temps, on est incapable de protéger la population contre le coronavirus et on flingue l’économie et la vie sociale. En même temps, on commet des fautes énormes dans la prise en charge de la crise et on ment pour justifier son inaction.
C’était un autre « en même temps » que l’on attendait d’Emmanuel Macron, de son gouvernement, de l’administration, de ses experts et parfois, ayons l’humilité de le reconnaître, des Français.
Et maintenant ?
Et maintenant ? Confinement total ? Mais il faut bien manger ? A Wuhan, le confinement a été gradué : vis-à-vis de l’extérieur d’abord. Puis les habitants n’ont plus pu sortir de chez eux que tous les trois jours. Puis le comité de quartier leur déposa des vivres en bas de chaque immeuble car il leur fut interdit de sortir de leur domicile ! Vivra-t-on le même sort ?
Un état de siège avec couvre-feu imposé par l’armée ?
Il est peut-être trop tard pour éviter une possible (probable ?) hécatombe. Les 30 000 morts de la canicule de 2003 risquent fort d’être largement dépassés ! Reste à en limiter l’ampleur en copiant sur ceux qui réussissent, s’il est encore temps.
Copier ? Impossible, puisque nous sommes les meilleurs ?
Michel Taube