Tiens la CGT et Philippe Martinez reviennent ! Et ça déménage !
Dans les colonnes d’Opinion Internationale, nous n’avons pas été avares en reproches au gouvernement dans la crise du coronavirus : tergiversations, absence de cap, mensonges pour masquer des insuffisances de la gouvernance administrativo-sanitaire (« les masques et les tests sont inutiles »)… Mais à sa décharge, il faut bien admettre que certains scientifiques n’ont pas toujours été de bon conseil, et qu’Emmanuel Macron a hérité d’une situation et d’un état d’esprit qu’il est extrêmement difficile de faire évoluer.
Si critiquer est salutaire, bloquer une nouvelle fois le pays, mais cette fois en pleine guerre contre le Covid-19, est une hérésie coupable, criminelle même. La fédération des fonctionnaires de la CGT, prise en la personne de sa représentante Natacha Pommet, appelle à la grève dans la fonction publique pour tout le mois d’avril.
Il n’y a qu’en France que cela est possible.
Mais pourquoi cette grève ? Parce que les fonctionnaires en contact avec le public ne seraient pas dotés de masques ? On pourrait comprendre que cela justifie l’exercice du droit de retrait, si véritablement aucune mesure de protection alternative n’était prise.
Mais non. Ce n’est pas de cela dont il s’agit. Grève et droit de retrait ne sont pas la même chose. L’objet de cette action est de protester contre les « mesures antisociales » prises dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire. L’extrême gauche syndicale ne supporte pas que l’on puisse toucher au droit du travail durant la crise du Covid-19. Pour elle, travailler exceptionnellement plus longtemps pour maintenir les services essentiels au fonctionnement du pays n’est pas acceptable. Le secrétaire d’État Olivier Dussopt juge cet appel à la grève « inopportun ». Quelle mollesse !
Sentant probablement qu’une telle grève ne serait pas comprise des Français, Natacha Pommet semble faire machine arrière, en invoquant le défaut de protection des agents face au Covid-19. Un droit de retrait maquillé en grève, en quelque sorte.
Franchement, les soignants doivent avoir honte d’entendre les leaders de la CGT menacer la France d’une grève alors qu’eux-mêmes sont au front et risquent leur vie pour sauver des concitoyens !
N’est-il pas venu à l’idée de Philippe Martinez, patron de la CGT, de dire : « on va multiplier les initiatives pour protéger nos adhérents et, en attendant, on va continuer à faire tourner le pays car, oui, la guerre exige la mobilisation générale ! » Non, son message à des millions de Français, c’est « sauve-qui peut ! »
Philippe Martinez est bien sur sa ligne traditionnelle, déclarant qu’il n’était « pas question de relâcher la pression sociale, confinement ou non ». Il peut se prévaloir du soutien de Jean-Luc Mélenchon, dont nous saluions l’esprit républicain et le sens des responsabilités lorsqu’il apporta son soutien au gouvernement. Le naturel est vite revenu au galop. C’est donc bien un mouvement social classique qui se profile à l’horizon.
On notera que malgré l’énorme contagiosité du Covid-19 et la pénurie de masques de protection pour le public, les transports en commun continuent à fonctionner, comme en Italie. Ils sont en effet vitaux au fonctionnement du pays. Il n’y a que la CGT et quelques autres syndicats extrémistes qui les avaient bloqués totalement en décembre dernier, en particulier en Ile-de-France pour défendre les privilèges des agents de la RATP. Et dire que ces individus se targuent d’agir dans l’intérêt général !
Si la CGT devait mettre ses menaces à exécution, elle prendrait le risque d’obliger Emmanuel Macron à recourir à des mesures d’exception que la pandémie du Covid-19 n’exige a priori pas, comme le recours à l’armée ou les pleins pouvoirs pour faire maintenir la continuité des services publics, condition vitale de la lutte contre la pandémie. Il est évident qu’il s’agirait là d’un ignoble, insupportable et injustifiable abus du droit de grève, et qu’il serait légitime et salutaire de faire adopter en urgence des dispositions spéciales pour que ceux qui se livrent à cette tentative de « fracturer la France » (pour le coup, les paroles d’Emmanuel Macron ne seraient que vérité) soient immédiatement sanctionnés avec la plus grande sévérité.
Mélenchon crierait à la dictature. Qu’il crie jusqu’à en perdre la voix. Cela nous reposerait.
Appeler à la grève de la fonction publique dans une période si grave est un crime contre le service public. Et une mise en danger de la vie d’autrui !
Michel Taube