Au moment où les Italiens constatent une baisse tendancielle du nombre des personnes hospitalisées et des décès, fruit d’un confinement décidé dès le 9 mars, la France n’a pas encore atteint le pic épidémique.
L’information passe si vite qu’il est impérieux de bien mémoriser le calendrier et l’enchaînement des faits pour mesurer le jour venu si la France a anticipé, simplement géré ou, pire, eu constamment du retard dans la lutte contre le coronavirus.
Deux jours après la conférence de presse du professeur Edouard Philippe, avec Olivier Veran, Jérôme Salomon et deux scientifiques (pourquoi ne sont-ce pas les présidents des comités scientifiques près du président de la République qui se sont exprimés ?), le besoin de dresser un point d’étape est crucial. Le premier ministre ne veut laisser personne dire que le confinement a été décidé trop tard…
Est-ce si sûr ? Voici sept griefs qui risquent de peser lourds le jour venu du bilan de la gestion de cette crise sanitaire…
Les gestes barrière mal expliqués
C’est un tableau effrayant qui a été publié par Santé Publique France, puis relayé par des collectivités locales, puis, étrangement, retiré par les pouvoirs publics. Selon cet indicateur, le coronavirus serait beaucoup plus volatile que ce que nous disent les autorités et aurait une vie beaucoup plus longue selon les surfaces sur lesquelles il sévit.
Renseignement pris auprès de deux scientifiques qui en ont corroboré la probabilité, c’est ce document qui aurait dû être diffusé dans la population pour justifier d’un confinement massif de la population.
Les Français sont responsables et demandent juste à savoir pour agir en conséquence. Or les indications de ce tableau renforcent la nécessité de porter les masques !
Eh bien, hier, le ministère du travail publiait la liste du parfait cartable du salarié obligé d’aller travailler s’il veut être protégé contre le coronavirus. Trois fiches techniques selon les secteurs d’activité pour des recommandations du gouvernement à valeur normative que les chefs d’entreprise ont la responsabilité d’appliquer.
Et surprise, pas de masques obligatoires recommandés par le ministère du travail : même si un salarié est contraint d’avoir des contacts prolongés et proches, « il y a lieu de compléter les mesures « barrières » par le maintien d’une zone de distance d’un mètre entre votre salarié et la clientèle, par le nettoyage des surfaces avec un produit détergent, ainsi que par le lavage régulier et savonné des mains. »
La ministre du Travail a rappelé que les équipements et règles de protection des employés revenaient aux entreprises, sur la base donc des recommandations du gouvernement. L’absence de recommandations des masques, dont on connaît la raison (la pénurie de cette arme) risque d’être fortement reprochée par des plaignants, notamment des soignants.
Et cette incurie risque de conduire à l’exercice de multiples droits de retraits professionnels.
La chloroquine pour les médecins libéraux
Au lieu de s’en tenir à une posture de rejet idéologique et obtuse, d’autant plus incompréhensible que les autorités ont dérogé à de nombreuses normes de protocoles pour cause de guerre sanitaire, le gouvernement a retiré aux médecins libéraux le droit de prescrire le Plaquénine recommandé par le professeur Raoult à Marseille.
Remède connu pour de nombreuses maladies, ce droit aurait permis d’encadrer l’usage de ce médicament générique et d’alléger les détresses respiratoires de milliers de patients.
L’appel de l’OMS à tester n’a pas été écouté par la France
Olivier Véran, notre excellent ministre de la santé, dont la conjointe ne dirige pas en sous-main une institution sanitaire en concurrence avec le Professeur Raoult, affirmait samedi 28 mars que l’OMS avait demandé un dépistage massif en sortie de confinement. C’est malheureusement faux.
Dès le 11 mars, donc avant que la France décrète le confinement général du pays, l’OMS demandait aux nations, par la voie de son directeur général : TESTEZ, TESTEZ, TESTEZ !
Donc oui, la France s’est mise trop tardivement à mettre en œuvre de tester tous les Français et ce retard est désormais irratrapable.
Le maintien des municipales : le crime du dépouillement
Aujourd’hui, le coronavirus tue de nombreux concitoyens parmi le million de Français qui se sont portés candidats sur des listes électorales aux élections municipales des 34.968 communes de France. Le maintien du premier tour le 15 mars a constitué une faute sanitaire et politique majeure. Faute partagée avec les leaders des partis politiques, mais faute tout de même.
La ventre mou de dispositif de prévention mis en place pour encourager les Français à aller voter le 15 mars n’a pas été le vote lui-même mais la promiscuité des heures de dépouillement à partir de la fermeture des bureaux de vote. Les assesseurs des candidats, les fonctionnaires municipaux, les maires sortants se sont côtoyés massivement et pendant de longues minutes dans les 34000 communes de France.
Toujours pas de prime aux personnels soignants
A Mulhouse le 25 mars, Emmanuel Macron annonçait le versement imminent d’une prime exceptionnelle aux personnels soignants. Quelle n’a pas été notre surprise de constater samedi 29 mars, au terme de 90 minutes de conférence de presse, que rien n’était dit par le premier ministre en la matière.
Alors que nos soignants affrontent le pic épidémique, il est déroutant de constater cette lenteur alors que nous sommes en guerre et que les ordonnances votées par le Parlement donnent désormais une grande latitude d’action au gouvernement.
L’encouragement concret à nos troupes en première ligne n’est donc pas une priorité ?
Le refus des réquisitions
Martin Hirsch l’avait demandé, le gouvernement l’a refusé : les réquisitions de personnels soignants seules auraient permis d’envoyer des troupes dans le Grand Est et d’épauler les hôpitaux d’Alsace et de Lorraine. Il en sera de même ces jours-ci en Ile-de-France. L’Etat a privilégié les appels à volontaires. Méthode beaucoup plus lente à mettre en oeuvre, notamment pour mettre en adéquation l’offre et la demande.
Un retard constant à l’allumage
Le pouvoir a pris conscience de la gravité de la crise entre le 12 et le 16 mars. Le point presse de Jérôme Salomon, directeur général de la Santé, le 15, qui était quasiment en panique ce soir là, a été selon nous décisif.
En matière d’anticipation, on pourra reprocher le caractère tardif de cette mobilisation générale car le 12 mars, le monde entier est en train se se réveiller et de prendre conscience que nous allons subir une pandémie, des chercheurs de renom ont pourtant alerté les décideurs et l’Italie est déjà en confinement depuis une semaine.
Est-ce le fait de cette précipitation subite de l’exécutif ? Le confinement généralisé, mais imparfait, aura donc été la principale réponse à l’épidémie, comme dans les pays pauvres. Pas respectée dans certaines banlieues, inefficace partout du fait de l’insuffisance des prétendus « gestes barrières » dans les lieux clos (supermarchés, transports…), du mensonge d’Etat quant à l’inutilité des masques dans ces lieux, du défaut d’information de la population sur les règles d’hygiène à appliquer en fonction de la durée de vie du virus (désinfection des emballages, des fruits…) nous a constamment mis en retard.
L’incapacité à rattraper rapidement l’énorme retard pris sur le dépistage (avec avoir menti en affirmant qu’il était inutile), les lits de réanimation, les respirateurs (Trump a imposé à General Motors d’en fabriquer en masse), le refus obstiné de tracer les personnes infectées par la géolocalisation pour les isoler et retrouver celles qui pourrait être contaminés, afin de les tester, rendant impossible la recommandation de l’OMS « trouver, tester, traiter » n’ont pas aidé à surmonter le retard initial. Motif invoqué : l’éthique et la protection de la vie privée. Motif réel : comme pour les masques et les tests, on ne sait pas faire, donc on dit que ça ne sert à rien…
Conclusion : et si nous nous prenions tous la fièvre ?
Pour contourner ces obstacles publics, une solution au confinement des pauvres que l’on subit serait que tout le monde se prenne la fièvre ou qu’à l’entrée de tous les lieux accueillant du public (notamment les supermarchés et les transports), un dépistage immédiat de toutes les personnes fiévreuses soit effectué, suivi d’un confinement absolu en cas de test positif.
Une façon d’emprunter à la Corée du Sud et à l’Allemagne les méthodes plus efficaces que nos partenaires ont su appliquer contre le coronavirus.