Porter un masque alternatif ne servirait à rien ? C’est ce que continuent à clamer de nombreux politiques et scientifiques. Voyez plutôt…
Sur le site du ministère de la Santé, on peut lire : « L’éternuement peut ainsi propager des microbes sur 1 à 6 mètres à la vitesse de 50 kilomètres à l’heure. N’importe qui se trouvant sur la trajectoire d’un éternuement ou d’une toux peut respirer ces microbes et être malade à son tour. » L’information fut publiée le 25 janvier… 2019. Un an plus tard, la « distance de sécurité » fut limitée à 1 mètre et le port du masque considéré comme inutile, même dans un endroit clos. Ce qui est donc valable pour se prémunir contre les virus de l’hiver serait donc inutile a priori contre le coronavirus ?
En mars 2013, l’Institut Universitaire Romand de Santé au Travail – Université de Lausanne et Genève publia une étude intitulée « Propagation du virus de la grippe dans les transports aériens et survie du virus dans l’air ambiant », concluant que le virus de la grippe circule dans l’air ambiant, que le risque d’être contaminé est considérable dans un lieu clos, et que « le port d’une protection respiratoire permet de diminuer fortement le risque d’infection. » Cette étude est toujours consultable sur le site de l’ANSES, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail. Mais évidemment ce conseil ne s’adresse pas au coronavirus que l’on connaît trop bien pour s’être permis depuis bientôt trois mois de l’écarter.
Enfin, il y a eu ce visuel officiel retiré rapidement de toute diffusion qui alertait sur la durée possible de vie du coronavirus selon les surfaces…
Or le Covid-19 est, comme la grippe, un virus respiratoire, mais trois fois plus contagieux et plus dangereux. Il ne peut être le seul virus de la planète qui ne puisse se propager dans l’air. Affirmer qu’aucune étude ne le démontre revient à exiger la preuve par l’absurde. Dans de telles conditions, il est parfaitement légitime de mettre en doute les analyses qui concluent que protéger les voies respiratoires, du moins dans un lieu clos comme un magasin ou un bus, n’aurait qu’une vertu rassurante, de nature psychologique. De la poudre de perlimpinpin, en somme !
Serait-ce pour des raisons psychologiques inverses, en l’occurrence pour ne pas inquiéter la population qu’on n’effectue (ou qu’on ne publie) aucune étude sur la présence et la concentration de coronavirus, en particulier dans des lieux clos, mais aussi là où se retrouvent de nombreuses personnes, comme dans les épiceries ou sur les marchés à nouveau autorisés…
Les Français, quoi que gaulois, sont des adultes ! Ils n’auraient nullement paniqué si les pouvoirs publics avaient lancé dès le mois de février, ou au plus tard le jour où le chef de l’Etat a déclaré la guerre au coronavirus le 12 mars, une mobilisation générale pour fabriquer et porter des masques alternatifs.
Ne pas mettre le port du masque parmi les gestes barrières a été une faute sanitaire !
Par ailleurs, il n’y a pas de raison de ne pas mesurer la quantité de virus en plein air. Bien entendu, on n’imagine pas interdire l’ouverture de fenêtres ou préconiser le port du masque à domicile. Et dans l’hypothèse peu probable d’une forte concentration de Covid-19 dans l’air ambiant, il faudrait bien imaginer des solutions pour s’y adapter, sans quoi autant supprimer toutes les précautions et jouer à la roulette russe. Le pieux mensonge n’est pas une méthode pérenne de gouvernance, qu’elle ait pour objet d’éviter la panique ou de masquer ses insuffisances et ses fautes.
Il est évident que manipuler un masque avec des mains sales, où le réutiliser au-delà de ce qui est préconisé, peut s’avérer dangereux. En outre, vu les libertés que les Français prennent avec le confinement, on peut craindre qu’une généralisation du masque, artisanal ou non, conduise à un coupable relâchement. La seule solution est de modifier l’information quant aux gestes-barrières, immuable depuis le début de l’épidémie, et qui ne tient aucun compte pour le moment de la durée de vie du virus sur différentes surfaces.
L’opinion publique n’est pas dupe : le motif longtemps invoqué d’absence de preuve de l’efficacité du masque a mal caché la pénurie fautive qui obligea à prioriser les personnels soignants et les malades. Quant à l’argument du danger de mal utiliser le masque… On prend les Français pour des enfants ?
Enfin, à ne pas équiper plus tôt les Français en deuxième ligne (des routiers aux caissiers en passant par les éboueurs, facteurs et autres professions vitales), on a favorisé les droits de retrait dans ces nombreux secteurs stratégiques !
Heureusement les Français se mettent à fabriquer des masques car ils sentent bien que cela fait partie des solutions de sortie du confinement ! Non, se protéger le visage n’a pas que des vertus psychologiques !
Les maires de Nice, Christian Estrosi, et de Sceaux dans les Hauts-de-Seine, Philippe Laurent l’ont bien compris qui ont décidé d’obliger leurs concitoyens à porter désormais « un dispositif de protection nasale et buccale ».
Monsieur Véran, il est temps d’intégrer le port des masques dans les gestes barrière !
Michel Taube