Dans ce temps de guerre sanitaire que vit l’humanité, ses 196 États qui la composent et ses presque 8 milliards d’habitants, un nouvel ordre mondial est-il en train de s’accélérer ? Les crises, qu’elles soient militaires, politiques, économiques ou sanitaires sont toujours révélatrices des forces et faiblesses d’un pays comme d’un peuple.
A cet égard, le fait que les États-Unis soient devenus le centre de la pandémie mondiale ne manque pas d’interpeller ! Comment la première puissance mondiale-la plus riche- en es-t-elle arrivée là ? Un échec aussi flagrant, aussi terrible, aux conséquences incommensurables, au point que certains experts parlent déjà, pour qualifier le « monde d’après», de «monde post-américain ».
Nous y voyons plusieurs raisons, certaines liées à l’essence même du système économique et organisationnel du pays, d’autres liées à la personnalité du Président américain.
Commençons par Donald Trump. Ce Président qui, depuis le début de sa présidence n’a cessé d’étonner le monde par son mode de gouvernance par tweet et le retour des USA à l’isolationnisme, s’est montré d’une incompétence rare- dans l’histoire américaine- dans la gestion d’une crise. En effet, dans son obsession de privilégier l’économie par rapport à la vie, ce qui est profondément consubstantiel à son personnage, il n’a voulu voir dans la pandémie qu’une simple grippe et se retrouve donc avec une double peine, un record de morts et un taux de chômage vertigineux.
Le rôle des évangélistes, principal soutien électoral du Président, a été décisif dans cet échec car ils n’ont cessé depuis le début de cette crise sanitaire de considérer que la prière était plus importante que le confinement. Deux Etats américains continuent toujours de suivre cette rhétorique religieuse mortifère, le Dakota et l’Iowa.
Pire, dès le moment où le professeur Fauci a fait accepter au Président le risque de 100 000 morts dans le pays, qu’a-t-on vu ? Le Président a déclaré, tel un marchand de cravates, que si il n’y avait que 60 000 morts, il aurait fait du bon travail.
Le capitalisme américain n’est pas le dernier responsable de l’hécatombe qui ravage le pays. L’individualisme forcené et la loi du plus fort qui caractérisent le « libéralisme made in America » ont « dépouillé » l’immense majorité des Américains de protection sociale et sanitaire, rendant les salariés américains, les plus vulnérables des démocraties occidentales (n’oublions pas que Trump, depuis son élection, n’a cessé de détricoté l’Obamacare mis en place par son prédécesseur). Au point de voir l’État américain verser aujourd’hui un revenu minimum.
Constatons que la plus grande démocratie de la planète, malgré de nombreux rapports internes prédisant une pandémie mondiale, s’est retrouvée, elle aussi, dépourvue de masques et de respirateurs…
Seuls des gouverneurs et maires de grandes villes auront pris la mesure de la pandémie qui frappait le pays et atténueront peut-être la catastrophe créée par « l’irresponsabilité Trumpienne ».
Quoiqu’il en soit, l’Amérique de Trump va sortir affaiblie de cette crise sanitaire. Affaiblie économiquement, socialement et surtout moralement puisque ce Président aura réussi à transformer le « rêve américain » en cauchemar.
Si les États-Unis resteront incontournables dans la nécessaire redéfinition de la mondialisation qui s’engagera dès la fin 2020, elles n’en seront probablement pas le leader surtout en cas de réelection de Trump.
Ce pourrait être la chance de l’Europe si elle reste solidaire : on peut déjà noter que son effort financier-2300 milliards d’euros- face à la crise est égal à celui de l’hyper puissance américaine !