La mort d’un Légionnaire hier, le brigadier Dmytro Martynyouk, suite à ses blessures au Mali dans le cadre de l’opération Barkhane, ne rend que plus pertinente la chronique de Philippe Rosenpick parue le 30 avril 2020.
Nous sommes le 30 avril, et tous les régiments de Légion célèbrent le Combat de Camerone où le 30 avril 1863, sous les ordres du Capitaine d’Anjou, une soixantaine de légionnaires ont résisté, jusqu’au sacrifice suprême, à plusieurs milliers de soldats mexicains.
Au-delà du fait d’armes, il s’agit d’honorer la parole donnée, le respect de la mission, une conception de l’honneur où on doit faire face à une réalité moite et angoissante et prendre sa décision pour savoir dans quelle histoire on va se fourrer, du quel côté de l’histoire on veut être.
Cette année et malgré le confinement, les régiments de la Légion fêteront quand même Camerone, honorant leurs anciens et les valeurs uniques qui font de la Légion une entité à part : « servir avec honneur et fidélité ». Des valeurs dont on devrait parfois s’inspirer en ces temps de délitement du lien social tant elles réunissent des personnes de toutes origines et de toutes confessions. Les festivités se tiennent pour la première fois depuis 1961 sans public. « Le cœur joyeux jamais tremblant ».
Alors que la France est encore confinée, le Covid-19 n’est pas la chauve-souris de Bigard et n’a pas besoin du code pour rentrer dans les régiments où logent des centaines de soldats.
Si le Covid-19 capte l’attention de tous les médias, il faut aussi rendre hommage aux légionnaires et plus généralement à tous nos militaires, qui doivent continuer leurs missions, Covid ou pas. En France ou en opérations extérieures, Il n’y a pas de trêve du coronavirus là ou nos armées sont engagées. On ne dit pas « pouce » pour reprendre le combat plusieurs mois après, à un ennemi qui n’attend qu’une chose, que vous versiez du côte de la faiblesse.
Malgré le Covid, les troupes restent pleinement engagées, continuent leur mission, pour nous permettre de continuer de vivre « normalement ». Malgré toutes les mesures barrière que l’on peut prendre, la vie de soldat est une vie en communauté. Au service de la France. Il n’est pas certain que le confinement soit plus dangereux que ce qu’ont à affronter nos soldats, les légionnaires. C’est bien évidemment un euphémisme.
On a redécouvert dans l’adversité à quel point on avait besoin d’un système de santé solide et combien il fallait louer le personnel de santé pour leur travail et leur abnégation. Nos soldats méritent la même attention, sans attendre que des événements plus dramatiques nous le rappellent.
J’entends souvent sur les médias « bon anniversaire à untel, bon anniversaire à tel autre, en cette période de confinement ». Alors bon anniversaire à la Légion, bon Camerone et merci pour votre engagement au service de notre pays. Faites quand même gaffe à la chauve-souris.