Qui ne se souvient des conditions du déclenchement de la guerre d’Irak, en mars 2003 ? Un président américain, George W Bush, pressé d’en découdre avec Saddam Hussein, avait pris comme prétexte pour envahir l’Irak, la prétendue détention par le régime irakien d’« armes de destruction massive ». Sur la base d’un rapport dénué de toutes preuves, il avait convaincu le Conseil de Sécurité de l’ONU de l’urgence d’une intervention militaire pour neutraliser ce prétendu péril.
Et malgré l’opposition du Président Jacques Chirac et le refus français de participer à cette expédition militaire, l’invasion eut lieu avec ses conséquences catastrophiques pour le Proche et le Moyen-Orient.
Or, les récentes et insistantes déclarations de Donald Trump à l’égard de la Chine, ont un goût de « remake ». Certes le Président américain nous a habitué aux « bouc-émissaires » qui nourrissent sa gouvernance.
Depuis quelques semaines il accusait les Chinois d’avoir menti (sans doute n’ont-ils pas tout dit sur leurs morts et sur les dates de la pandémie) ; il déclarait que le virus provenait d’un laboratoire de Wuhan, contredisant par la même un rapport de ses services secrets précisant que le Covid-19 était d’origine animale et humaine.
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Depuis 72 heures, il est passé à un discours plus dur et plus inquiétant, en comparant le virus à Pearl Harbor (2000 morts) et au « 11 septembre » (3000 morts).
Si le comparatif de mortalité est absurde puisque le Covid-19 approche les 70000 morts dans son pays, l’importance de ces dates dans l’histoire récente des États-Unis participe d’un calcul politique évident que l’on pourrait résumer ainsi : « ce que les Chinois nous ont fait avec ce virus est plus grave que l’attaque japonaise de 1942 et que les attentats d’Al Qaida ».
L’entrée en guerre des Américains dans la deuxième guerre mondiale et l’occupation de l’Afghanistan laissent entendre que la catastrophe sanitaire que vivent les États-Unis (taux de mortalité et de chômage record) mérite une réponse…
Bien sûr, nul n’imagine que l’Amérique fera la guerre à la Chine -pour l’instant- mais cette menace présente deux intérêts pour le « Président-twitter » : le Covid-19 a détricoté les lignes de force de sa politique « America First » (emploi, production de pétrole américain, isolationnisme) avec 28 millions de chômeurs, un baril de pétrole à 30 dollars et une crise qui rend indispensable le multilatéralisme… Cet effondrement ruine sa campagne présidentielle en cours sachant que son bilan calamiteux de la gestion de la crise sanitaire ne va pas arranger ses sondages face au candidat démocrate.
Il lui faut donc désigner au peuple américain un coupable qui puisse masquer ses erreurs et ses fautes. La Chine est le coupable idéal puisque le virus est parti de son territoire, que le bras de fer avait déjà commencé dans les relations commerciales et qu’elle est l’ennemi désigné pour le futur.
Autre intérêt pour Trump : à défaut de guerre, exiger des indemnités colossales de la Chine pour son « crime Covid19 ». Encore faudrait-il qu’une Commission d’enquête internationale puisse apporter la preuve que ces accusations américaines sont fondées.
Mais peu importe pour lui puisque les résultats de cette enquête ne seront probablement pas connus avant novembre 2020.
La présidentielle sera passée ! Et Trump est prêt à tout (ou presque) pour être réélu.