Confinement ou pas, l’heure est à la morosité. L’envahissant Covid a pris ses quartiers d’été, et on ne peut s’empêcher de parler de lui. Pas en bien !… Beaucoup ont étouffé des semaines entières entre ses griffes, nombre ne s’en sont pas extraits, et on les a ensevelis ou brûlés sans même la présence des leurs. Les survivants, confrontés à cette absence, d’un coup, demeurent la proie d’une douleur fulgurante et tenace : la cérémonie des adieux elle-même abolie. Sécurité sanitaire !
L’argument de la sécurité n’est que le vingtième d’une série du même tabac dont la recension nous prendrait trop de temps… Brisons là, car il est probable que nous ayons tout faux ! Le malaise ne vient pas d’aujourd’hui ! Monsieur Covid et ses bûchers clandestins ont bon dos ! Reprenons depuis le début !
Et commençons par un détail : dans les années cinquante, les logements avaient deux, voire trois fois moins d’objets qu’à l’heure actuelle. Cette appétence pour ce qu’on nomme la « consommation de masse » est en rapport direct avec le « malaise dans la civilisation occidentale chrétienne », le principe absolu de plaisir, tout de suite, livraison en sept minutes, et l’abolition de l’autre, vite obstacle, concurrent dans l’entreprise ou pour le dernier strapontin.
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Tout le monde l’a relevé : le confinement a déclenché un vaste renouveau de gestes jusqu’alors abandonnés. Textos, blagues pour lutter contre l’angoisse, téléphone jours et nuits : l’individu seul est un homme mort. Pour preuve, les occupants des EPHAD, ces vrais confinés, sans visites, souvent sans téléphone, ont figuré « hors comptabilité ».
Qui osera l’écrire ? Le rappel de la mort est nécessaire pour bien vivre. La meilleure illustration qu’on puisse trouver, c’est cette dame qu’on pensait la plus immortelle : Eglise catholique, âge 2000. Deux mille ans. Qui dit mieux ? Et pourtant… l’Eglise semble mourir. Ce n’est pas une image ou une formule pour journaliste en panne d’inspiration. Ce sont des faits. La France continue à détruire ses églises. Matériellement. On ne compte plus les maires qui ne voient que charges inutiles dans ces bâtiments désertés par ceux qu’on nommait « fidèles » et ne le sont plus, parce qu’ils ne comprennent plus la langue qu’on y parle. On rase. Nombre d’historiens, certains architectes, trois quatre esthètes et les derniers croyants du village, voire tout simplement les habitués du bar de la place de l’église, devenue déserte, parking venteux et glacé l’hiver, peuvent s’indigner : le rouleau compresseur ne connaîtra-t-il aucune pause ? Mais… pourquoi en connaîtrait-il ? On le sait depuis un demi-siècle, la « Fille aînée de l’Eglise » est devenue « terre de mission ». Est-ce grave, Docteur ? Serait-ce la fin ? Le destin de Notre Dame, après tant d’autres, était-il scellé ?
La situation est grave et il est bien qu’elle le soit ! Pour voir les choses en face… De l’intérieur, l’Eglise vit une transformation dont l’ampleur est telle qu’elle n’apparaîtra pas avant des lustres. On n’a pas attendu Covid pour replacer les choses à leur place. Prenons un exemple pour illustrer : auparavant, le baptême ressemblait un peu à la carte d’admission d’un club. Vous êtes désormais de la famille, et une protection divine vous est assurée. Hop ! Dans une formule peu comprise, Jean-Paul II avait en juin 1980, demandé à la France si elle était « fidèle aux promesses » de son baptême. Car le baptême, c’est le contraire de l’admission à un club ! La vie n’est jamais ce que les parents pensent qu’elle sera. C’est une promesse ! Et c’est bien se frotter à toutes les difficultés, les drames de la vie, que chaque fois, se demander : que ferait le Christ dans cette situation ?
Dès lors, « être fidèle », ce n’est plus se conformer à des codes dont certains ont une furieuse odeur de vieille armoire, mais redonner aux choses leur sens originel. A chaque fois. Et la « bonne nouvelle », c’est que de toutes les façons, nous n’avons pas le choix ! Vous préférez la solitude, c’est-à-dire le néant ? Chaque crise rappelle la réalité à chaque homme pris dans la tourmente. Cette réalité tient en une simple mais indicible confidence : l’autre, c’est moi.
Jean-Philippe de Garate
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