Il est donc fort probable que les conseils municipaux élus au premier tour des élections municipales seront installés en fin de semaine et que, là où il y a ballotage, le second tour aura lieu le dimanche 28 juin. Le premier ministre consulte pour la forme aujourd’hui et il devrait même y avoir un vote (consultatif bien entendu…) à l’Assemblée Nationale en début de semaine prochaine. Entre temps, comme l’a expliqué le constitutionnaliste Didier Maus dans plusieurs chroniques et lors du dernier Live Opinion Internationale, le Conseil d’Etat doit impérativement et urgemment, d’ici vendredi, décider s’il suspend, suite à la saisie de l’association « 50 millions d’électeurs », le décret du Premier ministre signé le 14 mai 2020 autorisant notamment l’installation des conseils municipaux élus au premier tour à partir de vendredi prochain. Dans une démocratie qui se respecte, et où les politiques donnent l’exemple, les élus devraient être les derniers à déconfiner. Imaginer que la vie politique reprenne son cours normal avec la tenue d’élections aussi importantes que les municipales, et alors que des secteurs entiers de l’économie seront peut-être encore à l’arrêt ou en rodage fin juin, cela ne grandit pas le personnel politique. On l’a vu, certes, de nombreux maires de grandes villes et la plupart des dirigeants politiques veulent en finir et tourner la page de cette séquence des municipales. Il faut donc voter au plus vite. A l’exception notoire, dans la macronie, de Richard Ferrand qui s’est dit sceptique sur cette précipitation. Et le fameux conseil scientifique a rendu son verdict : le second tour peut se tenir… mais dans le respect des gestes barrière et sans attroupements de plus de dix personnes. Autant dire sans campagne électorale, sans meeting et avec une participation électorale annoncée en forte baisse. 20% au premier tour… Combien au second ? Nous voici comme revenus à la séquence hallucinante qui s’est déroulée du jeudi 12 au dimanche 15 mars avec le premier tour. L’Elysée pourra ressortir son communiqué de presse du 14 au soir : « Le président a pris sa décision jeudi après avoir consulté l’ensemble des responsables politiques et après avoir eu l’assurance, par le comité scientifique, que ce scrutin pouvait se dérouler sans risques pour les Français. Protéger les Français et maintenir l’unité du pays ont été les deux principes qui ont guidé son action. » Insinsérité des élections La réalité est que la sincérité du vote est entachée par la crise sanitaire et économique qui affecte tout le pays. Et que ce facteur national a dénaturé en profondeur la tenue des élections municipales. Elus formellement, la légitimité de beaucoup de maires, pour six ans, prêtera à caution. La réalité est que tous les dirigeants politiques se sont donnés le mot pour ne pas saisir le Conseil constitutionnel, garant de la Constitution et des valeurs fondamentales de notre démocratie, dont le président Laurent Fabius leur avait pourtant tendu une perche. Cette institution aurait certainement été la seule instance politico-judiciaire à même d’imposer la raison démocratique aux raisons partisanes. La réalité politique enfin est que, comme l’a écrit Didier Maus, « Une élection municipale est un bloc. Si une partie n’a pas lieu, rien n’a lieu ». Emmanuel Macron et Edouard Philippe peuvent se cacher, une fois de plus, derrière les avis du Conseil scientifique, et le consensus du personnel politique. Mais la différence entre un homme d’Etat et un dirigeant politique va pouvoir à nouveau s’éprouver dans les jours qui viennent, comme en ces journées décisives du 12 au 14 mars dernier. A l’époque, en ordonnant la fermeture brutale des restaurants et des commerces et le maintien du premier tour de l’élection municipale (le dépouillement pourrait avoir causé des dizaines voire des centaines de morts, plusieurs conseillers municipaux et assesseurs ayant été frappés dans les jours et semaines suivant le 15 mars), les injonctions paradoxales du en même temps macronien ont brisé la grandeur de l’homme d’Etat qui, seul contre tous (sauf le peuple) aurait pu, aurait dû, reporter de six à douze mois un scrutin devenu dangereux et secondaire pour la France. Les éditoriaux de Michel Taube, parfois sur la vie politique, parfois sur les enjeux de société, en France ou dans le monde, constituent le regard d’un éditeur indépendant de tout parti et de toute chapelle, solidement arrimé à ses convictions libérales, sociales, humanistes et pluralistes, et plus encore aux valeurs de la République française (liberté, égalité, fraternité… et laïcité) et de l’Union européenne (unis dans la diversité). Nous sommes convaincu que l’Etat, c’est nous, nous les Français, nous chacun des citoyens. Que les élus et les fonctionnaires sont les employés et les serviteurs des citoyens, comme aime à nous le rappeler Ghislaine Alajouanine, pionnière de la télémédecine en France. Que la France, grâce aux Français, a des atouts, une histoire, une culture et des talents qui lui permettent de s’ouvrir sur le monde, d’entrer de plain-pied dans la modernité, de voir loin et grand, notamment grâce à ses outre-mer, aux Français de l’étranger et à la francophonie. Et qu’enfin, en France comme en Europe, les institutions doivent être profondément rénovées. Nos éditos naviguent entre critique, parfois colère, et des propositions, une vision ?, pour tenter de bâtir aujourd’hui le monde d’après. Il n’est pas toujours aisé d’être un bâtisseur, mais c’est un devoir de tenter de l’être ! Michel Taube
Michel Taube
Date des municipales : va-t-on nous rejouer le coup des journées du 12 au 14 mars ? L’édito de Michel Taube
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