Les Français n’auront pas le cœur à aller voter le 28 juin et trouveront bien amère l’obligation de faire leur devoir de citoyen alors que des pans entiers de l’économie et de la société n’auront pas encore repris leur cours normal. Tiens, le 28 juin, nous aurions dû être en plein Bac ! Mais lui, on peut l’annuler sine die…. Cela ne met pas en péril les obligations éducatives de l’Etat. Bref, le 28 juin, nous serons un peu le 15 mars. Car Emmanuel Macron a donc décidé que le second tour des élections municipales aura lieu le 28 juin. C’est le Premier ministre Édouard Philippe qui en a fait l’annonce, mais dans notre Vème République vieillissante, et nonobstant la lettre de la Constitution, le chef du gouvernement ne décide que ce que le chef de l’État le laisse décider. Certes, si toute la vie économique et sociale retrouve une quasi-normalité au cours du mois de juin, on ne voit pas pourquoi voter serait plus dangereux que prendre les transports en commun ou s’agglutiner dans les lieux publics, y compris dans les rues des centres-villes, où la distanciation physique est un leurre et où nombreux sont les Français à avoir fait le choix égoïste ou inconscient de ne pas porter de masque. On regrettera le refus absurde et obtus des autorités de ne pas imposer la prise de température à l’entrée de tout lieu accueillant du public, mais on peut penser qu’avec le port du masque et le nettoyage des mains obligatoire pour accéder au bureau de vote, en sus de la fameuse distanciation physique, on risquera plus de contracter le Covid-19 sur le chemin du bureau de vote qu’en effectuant son devoir citoyen. Comme l’a indiqué Édouard Philippe, une seconde vague épidémique peut remettre en cause le calendrier électoral. Cela va sans dire. Espérons surtout que les opérations de dépouillement seront particulièrement sécurisées le 28 juin car le 15 mars, c’est là que le bât sanitaire a blessé ! Plus que le vote lui-même, c’est la campagne électorale qui risque de pâtir de l’impossibilité, pour le moment, d’organiser des meetings et des réunions de campagne, les e-meetings et les e-réunions ne pouvant totalement les remplacer. Christophe Barbier proposait de rétablir le vote par correspondance, mais seul le Maire de Tours apparemment l’a entendu. Ce ne sera pas pour cette fois-ci. De toute manière, cette élection municipale est un fiasco, depuis que le chef de l’État a décidé, en ces funestes jours du 12 au 15 mars, d’annoncer la fermeture des écoles et les prémices du confinement tout en maintenant un scrutin, automatiquement condamné à l’insincérité, comme le confirma le taux d’abstention exceptionnelle. Il suffisait pourtant de s’inspirer de la sagesse britannique, les municipales londoniennes ayant été reportées sans que cela suscite la moindre controverse. Mais ici, il est vrai que toute la classe politique, qui aujourd’hui s’en défend maladroitement et parfois malhonnêtement, tenait à ce premier tour, les seconds couteaux de l’extrême droite criant même au coup d’État dans les médias, en cas de report. Quel dommage qu’Emmanuel Macron les ait écoutés. Cette date marquera à jamais un tournant dans sa gestion de la crise, peut-être un tournant de son quinquennat, voire de ce qu’il restera de son passage à l’Élysée, de sa stature d’homme d’État, car en ces journées décisives, il aurait eu raison contre tous, en reportant les élections municipales de la mi-mars. Aujourd’hui, qu’aurait-on pu faire de mieux ? L’équité et la sincérité du scrutin auraient voulu qu’on reprenne tout à zéro le moment voulu, en septembre ou au début de l’année prochaine. Ce n’est pas faute d’avoir alerté dans nos colonnes, notamment avec le constitutionnaliste Didier Maus. Même le Conseil d’Etat a passé outre ses obligations d’instruire des recours déposés par plusieurs plaignants. L’idée d’annuler les élections acquises dès le premier tour ayant été écartée d’emblée, on aurait pu reporter le seul second à l’automne ou l’hiver prochain. Mais quel sens aurait eu un second tour plus de six mois après le premier. Ce sont les deux tours qu’il aurait alors fallu organiser. Emmanuel Macron a donc dû choisir entre de mauvaises solutions, après sa mauvaise décision du 13 mars dernier. Pour le chef de l’État, ces municipales sont de toute façon un échec électoral, certes tempéré par le fait que LREM n’a pas de candidat sortant. Il veut tourner la page, et passer à autre chose. Il n’est pas le seul à le penser. Ces municipales, c’est comme un mauvais vin, un cru issu d’une année pluvieuse, avec un arrière-goût d’illégitimité qui s’estompera peut-être avec le temps. Mais quoi qu’il en soit, les maires du millésime 2020 sont et seront mal élus, en mars ou en juin. Rendez-vous le 28 juin donc, et #JamaisSansMonMasque ! Michel Taube Les éditoriaux de Michel Taube, parfois sur la vie politique, parfois sur les enjeux de société, en France ou dans le monde, constituent le regard d’un éditeur indépendant de tout parti et de toute chapelle, solidement arrimé à ses convictions libérales, sociales, humanistes et pluralistes, et plus encore aux valeurs de la République française (liberté, égalité, fraternité… et laïcité) et de l’Union européenne (unis dans la diversité). Nous sommes convaincu que l’Etat, c’est nous, nous les Français, nous chacun des citoyens. Que les élus et les fonctionnaires sont les serviteurs des citoyens, comme aime à nous le rappeler Ghislaine Alajouanine, pionnière de la télémédecine en France. Que la France, grâce aux Français, a des atouts, une histoire, une culture et des talents qui lui permettent de s’ouvrir sur le monde, d’entrer de plain-pied dans la modernité, de voir loin et grand, notamment grâce à ses outre-mer, sa puissance maritime, aux Français de l’étranger et à la francophonie. Et qu’enfin, en France comme en Europe, les institutions doivent être profondément rénovées. Nos éditos naviguent entre critique, parfois colère, et des propositions et des pistes pour esquisser une vision, un chemin, et tenter de bâtir aujourd’hui le monde d’après. Il n’est pas toujours aisé d’être un bâtisseur, mais il un devoir de tenter de l’être ! Michel Taube
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Second tour des municipales le 28 juin : le moins mauvais des mauvais choix est finalement le plus mauvais. L’édito de Michel Taube
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