230.000 mariages, 200.000 Pacs chaque année ! Mais une année 2020 blanche, non comme une belle robe de mariée mais comme une page blanche sur laquelle il va falloir reconstruire une société dynamique, heureuse (pardon, préférons « joyeuse » à ce terme pré-empté par les juppéistes en leur temps) et tournée vers l’avenir…
Prenons les choses par le petit bout de la lorgnette : pour bien mesurer les effets parfois catastrophiques de la méthode appliquée pour mettre en œuvre le confinement puis déployer un déconfinement progressif, parlons du plus beau jour de la vie, celui où l’on se promet le meilleur, où tout le monde se dit : « et ils eurent beaucoup d’enfants ! ».
Pourquoi donc a-t-on subitement interdit tous les mariages et les Pacs dès le 16 mars 2020 ? Et surtout, pourquoi le gouvernement n’a-t-il pas dès le 1er mai (pour respecter le délai légal de dix jours de parution des bans) annoncé que dès le 11 mai les mariages pourraient être à nouveau célébrés ?
On se demande pourquoi le mariage civil et le Pacs sont restés impossibles avec le déconfinement partiel du 11 mai et qu’il faudra sans doute attendre mi-juin, même en zone verte. Les mariages ont été reportés à l’automne voire à 2022. Les tourtereaux qui avaient prévu de se marier ou de se pacser au printemps 2020, même avec des effectifs à la baisse et une liste d’invités réduite au strict minimum, les mairies peuvent certes organiser les mariages « urgents », comme pour un militaire en partance imminente pour un théâtre d’opérations, mais en règle générale, elles proposent le report de la cérémonie.
Quand donc les salles des mairies s’ouvriront à nouveau aux mariés et à leurs témoins ?
Le mariage est une institution universelle et ancestrale, un pivot du droit de la famille et du droit civil. Se marier est un droit fondamental. Cinq personnes suffisent à sa célébration : les époux, leurs témoins (un par époux) et l’officier de l’Etat civil. Une grande salle de mairie peut aisément contenir deux ou trois fois plus de monde, sans aucune promiscuité. La distanciation physique peut être largement respectée, le port du masque exigé (sauf pour le baiser des mariés qui ont vocation à partager le meilleur comme le pire), les mains nettoyées à l’entrée de la salle avec du gel hydroalcoolique…
Comment justifier l’impossibilité de se marier ? Serait-ce le risque qu’une fois les anneaux échangés, des centaines de personnes se lancent dans une farandole extatique sur le perron de la mairie pour fêter les jeunes mariés ? Peu probable, en réalité, car depuis le 11 mai, on a souvent le sentiment que le Covid-19 appartient au passé. Nous parlions il y a trois semaines de l’urgente nécessité de réinventer une société du plaisir…
A Paris, où parcs et jardins demeurent fermés, les berges des canaux sont noires de monde. Partout en France, les centres-villes et de nombreux lieux publics ont retrouvé leur grouillement habituel, et donc leur promiscuité, sans que le port du masque soit généralisé, tant s’en faut. Le tribunal administratif de Strasbourg a même eu « l’audace » de casser un arrêté municipal de la Ville de Strasbourg imposant le port de cet outil barrière au centre-ville !
La réalité est que, pour la continuité du service public, et pour les mariés qui souhaitaient s’unir dans l’intimité, les services du mariage et du Pacs des mairies auraient dû continuer à fonctionner pendant toute la durée de la crise, dans le strict respect des gestes barrière !
Malheureusement, comme dans d’autres services publics, en particulier celui de la Justice, la mise à l’arrêt a été totale et un pan entier de la société a été bloqué par l’absence d’un service public, sensé être au service du public.
Pour lutter contre le Covid-19, autant baisser le rideau et rester chez soi, payé plein pot à ne rien faire, diront les mauvaises langues. Si dans les hôpitaux, on était au four et au moulin, on a le sentiment que le surmenage des uns a été largement compensé par le farniente des autres. Là aussi, des comptes devront être demandés à l’issue de la crise, car nous ne payons pas des impôts pour que ce petit monde se repose.
Une déconvenue pour les futurs époux, un désastre pour les professionnels du mariage
Non, ce n’est pas mardi 2 juin, date de la seconde phase du déconfinement, que l’on pourra se marier
La plupart des mariages ont été reportés à l’année prochaine, ne serait-ce que parce que les lieux traditionnellement réservés pour fêter l’événement sont bloqués par d’autres mesures de confinement.
Outre les conséquences que cela peut avoir pour les époux eux-mêmes, cette situation équivaut à une année quasi blanche pour les professionnels du mariage, dont l’essentiel de l’activité est concentrée sur les week-end du printemps et de l’été. De nouvelles victimes du Covid-19, mais également de l’indifférence de certains privilégiés au plus grand désarroi de nombreux autres.
Michel Taube
Merci pour les photos à Gwenaëlle Bizot, fondatrice de L’Amusée : https://www.lamusee.paris/
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