Ensemble contre le coronavirus
10H14 - lundi 1 juin 2020

Le jour d’après sera social et libéral… La chronique de Patrick Pilcer

 

Nous ne sommes pas sans savoir que l’homme a peu de mémoire. Mais quand même, rappelons-nous les propos « lumineux » qui se déversaient dans les médias et sur la toile dès le début de la pandémie. Ce terrible fléau, qui, soulignons-le, a fait pour le moment en France autant de victimes que le cancer du pancréas, est la faute de la mondialisation, du libéralisme, de la recherche du profit. Haro sur les libéraux et les partisans de l’économie de marché. Vive les régimes autoritaires et le retour aux frontières, au chacun chez soi sinon au chacun pour soi et à l’Etat pour tous !

En d’autres temps, on aurait accusé les roux, les juifs, les homosexuels. Je dis en d’autres temps, mais aujourd’hui pour l’Iran ou pour Daesh, les coupables sont faciles à désigner, ce sont toujours les mêmes comme pour la sécheresse ou le mauvais temps, ce sont les Américains, les sionistes et les homosexuels. Inutile cependant de chercher uniquement ce réflexe de recherche de bouc-émissaire à 5000 km.  En France, pour beaucoup, sans chercher sur les sites complotistes, les responsables sont l’économie de marché, le libéralisme et la mondialisation. Lors d’une dernière chronique, je faisais référence à Marc Bloch et à son analyse de la défaite de 1940, à la guerre de retard. Rappelons-nous qu’en 1940, Pétain et Vichy analysaient la situation comme « la faillite universelle de l’économie libérale ». Pour les fascistes, ultra-conservateurs, contre-révolutionnaires et extrémistes d’hier et d’aujourd’hui, l’ennemi c’est le libéralisme. D’ailleurs, le terme de mondialisation a été créé dans les années 1980-90 par les milieux d’extrême-droite complotistes. Je vous renvoie aux excellents travaux de Jean Yves Camus sur l’idéologie de l’extrême-droite.

Pourtant quand Saint Louis meurt de la peste, ce n’est pas dû au libéralisme. Les épidémies qui ont jalonné notre histoire ne sont pas dues à l’économie de marché, et si on a pu mettre au point des traitements et des vaccins, ce n’est pas grâce aux ultra-conservateurs mais aux progressistes. Le repli sur soi ou la fermeture des frontières n’ont jamais été des vecteurs de progrès ou des accélérateurs de recherches scientifiques. Le partage de connaissances, le partage des meilleurs pratiques, le transfert de savoir, de technologies, l’échange de savoirs comme de biens ont, par contre, toujours été des moteurs de progrès dans tous les domaines, et sont consubstantiels du libéralisme. Le libéralisme, économique comme politique, repose sur la Raison, sur la Justice, la Liberté, l’Egalité des droits, la régulation. Le libéralisme ne nie pas le besoin d’Etat, au contraire, mais donne un cadre et définit le rôle et la sphère de chacun. Le libéralisme n’est pas bien sûr le capitalisme car le capitalisme dérive souvent en darwinisme économique comme social. Au contraire, le libéralisme est un des moteurs du progrès social et de la solidarité, de la Fraternité en fait. La France, en fait, quand elle est républicaine, est sociale et libérale. 

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Au passage, rappelons que le plus ancien parti de France, dont la pensée inspire souvent notre pays dans les moments difficiles, le Mouvement Radical, le parti de la République par excellence, se nomme, dans son nom complet, Mouvement Radical Social et Libéral. Je sais bien qu’en France on préfère encore souvent, par manque de culture économique plus que par la Raison, Robespierre à Tocqueville, on préfère avoir tort avec Sartre que raison avec Raymond Aron, mais il faut bien remettre régulièrement la Mairie au milieu du Village. Et plutôt que d’entendre les chantres du monde d’avant-hier, les partisans de Sartre, Marx et Robespierre, et recevoir Chevènement, le Président Macron devrait plutôt relire Tocqueville et Aron et s’inspirer du Mouvement Radical…

Certes, au début de la pandémie, en France, le réflexe de beaucoup a été de tout attendre de l’Etat, et les politiques de tout bord y ont été de leur surenchère, il nous fallait le Tout-Etat, que l’Etat décide de tout, s’occupe des masques comme des salaires, mette en place l’hélicoptère monétaire. Après tout, l’Etat n’est-il pas à la fois le prêteur et l’assureur en dernier ressort, le protecteur ultime. Mais tout partait de Jupiter, du sommet non pas de l’Olympe mais de l’Elysée, et se déclinait par les administrations jusqu’au citoyen lambda. On a vite compris que cela ne marchait pas. Les acheteurs de l’Etat se sont révélés nettement moins efficaces que ceux de la grande distribution. Quand l’Etat a encore du mal, 3 mois après le début de la pandémie, à fournir le personnel essentiel en masques chirurgicaux, les grandes surfaces en proposent en masse dans leurs étalages. A chacun son métier et son savoir-faire.

La logique anti-libérale, la logique du Tout-Etat, a montré qu’elle ne fonctionnait pas. Son corollaire, la logique Top-Down, où tout vient d’en haut, comme dans une monarchie absolue, dans un régime autoritaire ou dans une dictature, ne marche pas plus. Ce qui fonctionne, c’est une logique Bottom-Up, une logique à la Kennedy, où le citoyen ne se demande pas ce que l’Etat peut faire pour lui, mais ce que chacun peut faire pour soi, pour son prochain et pour la société. Une logique pragmatique, efficace, basée sur les résultats.

Ce virus nous aura permis de raviver nos ardeurs à la fois sociales et libérales, en recentrant nos logiques et nos politiques sur l’essentiel, sur les vertus républicaines, sur la Liberté l’Egalité la Fraternité, sur la Laïcité, (car les religions, malgré les tentatives de certains clercs, n’ont pas pris le dessus sur l’Etat), sur le travail, sur la raison, sur le libéralisme en fait.

Un mal pour un bien !

 

Patrick Pilcer

Conseil et Expert sur les Marchés Financiers

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