La lutte contre le racisme, contre tous les racismes, est un combat légitime. Combien de jeunes ont-ils commencé leur « carrière » citoyenne dans la dénonciation des discriminations ? Ce fut notre cas à la LICRA dans les années 1980 et 90 puis en fondant Ensemble contre la peine de mort en 2000 sur la dénonciation de « la machine à tuer » aux Etats-Unis et en défendant notamment Odell Barnes et Mumia Abu Jamal, condamnés à mort noirs américains. A l’époque, nous dénoncions la candidature à la présidence des Etats-Unis d’un certain gouverneur du Texas qui se vantait d’avoir accepté l’exécution de 156 condamnés à mort dans son Etat, un certain George W. Bush. Nous écrivions aussi en 2005, et le redirions volontiers aujourd’hui, « nous sommes tous des juifs noirs » ! Aujourd’hui, le Bush américain s’appelle Donald Trump et nous comprenons (même si nous n’en acceptons pas toutes les raisons) qu’il suscite autant de passions.
Mais personne en France, à part des groupuscules d’extrême-droite, personne ne milite contre les noirs parce qu’ils sont noirs. Le Ku Klux Klan n’existe pas en France.
Lorsque des personnalités comme Omar Sy, Aïssa Maïga et Camélia Jordana se lèvent pour transformer la dénonciation de violences policières en bavures systématiques et en actes anti-Blacks, le tout érigé en racisme d’Etat, elles mettent le feu aux poudres et entretiennent les braises d’une insurrection non pas citoyenne mais populiste et tragique.
Nous avons lu la pétition d’Omar Sy, une des stars préférées des Français, nouveau leader de la colère anti-flics. 150.000 signatures à l’appel d’une star, ce n’est pas un carton au box-office des pétitions !
Tiens, l’artiste est noir et les Français l’adorent ? Etrange pour un pays raciste. Tiens, les Américains ont élu en 2008 un président des Etats-Unis métis (n’oublions pas sa mère, Stanley Ann Dunham), Barack Obama. Même au pays du Ku Klux Klan ? Encore plus étrange. Tiens, les chiffres de la criminalité aux Etats-Unis démentent les assertions d’une société qui tuerait plus ses minorités que les WASP blancs. La réalité est que nos sociétés démocratiques et libérales, France, Royaume Uni, Etats-Unis sont parmi les peuples les moins racistes du monde.
Mais concentrons-nous sur la France.
Omar Sy, Aïssa Maïga et Camélia Jordana s’enferment d’eux-mêmes dans leur couleur de peau là où ce sont des individus dont il est ici question. Ils prennent l’immense responsabilité de s’enliser dans une posture victimaire là où ils devraient appeler les jeunes de banlieue au respect de l’ordre public, au travail, à l’effort, à l’éducation, à la solidarité.
La réalité est qu’en s’attaquant à la police, Omar Sy, Aïssa Maïga et Camélia Jordana mélangent la question sociale et sécuritaire avec la question identitaire. C’est tragique et porteur de grandes violences. Adama Traoré n’est pas mort parce qu’il était noir. Et quand bien même il aurait été victime d’une bavure policière (ce qui reste à prouver), y ajouter l’accusation de racisme de la part des policiers ou de l’autorité policière, c’est dénaturer des faits que nul ne connaît à ce jour. La justice tranchera.
Omar Sy oublie d’expliquer les raisons des « violences policières » (le terme est paradoxal, la violence légitime étant détenue, jusqu’à nouvel ordre, par l’Etat) : le rôle des policiers est d’assurer l’ordre et la sécurité et leurs millions d’interventions dans les cités de banlieues depuis trente ou quarante ans sont dues aux incivilités, aux trafics en tous genres et aux violences urbaines qui s’y sont multipliés. Comment éviter que se produisent des bavures, toujours trop nombreuses, et toutes des tragédies, mais au final minimes par rapport à ce terreau d’insécurité permanente ?
Parmi les jeunes victimes de violences policières, combien étaient des délinquants multirécidivistes aux casiers judiciaires plus longs qu’un cv ? Combien se faisaient un défi et un malin plaisir de défier les policiers et de jouer les gros bras face à eux, surtout sur leurs terrains de jeux que sont les pieds de leurs immeubles ? Omar Sy feint de l’oublier.
Parfois, trop souvent, ces délinquants sont noirs ou arabes. C’est d’ailleurs pour cela qu’ils sont nombreux dans les prisons françaises. Et pourquoi ce fait ? Non pas en raison de leur couleur de peau ou de leur origine (bien qu’il y ait des cultures plus sanguines et tactiles que d’autres, comme nous l’avons vu avec le manque de respects des gestes barrière et de la distanciation physique dans de nombreuses banlieues pendant la crise du coronavirus) mais peut-être parce que ces derniers ont souvent grandi, de génération en génération, dans la promiscuité, dans des familles souvent monoparentales, avec une éducation relâchée ou absente, dans des cités délaissées ou confisquées par des réseaux de dealers (auxquels se sont ajoutés depuis quinze ans des leaders religieux), devenues des ghettos urbains, des terreaux à une islamisation radicale dangereuse et, au final, des territoires (presque) perdus de la République. Demandez aux pompiers, aux facteurs, aux instituteurs et aux professeurs, aux travailleurs sociaux, aux policiers bien sûr ce qu’ils pensent du climat dans lequel ils y sont reçus !
Des Omar Sy ont pu sortir de ces ghettos mais combien y sont restés, ont préféré ou n’ont pas su faire autrement que de céder aux tentations des petits trafics, de l’oisiveté et du manque de respect d’autrui ?
L’ascenseur social est en panne en France, c’est vrai, des discriminations y sont commises au logement et à l’embauche, c’est vrai. Et c’est inadmissible ! C’est sur notre échec collectif à gérer la question sociale, bien plus que chez nos voisins anglo-saxons, que poussent aussi les mauvaises herbes de revendications identitaires.
Plutôt que scander un discours victimaire et de s’ériger en nouveau champion des damnés de la terre, Omar Sy ferait mieux d’appeler tous les jeunes au respect de l’ordre public, à ne pas manifester en période d’état d’urgence sanitaire et à s’engager dans des projets professionnels et dans un combat politique constructif et républicain !
La lutte contre le racisme n’a rien à voir avec la colère sociale qui travaille notre pays. A vouloir mélanger les deux, surtout lorsque des pyromanes comme Jean-Luc Mélenchon et Christiane Taubira s’en mêlent, nous aurons la guerre civile.
Oui, nous disons volontiers #BlackLivesMatter mais tout autant #YellowLivesMatter lorsque les Asiatiques sont victimes de discriminations depuis le déclenchement de la crise du coronavirus. Ou #JewLivesMatter lorsque les juifs sont encore et de plus en plus victimes d’antisémitisme dans les banlieues françaises et sont obligés de les quitter. Et nous ne parlons pas du sort que l’histoire leur a réservé !
Au fond, deux seuls combats méritent d’être menés, a contrario du racisme anti-Blanc qui prend le dessus parmi certains antiracistes de couleur : #ALLlivesMatter et vive la France, laïque et républicaine !
Michel Taube