Et si être père à l’ancienne était la forme la plus moderne de paternité ? La fête des pères est l’occasion d’offrir le témoignage réflexif de Bernard Rodenstein, pasteur retraité et personnalité historique de la Ville de Colmar, « capitale » du Haut-Rhin en Alsace…
« Être père ! » Vater werden ist nicht schwehr, Vater sein, dagegen sehr ! « Il n’est pas compliqué de devenir père. Mais il est très compliqué de l’être ! »
J’ai retenu la sentence souvent énoncée par les anciens. Et j’en ai surtout fait l’expérience. Je suis devenu père à la faveur de mon premier rapport sexuel avec celle qui est devenue mon épouse quelques semaines plus tard. Une fille merveilleuse en est née. Voilà ! J’étais devenu père ! Rien de plus simple.
Être père a été plus difficile. Je faisais des études. J’avais des copains. Quelques engagements. Comment partager son temps entre les uns et les autres ? Avoir un bébé, c’est tout mignon, mais s’en occuper ? Quelle place prendre entre la mère et sa fille ? Et viennent les charges professionnelles et militantes ! Que privilégier ? Contrairement aux femmes, les hommes ont plus de mal à jongler avec deux mondes, la vie sociale et les obligations familiales. J’entends rugir les jeunes générations !
Hommes et femmes ont aujourd’hui les mêmes rôles au sein du foyer et les cumulent également avec les tâches externes. J’appartiens à une « école » où les choses étaient encore plus différenciées. Et je ne suis pas surpris des reproches que l’on me fait sur la manière dont je n’ai pas été le père que des enfants peuvent se souhaiter. Très peu présent à la maison. Leur ayant consacré peu de temps. Ils ont tous grandi sans que je ne participe beaucoup à leur formation. Et malgré tout j’ai pesé sur leurs choix. Les enfants ont tous envie de plaire à leur père. Même lorsque celui-ci n’en a pas conscience. Et quand les enfants « réussissent « leur vie », ce qui est le cas des miens pour autant que je puisse en juger, le père n’en est pas peu fier !
La consolation d’un père est bien celle-ci : aussi piètre qu’il a pu être, les enfants se débrouillent à merveille pour le prendre comme il est et s’en sortent bien, seuls comme des grands ! Sachant que très souvent la mère compense admirablement les défaillances du père ! Je parle d’expérience !
Bernard Rodenstein
Pasteur retraité, Fondateur d’Espoir (association humanitaire dans le champ de l’insertion sociale et professionnelle) à Colmar (68), Ancien conseiller municipal de la Ville de Colmar