Dimanche soir prochain, nous pourrons nous dire ceci : Jeanne Barseghian, la dirigeante écologiste strasbourgeoise, aura failli devenir Maire de Strasbourg avec une élue municipale, Madame Khadija Ben Annou, portant le voile, pardon, un hijab ! Strasbourg aura peut-être dimanche soir, et pour six ans, une conseillère municipale voilée, signe non seulement d’une appartenance communautaire mais surtout identitaire religieuse.
D’ailleurs, comme on le voit sur cette vidéo, les militants n’hésitent pas à exhiber l’image de leur candidate voilée comme un argument électoral. Ce n’est plus du clientélisme, mais du racolage communautariste annonciateur de dangereuses compromissions !
Et personne ne s’en est offusqué. Ni ses colistiers, ni Yannick Jadot ou Julien Bayou, les patrons des écologistes en France, ni les adversaires strasbourgeois de la candidate, ni le préfet du Bas-Rhin !
En novembre 2019, quelques-uns de nos élus courageux, Xavier Bertrand et Bruno Retailleau en tête, s’étaient pourtant fendus de quelque velléité de légiférer pour interdire les listes communautaires ou communautaristes. Emmanuel Macron s’était dit finalement opposé à l’interdiction de ces listes.
Or au pays de la laïcité, les signes ostentatoires n’ont pas leur place dans l’espace politique national. L’Etat et ses agents doivent rester neutres. Les élus de la République, et donc les candidats à quelque mandat électif que ce soit, ne peuvent arborer de signes religieux. Pas de kipa, pas de croix ostentatoire, pas de voile, pas de turban qui permette de désigner la religion d’une personne.
Le voile musulman (qui n’est pourtant pas une prescription coranique, selon Mohammed Moussaoui, l’actuel président du Conseil Français du Culte Musulman, le CFCM) est devenu « au mieux » l’affirmation d’une identité religieuse, l’Islam, au pire, un étendard de l’islam politique, avec lequel une certaine gauche n’hésite plus à faire alliance, d’abord localement, s’acharnant à transformer en réalité prochaine possible la fiction imaginée par Michel Houellebecq dans son roman « Soumission ». Rappelons, une fois encore, que la plupart des femmes n’étaient pas voilées dans de nombreux pays musulmans, jusqu’à ce que dans le cours des années 1970, les fréristes et autres salafistes les renvoient au Moyen-âge au prétexte d’une religion bafouée.
Certes, Strasbourg est en terre concordataire. Certes, le dialogue-interreligieux y fonctionne bien depuis des décennies. Certes, Madame Khadija Ben Annou, est certainement une dirigeante d’associations volontaire et engagée dans la cité. Une bonne citoyenne en somme ! Mais pas une bonne candidate car elle n’a pas retiré son voile pour poser devant le photographe officiel de la liste écologiste à la mairie de Strasbourg.
Les Strasbourgeois veulent-ils d’une élue voilée à Strasbourg ?
Car, il faut le dire, le climat de concorde qui règne en Alsace n’a pas empêché de jeunes Français Strasbourgeois de semer la terreur et la mort le 10 décembre 2018 en plein Marché de Noël au nom d’un islam dévoyé. Les écolos strasbourgeois l’auraient-ils oublié ? Une chose est sûre : ils n’ont pas compris que la laïcité française est attaquée, pire, menacée dans sa survie à horizon d’une génération.
La liste Strasbourg Écologiste & Citoyenne est arrivée en tête du premier tour des élections municipales de Strasbourg, le 15 mars dernier. Vive l’écologie, pourrait-on dire, et même se féliciter de cette prise de conscience de du plus grand défi auquel sera confronté l’humanité dans les prochaines décennies. Les réjouissances écolos devraient néanmoins être tempérées dimanche soir, au terme du second tour des élections municipales, puisque le rapprochement entre LREM et LR, qui pourrait inspirer les instances nationales de ces parties, évitera peut-être aux Strasbourgeois d’avoir dans leur conseil municipal une femme voilée.
Jeanne Barseghian, tête de liste « écolo et citoyenne » à Strasbourg, sombre dans le clientélisme conduisant à des accommodements pas vraiment raisonnables. L’écologie ne pourra jamais prétendre exercer le pouvoir si elle ne prend pas ses distances avec cet islamo-gauchisme incarné par Jean-Luc Mélenchon et soutenu par le parti communiste, qui sont prêts à passer par pertes et profits nos valeurs républicaines, en particulier la laïcité et l’égalité entre les femmes et les hommes, au bénéfice de quelques bulletins de vote.
Daniel Cohn Bendit, proche de Macron, se plaint des alliances de LREM avec LR et préfèrerait que le parti présidentiel se rapproche des écologistes ? Mais avec quels écologistes ?
Espérons que d’ici dimanche Yannick Jadot, « patron » des écolos et qui se rêve à l’Elysée d’ici deux à douze ans, saura trouver les mots justes pour condamner la dérive communautariste de ses troupes. Interrogé par Le Figaro le 30 janvier dernier, il avait souligné que « le port d’un signe religieux dans l’exercice du mandat d’élu est contraire à ces principes et donc inacceptable ». Manifestement il n’a pas été entendu à Strasbourg… A moins qu’en interne, au sein de la base et de la direction d’EELV, on l’entende d’une autre oreille…
Car le cas de la candidate strasbourgeoise n’est pas isolé : à Laval, une femme voilée figure également sur la liste écolo.
La laïcité signifie-t-elle encore quelque chose ?
Nous le redisons, Madame Khadija Ben Annou, cette auguste personnalité est sans doute une personne de qualité. Mais elle n’est pas à sa place sur une liste d’un parti qui aspire à exercer les plus hautes responsabilités locales et nationales en France. Nous ne sommes pas aux États-Unis ni au Royaume-Uni.
Si Madame Khadija Ben Annou veut faire de la politique, elle est la bienvenue : il lui suffit de retirer son voile !
La France chérit la laïcité, et même ceux, qui veulent la réduire au périmètre de l’État et de la loi de 1905, ne devraient accepter ce dévoiement de la liberté de conscience au bénéfice du communautarisme. Selon l’article 1er de la Constitution, ce n’est pas l’État, mais la République entière qui est laïque. Mais plus qu’une règle de droit, plus qu’un principe, même constitutionnel, la laïcité est une philosophie, un mode de pensée, une culture, un, art de vivre, une valeur sacrée de la France, que les islamogauchistes s’acharnent à détruire.
Que la bienpensance ne pousse pas des cris d’orfraie à la lecture ce cette indignation : ce n’est pas l’islam qui est en cause, mais la défense de la laïcité. Nous aurions eu la même réaction face à un candidat arborant ostensiblement son judaïsme, son christianisme, son bouddhisme… Mais il faut bien avouer que nous n’en avons pas trouvé.
Il est dangereux que nos plus hautes juridictions deviennent complices de cette dérive communautariste en cours par petites et grandes touches : le Conseil d’État avait considéré en 2010 dans un avis que « la présence d’une candidate voilée sur une liste électorale n’est pas contraire à la liberté de conscience, à l’égalité des droits et au droit à la sûreté, au principe de laïcité, à la loi sur la séparation des Églises et de l’État et n’est donc pas de nature à faire obstacle à l’enregistrement de la liste en préfecture ». Et le Conseil d’Etat d’ajouter cette phrase qui tue (la laïcité) : « Considérant que la circonstance qu’un candidat à une élection affiche son appartenance à une religion est sans incidence sur la liberté de choix des électeurs et ne met pas en cause l’indépendance des élus… »
Comment cette haute juridiction administrative peut-elle violer l’article 1er de la Constitution et réduire la laïcité à la seule loi de 1905 ? Il faut dire que, dans une décision récente proprement scandaleuse, même le Conseil constitutionnel refuse au législateur et au juge le droit de nous défendre contre la dissémination de la haine et la promotion du Djihad, au nom d’une liberté d’expression pervertie.
Alors que la laïcité ne cesse d’être grignotée et que la mouvance antiraciste sombre dans le racialisme, les pouvoirs publics restent les bras ballants. Si la loi, même constitutionnelle, nous interdit de préserver nos valeurs fondamentales, changeons la Constitution pour mieux défendre la laïcité !
La Cour européenne des droits de l’homme, dont le siège est à Strasbourg, nous reconnaît, dans plusieurs décisions courageuses, le droit de défendre nos valeurs et principes lorsqu’ils sont attaqués. Nous y reviendrons dans un projet article. Il est incompréhensible que nos institutions y fassent obstacle.
Non, décidément, à Strasbourg, nous n’osons croire que nous aurions dimanche soir une femme voilée élue dans la capitale européenne des droits de l’homme, siège du Parlement Européen.
Quant à Emmanuel Macron, il fustige régulièrement ceux qui veulent faire sécession. Paroles, paroles, paroles, chantait Dalida ?
Michel Taube