A la veille du second tour des élections municipales, et après la crise du Covid-19, l’écologie est devenue enfin une des préoccupations majeures des Français. Cela marque un tournant historique, les mots ne sont pas trop forts.
L’écologie est aujourd’hui une évidence et elle concerne tous les citoyens, tous les acteurs économiques dans tous les secteurs.
L’écologie n’appartient donc à personne et concerne tout le monde.
Proclamer que seul Europe Ecologie les Verts peut incarner cette cause revient à disqualifier 80% de l’électorat et la quasi-totalité des élus. Soyons sérieux. Dans toutes les communes de France, cela fait des décennies que des initiatives fortement impactantes pour la santé de notre planète ont été menées par des élus de tous bords sans que les écologistes ne soit attendus comme le Messie. Strasbourg est par exemple la ville la plus « vélo » de France grâce à des politiques publiques menées depuis des décennies, avant même que l’écologie ne soit jamais prononcée dans un débat public.
Défendre la planète, l’air, l’eau et notre environnement exige avant tout d’être réaliste et constructif. Faire de l’écologie exige de faire adhérer les citoyens et surtout de ne pas de les punir, ni au porte feuille ni en les culpabilisant.
A Strasbourg, nous avons rencontré la tête de liste strasbourgeoise Jeanne Barseghian, vendredi 19 juin, lors d’une réunion de quartier et l’avons interrogée sur sa politique économique. Son parti s’était qualifié au second tour en virant en tête largement avec 27% des voix.
Nous l’avons interrogée sur son idéologie de gauche et sur sa politique économique.
Avant d’entendre sa réponse, nous avons argumenté que Strasbourg, capitale fière de l’Europe, cette ville magnifique (à visiter absolument cet été), riche de ses diversités, de son humanisme, est un des lieux où le capitalisme rhénan avait pris sa source.
Ce capitalisme rhénan a toujours été très redistributeur et l’Europe a connu depuis deux siècles sa plus forte croissance depuis que l’Histoire est Histoire.
Bien sûr, ce capitalisme a petit à petit laissé la place à un capitalisme anglo-saxon, dur, inégalitaire que nous subissons tous aujourd’hui. Evidemment, nous avons précisé qu’il fallait revenir à notre identité et que tous les démocrates raisonnés appelaient au retour d’un capitalisme européen humaniste qui remette la redistribution au cœur du système.
La tête de liste « Vert » a répondu de manière surprenante.
Elle a affirmé que ses colistiers avaient remisé leur idéologie au placard et que ce n’était qu’un regroupement de citoyens, pas d’appareil ! Qu’il n’y avait pas d’idéologie dans leur programme.
Ah bon ? Mais pourquoi ? Les partis seraient-ils à fuir ? Sont-ils à bannir ? Il me semblait que c’était l’expression d’une démocratie saine, dynamique. Peut-on faire de la politique sans idéologie ? Soyons sérieux, honnête, transparent ! Assumez votre identité, voyons !
Sur le terrain économique, elle a argumenté ensuite que la dette était la solution pour répondre aux besoins et qu’elle était utilisée par tous les gouvernements, toutes les institutions depuis la crise sanitaire. Elle n’a pas répondu à la question de savoir qu’elle était sa stratégie économique, elle a botté en touche car elle ne comprenait pas ce que dynamique économique et valeur ajoutée, créateurs de richesse, voulaient dire… Elle ne savait pas comment faire !
Sa réponse en deux temps illustre bien le drame de l’écologie à la française.
Doit-on rappeler que le capitalisme est devenu une idéologie pragmatique car il résout une équation humaniste (l’individu est au cœur du système et il y est libre) qui consiste à créer de la valeur ajoutée, de la richesse pour la redistribuer mais aussi pour financer nos chirurgiens, nos infirmières, nos enseignants et nos écoles, nos routes, la police, les armées et tous les services publics.
Cette équation fonctionne très bien dans le nord de l’Europe et fonctionne bien chez nous. Arrêtons de critiquer à tout va, de dire que nous sommes pauvres … Allez voir à 1000 km de chez nous et vous verrez l’état du système de santé, des écoles, des routes … !
Or en France, Europe Ecologie les Verts est composée en grande partie d’altermondialistes, de gauchistes, parfois de communistes et de socialistes reconvertis qui ne s’entendent pas une seule seconde avec les écologistes sincères sur le modèle économique à appliquer pour créer de la richesse et la redistribuer.
A l’heure où la première préoccupation des électeurs après cette grave crise sanitaire devient la grave crise économique, nous sommes en droit de savoir qu’elle va être leur stratégie économique. S’inscrit-elle dans un modèle capitaliste redistributeur défendu par une partie de son électorat (très minoritaire à mon sens) ou veulent-ils renverser la table et créer un modèle que j’ai du mal à qualifier et qui satisfera la majeure partie de leur équipe, l’aile extrême de la gauche française qu’Europe Ecologie les Vert est seule à représenter au second tour ?
La réalité idéologique de Europe Ecologie les Verts est pathétique.
Au contraire des Grünens allemands, les verts français sont par définition d’extrême gauche, et accueillent peu à peu bon nombre de déçus du communisme et du socialisme. Derrière les étendards verts se cachent les chevaliers rouges et roses et cette tromperie est un drame pour la cause noble que représente l’écologie.
Leur incapacité à s’entendre, leur propension au débat idéologique interminable et creux prouvent leur incapacité à gouverner et à affronter les enjeux immenses de la reprise économique.
Cette question est essentielle, elle fondera leur politique municipale pour les six prochaines années. Leur compréhension de l’économie, de la dynamique nécessaire à la création de richesse exige d’être limpide sur son idéologie, sur le système qu’ils vont appliquer.
Leur seule réponse est l’endettement ! Leur seule solution miracle est de dire que l’emprunt va permettre de répondre aux besoins immenses de la société.
Mais c’est faux, c’est à peine un palliatif. Et nous refusons que nos enfants réparent les erreurs de notre génération. Quelle hypocrisie !
Nous redisons qu’il faut créer de la richesse (pas de l’endettement) et pour cela il va falloir travailler plus, mieux et ensuite redistribuer le produit de ce travail grâce à ce système capitaliste qui permet de transformer 1 euro travaillé en 3, 4 10 € redistribués.
Tout autre solution n’est que mensonges et tromperie. De l’abus de confiance !
A l’heure des choix, à une époque où la complexité administrative, juridique atteint des sommets, il faut désigner des élus pour leurs compétences avant tout, des « femmes et hommes » de dossier qui sauront créer et piloter une dynamique économique forte. Et le faire avec tous les acteurs économiques dans la cadre d’un capitalisme européen humaniste.
Soyons clairs : Europe Ecologie les verts n’apporte aucune solution et ment aux salariés pauvres, aux retraités pauvres, aux quartiers difficiles, aux « fins de droit » qui méritent des solutions fortes immédiates et surtout, surtout, EELV n’est pas clair sur ses intentions idéologiques et sa stratégie économique.
A Strasbourg, les commerces et les entreprises seraient les premières victimes d’un programme écolo-punitif.
Votez écologie… ? Bien entendu, pourquoi pas ! Mais pas une écologie communiste ou socialiste… Pas en 2020… Pas demain ! Cqfd !
Daniel Aaron