Quel paradoxe : le seul vainqueur macronien du second tour des élections municipales, c’est le premier ministre. Car la défaite de la macronie aux municipales est totale.
Le président de la République peut-il donc se permettre de se passer de son seul rescapé (avec Gérald Darmanin à Tourcoing) ?
A moins de deux ans des présidentielles (si Emmanuel Macron tient jusqu’à là), il lui faudra un bon fusible face à la contestation sociale qui s’annonce, permettant à Sa Sainteté élyséenne, que l’on dit vouloir à nouveau se jupitériser, de revêtir les habits de père de la nation.
Avec le large succès d’Édouard Philippe au Havre, le chef de l’État ne peut guère se séparer de son actuel Premier ministre, comme le lui supplient pourtant les blanc-becs qui l’entourent, cette jeune garde qui accompagna Emmanuel Macron en 2017 et dont le chef de l’Etat n’arrive pas à se séparer tel un sparadrap qui vous colle à la peau.
Edouard Philippe « remonte » ce matin à Paris en position de France. Il est peut-être le dernier atout du chef de l’Etat. Sa bouée de sauvetage. Dans l’intérêt du pays, pour éviter l’aventure, Edouard Philippe ne démissionnera probablement pas ce matin, même si son intérêt personnel serait de prendre du champ et de se mettre en réserve de la République, bien au chaud dans sa belle ville du Havre, pour se préparer à prendre le leadership au centre droit sur un Emmanuel Macron démonétisé en 2022.
Edouard Philippe candidat à la présidentielle de 2022 ? Peut-être en rêve-t-il. Les rêves des uns peuvent être les cauchemars des autres.
Mais Edouard Philippe, comme l’était François Fillon avec Nicolas Sarkozy, est homme loyal. Il sera certainement chargé de constituer un nouveau gouvernement !
Vu les nuages noirs qui s’amoncèlent dans le ciel de France, annonciateurs de vents automnaux, le casting de ce nouveau gouvernement Philippe devra être solide. Très solide. Opinion Internationale publiera demain sa « dream team », celle qui pourrait mener le paquebot France, quelles que soient les tempêtes sociales qui s’annoncent.
Sous pavillon havrais !
Michel Taube