Michel Taube commente l’actualité politique de ce 20 août avec Julien Arnaud et Guillaume Perilhou sur LCI :
Emmanuel Macron a déjà prévenu, dans son interview de fin de vacances à Brégançon pour Paris Match : « on ne peut pas mettre tout le pays à l’arrêt ». Mais, de préciser auparavant : « on ne s’interdit rien ». Le fameux « en même temps macronien ».
La pression est de mise : à deux jours des premiers grands retours de vacances et à dix jours de la rentrée, chaque jour la courbe pandémique du coronavirus reprend de plus belle, et ceci partout dans le monde (sauf en Chine, semble-t-il…). Certes, pour le moment, en Europe, les hospitalisations graves sont encore peu nombreuses mais elles augmentent et, désormais, elles frappent aussi des jeunes.
Alors, pourquoi le gouvernement saucissonne-t-il ses décisions en fonction des territoires ? Alors même que cette grande cause nationale qui est de tout faire pour éviter un reconfinement général exige des mesures simples, fortes et suivies d’effet.
Nice et Toulouse sont les premières grandes villes qui viennent d’imposer le port du masque dans toute leur agglomération. A quand la même mesure dans tout le pays ? Le port du masque est la seule mesure connue, avec les autres gestes barrière et la protection des plus fragiles, qui permette de freiner la circulation du virus dans l’air d’une personne à l’autre.
Il faut dire que les médecins n’aident pas le gouvernement…
Après les polémiques sur la chloroquine et le tabac, après des publications qui se contredisent sans cesse dans les « grandes » revues scientifiques, après les masques inutiles devenus indispensables, les enfants très contagieux (la fermeture des écoles avait précédé le confinement), puis pas si contagieux, puis si, puis non, puis…, et idem avec les tests, la prise de température…, on croyait avoir tout vu. Et bien non !
Au cœur de l’été, on a vu poindre une nouvelle querelle de blouses blanches après que le professeur Eric Caumes a préconisé à la une du Parisien de laisser les jeunes s’infecter, puisqu’ils sont majoritairement asymptomatiques (et qu’ils ne font évidemment pas la bise à Mamie et à Papi !). La plupart des autres médecins ont alors exprimé tout le mal qu’ils pensaient de cette idée, avant que quelques-uns se montrent plus hésitants ou confus. Il faut dire que dans certains pays scandinaves, on est même opposé au port du masque, préférant encore miser sur cette fameuse immunité collective. Mais là aussi, avec des réserves et des limites, car ce jeu de dés risque de se révéler macabre, comme ce fut le cas ailleurs au printemps dernier.
Alors que la plupart des grandes villes de France imposent désormais le port du masque dans la rue, du moins dans les zones à forte densité de population (encore une source de confusion et d’incompréhensions, surtout à Paris où la règle peut changer en traversant la rue), les éminents professeurs galonnés y voient l’occasion d’une nouvelle passe d’armes. Mesure indispensable pour les uns, inutile, voire néfaste pour les autres, ces scientifiques (pas tous, fort heureusement) continuent d’asséner leur vérité, drapés dans le blanc de leur blouse de sachant.
Pour notre part, nous réitérons notre analyse pragmatique de béotien inculte et ignorant, celle qui fut déjà publiée dans Opinion Internationale au début de l’épidémie au mois de février : face à un virus qui s’introduit principalement en nous par les voies respiratoires, et sachant que la toux et l’éternuement peuvent le disséminer sur plusieurs mètres, même en plein air, se couvrir le nez et la bouche quand il y a du monde (expression volontairement non scientifique) relève du pur bon sens.
Certains nous rétorqueront que le bon sens n’est pas un critère scientifique. Mais nous l’avions parfaitement compris !
Revenons au politique : si l’on veut éviter entre le 29 août et le 1er septembre des journées de panique au plus haut sommet de l’État, comme nous y eûmes droit du 12 au 17 mars dernier, c’est dès le premier conseil des ministres de rentrée, c’est-à-dire mardi 25 août, que l’exécutif doit frapper fort, imposer le port du masque dans tout le pays dès mercredi 26 août et déployer de grands moyens de contrôle et de sanction si la mesure n’est pas respectée.
Sinon le risque d’emballement de la pandémie en France dans les quinze premiers jours de septembre, probablement avant, risque de compromettre la rentrée scolaire et la reprise économique tant espérée…
Michel Taube