Apocalypse Now
11H04 - vendredi 21 août 2020

Paris sous les eaux : la plus grande de toutes les crues de la Seine. Notre série « Apocalypse Now »

 

 

Apocalypse now. La série estivale chaude chaude chaude de Marginal Ray

La fin du monde ? Certains y croient. Et ils sont de plus en plus nombreux. Mais pas la rédaction d’Opinion Internationale. En revanche, que cela aille de mal en pire sur certains fronts, comme le réchauffement climatique, la montée des communautarismes ou le transhumanisme, c’est une certitude.

Alors, lâchons nous. Marginal Ray, musicien, est aussi conteur à ses heures, et nous propose un mois de montagnes russes avec, chaque lundi et jeudi, des scénarios fous mais qui, à l’américaine cette fois-ci, se finissent en Happy End (peut-être pas pour tout le monde !).

1. L’effondrement de la Bourse

2. Le moustique tigre envahit la France

3. Neymar quitte le PSG.

4. Paris sous les eaux.

5. Michael Jackson cloné.

6. Google et Intel inventent l’Homme augmenté.

7. Feux de forêt au Bois de Boulogne

8. Mohammed Moussaoui Président de la République

Fin de la série avec Israël-Iran : guerre et paix.

 

 

La pluie s’était mise à tomber sans discontinuité, comme pour tourner la page d’un été caniculaire. Curieusement, l’orage de la veille n’avait donné que peu de pluie, et ce matin du 22 septembre, premier jour de l’automne, la température avait chuté de plus de près de 15 degrés sur la capitale. Du jour au lendemain, les Parisiens durent sortirent parapluies, coupe-vents, et même petites laines, comme on disait autrefois.

Et depuis, la pluie tombe inexorablement, ni fine ni en trombe, mais avec une régularité exacerbante, dans une grisaille qui semble perpétuelle, surtout en journée, quand la Ville lumière n’est que ville tristesse, mais trop nerveuse et même stressée pour être mélancolique.

Hier, j’étais sur le Pont de l’Alma, juste avant qu’il soit fermé à la circulation, même des piétons, comme la plupart des ponts de Paris. Je scrutais non sans angoisse le fameux Zouave. En ce début d’octobre, alors qu’il fait à peine 10° et que la pluie tombe et tombe encore et encore, le Zouave avait de l’eau jusqu’au nombril. L’eau s’était d’abord infiltrée dans de nombreuses caves, puis dans plusieurs rues de Paris et de communes voisines, en bordure de Seine. Ce matin, la pluie est un peu plus fine et le ciel semble s’éclaircir au loin. 

Mais au lendemain d’un déluge nocturne ininterrompu, les gouttes d’eau ont fait déborder le vase. Paris est à l’arrêt. Plus de métro, et quasiment pas de bus. Des zones entières, comme l’Ile de la Cité, le secteur de la Concorde, de la Madeleine au Rond-point des Champs-Élysées, ou encore le Marais, et même des quartiers plus éloignés de la Seine, comme la Place de l’Opéra et les Grands boulevards sont sous les eaux. Les piétons se déplacent sur des passerelles de fortune installées à la va-vite. La Préfecture a interdit l’usage d’embarcations, les avenues et boulevards devenus canaux étant réservés aux Zodiacs des forces de l’ordre et aux secours. La prolifération des rats, obligés de remonter à la surface pour ne pas mourir noyés, fait craindre une épidémie de choléra. Le Premier ministre Jean Castex a rencontré la maire de Paris, Anne Hidalgo, et ils ont examiné l’éventualité d’une vaccination massive de la population.

17 octobre. La Seine a amorcé sa décrue après avoir atteint 9,15 mètres au pont d’Austerlitz, nouveau record absolu. Comme par enchantement, le soleil brille sur Paris, et la température s’est réchauffée de plusieurs degrés. Personne ne sait encore combien ce désastre va coûter, à la ville, à la région, à la France, à chaque Parisien, à chaque sinistré. Mais cette épreuve a ravivé ce que l’on croyait disparu : une vraie solidarité, une entraide magnifique, une fraternité comme on n’en avait peut-être jamais vu. On se croyait revivre les grandes marches républicaines de janvier 2015, au lendemain des attentats islamistes contre Charlie Hebdo et l’Hypercacher. 

Désormais, nous ne sommes pas tous Charlie (ou nous le sommes encore), mais nous sommes surtout tous dans la même barque, une embarcation de naufragés. Si on compte uniquement sur l’État pour nous sortir d’affaire, on pataugera encore dans la mouise dans plusieurs mois, peut-être plusieurs années. Les réseaux sociaux sont en train de mériter ce qualificatif social, peut-être pour la première fois depuis leur création. On a connu la Covid-19 et on sait qu’elle pourrait revenir. On sait qu’on n’en a pas encore payé le prix, mais on sait désormais qu’on peut compter sur l’autre, un voisin ou un inconnu, pour reconstruire notre avenir commun.

Personne n’oserait dire que cette catastrophe est une chance. Mais ce que nous avons perdu matériellement, nous l’avons gagné dix fois humainement, socialement.

 

Marginal Ray
Auteur compositeur conteur

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