Le gouvernement devait annoncer cette semaine son plan de relance économique tant attendu par la plupart des entreprises et salariés ; sa divulgation a été reportée à la semaine prochaine et les médias ne nous montrent nos ministres qu’insistant sur les peurs et les craintes liées à l’épidémie de covid. Dans le même temps, les violences à Paris de quelques centaines de sauvageons, avant et après le match PSG-Bayern Munich, ont braqué les projecteurs sur le manque de confiance des citoyens envers la Justice de notre pays et envers nos dirigeants, d’autant que ces violences étaient attendues, annoncées, et ont eu lieu. Les absences combinées de Mme Hidalgo, Maire de Paris, et du Ministre de l’Intérieur, voire du Premier Ministre, si prompts, à juste titre, à aller féliciter les pompiers après un incendie, étaient criantes lundi matin devant le désespoir des habitants de Paris. Ce désespoir amplifie à la fois l’abstention et le vote pour les partis dits autoritaires.
Ce manque de confiance, hier sur la justice, demain sur l’activité économique du pays, est certainement l’élément majeur que doit traiter le gouvernement. Sa communication doit tout entière être tournée vers le rétablissement de la confiance. Sans confiance, le plus beau plan de relance ne servira à rien. Sans confiance, pas de relance, et sans relance, pas de retour à la croissance. Le rétablissement de la confiance doit être la clé de voute de la rentrée, et la rentrée, c’est aujourd’hui.
Le Président Macron avait gagné une première bataille avant l’été avec les annonces du plan de relance européen. Il sait cependant que ce plan est loin d’être acté et définitif ; il faut encore que les parlements de chaque pays le valident, et la Belgique par exemple en compte 7… Il y a fort à parier que les mesures de ce plan européen ne verront pas le jour en 2020, et que l’argent n’arrivera au mieux que dans un an…et encore, si un pays ne fait pas tout capoter.
Entre la perte de confiance dans la justice et la perte de confiance en l’Europe que générerait le retard ou la non-adoption du plan européen, il y a fort à parier que les Français perdront totalement confiance en leurs dirigeants actuels et se tourneront alors vers des propositions politiques plus extrêmes, à quelques mois des présidentielles… Chacun sait que ni Marine le Pen ni Jean Luc Mélenchon n’auraient fait mieux ou pourraient faire mieux, mais le vote sanction sera alors pourtant massif, et la France sombrera dans l’inconnu.
Il est grand temps de réagir avec vigueur et détermination. Le gouvernement a peut-être bien fait en reportant l’annonce de son plan économique, mais a-t-il bien fait en augmentant les peurs et les craintes liées au Covid à la veille de la rentrée ? N’en fait il pas trop aujourd’hui en jouant sur le principe de précaution, quand il n’en faisait pas assez en février ? Le gouvernement peut-il raisonnablement tenter de relancer l’économie en distillant la crainte sur la rentrée dans les entreprises et les restaurants ? Après avoir eu une guerre de retard face à la pandémie, n’a-t-il pas encore un temps de retard sur la relance économique ?
Quelles que soient les réponses, il doit impérativement combler le vide en se montrant fort sur son domaine régalien, en prouvant aux citoyens que la violence de ces sauvageons est durement châtiée, en démontrant aux sauvageons que la République sait être forte et avoir une main de fer dans un gant de velours. Il faut que le gouvernement inverse la relation de peur. Ce ne sont pas les citoyens qui doivent trembler le soir, ce ne sont pas les commerçants qui doivent barricader leurs commerces ; ce sont les délinquants qui doivent craindre la Justice et trembler devant l’Autorité. Alors, le gouvernement inversera la courbe de la confiance et pourra lancer son plan économique. La confiance ne se décrète pas, elle se forge et se constate.
Si le gouvernement n’utilise pas cette fenêtre de tir, en se montrant intraitable sur son champ régalien, sur la police et sur la justice, il y a fort à parier que la hausse des faillites et la hausse du chômage des prochaines semaines, des hausses elles aussi attendues, annoncées et qui auront lieu, apportent encore plus de voix aux partis extrémistes, et que le plan de relance économique n’arrive que bien trop tard !
Patrick Pilcer
Conseil et Expert sur les Marchés Financiers