Le Tour de France, troisième événement sportif planétaire sur le plan médiatique selon plusieurs sources, est au cyclisme ce que la Coupe du monde est au football, et sur une planète où le vélo devient peu à peu le mode de locomotion privilégié en zone urbaine, sa popularité ne risque pas de décroitre.
Est-ce pour cela que le Tour de France, qui s’élance aujourd’hui de Nice, en zone rouge Covid, a donc vaincu – pour le moment – et espérons, pour trois semaines, le coronavirus qui bouleverse nos vies depuis l’hiver, a rendu tristement confiné un printemps pourtant si ensoleillé, et donné à l’été l’illusion d’une normalité retrouvée ?
Le Tour survit donc à la Covid-19, même avec deux mois de retard. Du moins a-t-il emporté la première manche avec, il est vrai, plusieurs compromis avec le virus. Mais comme une équipe sera exclue de la course si deux de ses membres, staf compris, sont positifs (et on ne parle pas de dopage), on ose espérer qu’au moins une des 22 équipes arrivera sur les Champs-Élysées dans trois semaines ! Parmi elles, UAE Team Emirates, et la novice équipe Israël Start Up Nation, qui suscite quelques éructions antisémites sur les réseaux sociaux. Comme si la diplomatie se perpétuait sur les routes du Tour…
Le Tour de France n’est pas une épreuve comme les autres. Son profil n’est pas plus difficile que celui du Giro d’Italia, le nombre de spectateurs au bord de route est équivalent, mais le nombre de téléspectateurs dans le monde est presque dix fois supérieur. Le Tour est la référence absolue de la compétition cycliste, et ne porter qu’un seul jour le célèbre Maillot jaune a plus d’impact sur la notoriété d’un coureur que gagner un championnat du monde ou une médaille olympique.
Si le Covid n’a pas eu raison du Tour, il a néanmoins impacté grandement les festivités de la plus grande compétition gratuite du monde. À l’instar de la Ligue des Champions de Football, les départs et arrivées des étapes se dérouleront dans un quasi-huis clos. La folie au sommet des cols, lorsque les coureurs fendent la foule hystérique et ne discernent quasiment pas la route, sera douçâtre cette année, si les choses se passent comme prévu. Car la route n’est pas un stade. Il faudra compter sur la discipline des spectateurs pour que soient respectés la distanciation physique et le port du masque.
Les coureurs, eux, n’auront guère le choix : le protocole sanitaire est strict, les plaçant dans une bulle dont sont exclus autant le public que les médias. Même les familles des coureurs ne pourront les rejoindre lors des journées de repos. Un laboratoire ambulant permettra aux équipes de procéder quotidiennement à des tests de dépistage.
Pour l’ancien coureur Jean-François Bernard, désormais consultant France Info, le fait que le Tour de France se déroule en septembre et non durant les vacances d’été ne va pas arranger les choses. « Ça va être compliqué » de lui conserver son caractère festif, estime-t-il.
Sur le plan sportif, le Colombien Egan Bernal, tenant du titre, est parmi les favoris. Côté Français, seul Thibaut Pinot semble être en mesure de suivre les favoris en haute montagne, tout en s’en sortant honorablement contre la montre. Son équipe Groupama-FDJ sera-t-elle le PSG ou l’OM du cyclisme ?
Espérons que ces enjeux sportifs (l’édition 2020 fera la part belle à la montagne) ne deviendront pas anecdotiques, s’ils ne le sont déjà. Mais peu importe, après tout. Le Tour de France, ses joutes et ses paysages, sont une parenthèse enchantée dans un contexte inquiétant avec cette reprise de l’épidémie, et même angoissant quand on songe que dans trois semaines, en même temps que s’achèvera le Tour, les chiffres des malades gravement atteints et des décès risque d’avoir augmenté.
Malgré les restrictions sanitaires, on veut se dire que le Tour est le symbole de la vie qui reprend, du renouveau, du printemps en automne, du déconfinement réussi, de la relance de l’économie et d’une vie sociale retrouvée.
S’il en est un qui espère plus que les autres que cette dernière assertion soit réalité, c’est bien Emmanuel Macron. L’actuel maillot jaune de la politique française le restera-t-il en 2022 ? Une chose est sûre : il est déjà en campagne.
Michel Taube