Edito
17H04 - jeudi 24 septembre 2020

Nicolas Bedos assassin ? L’édito de Michel Taube

 

Trop de « fils de… » accèderaient-ils à la célébrité par ce qu’ils sont fils de… ? Jean-Marie Bigard, futur candidat à l’élection présidentielle, parlerait de « fils de p… ».

Si l’on peut goûter ou pas à l’humour de Nicolas Bedos, son goût pour la provoc’ au service d’un besoin impérieux d’exister médiatiquement l’a conduit à se vautrer dans le giletjaunisme le plus caricatural et médiocre, en publiant sur Instagram un vibrant appel à la liberté de tomber malade, de contaminer, de tuer.

Nous hésitions à relayer ce pseudo message (pseudo, car son but est surtout de faire le buzz), précisément parce que moins il est relayé, moins il sera écouté. Mais nous rejoignons l’indignation des soignants, des malades, des familles, que ce grand Monsieur méprise et insulte pour nourrir sa notoriété.

En France comme dans tous les pays (démocratiques), les gouvernants sont déroutés par la pandémie de Covid et prennent des décisions nourrissant contestations et polémiques. Entre la santé et l’économie, il est partout si difficile de placer le curseur, d’autant plus que les scientifiques ne sont d’accord sur rien. Mais on sait que la Covid a déjà beaucoup tué, qu’elle tue encore, qu’en Europe et ailleurs, elle revient en force, que le risque de saturation des hôpitaux d’ici un mois n’est ni un fantasme ni un complot.

Critiquer le gouvernement est légitime et même salutaire. Mais appeler à « tout arrêter, les masques, le confinement… excepté face à vos parents très fragiles, quand ils le souhaitent », précise-t-il, est a minima de l’irresponsabilité. La référence aux parents fragiles démontre qu’il faut prendre les propos de Bedos au premier degré, un Bedos qui accuse par ailleurs le confinement d’avoir précipité la mort de son père, privé de l’amour d’un fils qui visiblement ignorait que l’attestation de déplacement dérogatoire durant le confinement prévoyait le « déplacement pour motif familial impérieux, pour l’assistance aux personnes vulnérables ».

Sauf que Nicolas Bedos ne veut pas être responsable, mais célèbre. Donc, il en rajoute :

« Vivez à fond, tombez malades, allez aux restaurants, engueulez les flicaillons, contredisez vos patrons et les lâches directives gouvernementales. Nous devons désormais vivre, quitte à mourir (nos aînés ont besoin de notre tendresse davantage que de nos précautions)… En ce monde de pisse-froid, de tweets mélodramatiques et de donneurs de leçons, ce texte sera couvert d’affronts, mais peu m’importe : mes aînés vous le diront : vivons à fond, embrassons-nous, crevons, ayons de la fièvre, toussons, récupérons, la vie est une parenthèse trop courte pour se goûter à reculons. »

« Vivons, quitte à mourir ». Belle formule ! Assassine surtout par temps de complotisme et de déligitimation de toute autorité.

Nicolas Bedos ne donne pas de leçons. Il invite, il incite à donner la mort. Qu’il aille au bout de sa logique en se rendant dans les hôpitaux pour embrasser les malades de la Covid-19.

Ah, pardon, Nicolas Bedos faisait de l’humour, du second ou troisième degré, et j’aime à dire qu’on peut rire de tout ! Nous n’avions pas compris !!! Vas-y Nicolas, rigole ! Mais garde toi d’assassiner des innocents par la bêtise de tes mots ! Tu as déjà 38.000 approbations eschatologiques sur Instagram. Le crime est-il déjà commis ?

 

Michel Taube

 

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