Rentrées le soir, nos générations fatiguées – de tant de « rien » (métro / présentiel / pôle emploi/ dodo) – passent une large partie de leur temps, une fois balancés gels hydro, revus hyper-alcooliques, masques de Zorro – notés double zéro car nous faisant réabsorber notre propre dioxyde de carbone la journée durant – et maintenant plouf ! sur divans et canapés, avec maxi-pizzas, sushis express et télécommande option apéritif… nos générations fatiguées, donc … rêvons d’un nouveau régime -politique- avec, c’est promis, c’est décidé, demain, nouveau régime diététique… mais… Mais nous avons tous tort ! Là, du moins, c’est clair. Et, munis d’un feutre, surlignons en caractères bien gras : nous avons tous tort.
La France, l’Europe, enfin le monde entier ne vont pas bien. Tout gonfle. Tout flambe, « la maison brûle » – merci, Chirac (Johannesburg, 2002) – rien n’est plus sûr, et même Macron Emmanuel en vient aujourd’hui ou hier – le temps avec lui, c’est en même temps à droite à gauche, devant derrière, hier demain même combat – à jouer les Chaïm Soutine vibrants… Sa « Modeste » Présidence en appelle à « l’amour » dans les Ephad ! Ah ! C’est dire que l’halali est proche… le guette ! Las Vegas nous parle de sentiment, murmure à notre oreille… découvre le cœur humain… Attention ! Danger !
Aucune alternative n’est crédible, mais Emmanuel II peut tout, vraiment tout tenter, jeter ses dernières bûches, il n’allume pas le feu, comme chanterait le regretté Johnny (notre Jean-Philippe Smets presque national, un peu belge). Pour faire court, personne n’ose le dire : tout est mort.
Alors, dimanche dernier, arpentant la longue et interminable artère, bitumée d’alpha en oméga, cette rue d’un Richelieu honni du peuple, qu’on a puni par la plus poussiéreuse engeance d’un Paris, si gris, si terne -écolo ou pas- si triste, et surtout si défait… Par bonheur, à notre droite se profilait une ombre, puis une fente, enfin s’ouvrait une porte, bien loin des patrimoines fossilisés dont on éblouit nos compatriotes, sortis de leurs HLM et casernes formatées Corbusier et autres architectes mortifères.
La vie ! La vie, seul repère pour Balzac – « je fais partie de cette opposition qui s’appelle la vie », ce mot d’ordre pour tous les hommes libres ! – autant que de Maupassant « Une vie, c’est ça » – la vie qui jaillit de la mort partout présente, a jailli dans un lieu magique.
Rue de Richelieu ! numéro 60 ! Ddesssins, avec deux D. D comme dépit, D comme désespoir, D comme défaite. Non ! Enfin pas seulement… D comme demain. Ursula Caruel, entourée de cent jeunes artistes, nous fait vivre ! Revivre ! Un seul exemple : saviez-vous que certaines plantes se développent grâce au … feu ? Plantes pyrophiles ! non, non, halte aux pompiers pyromanes ! Ne mélangeons pas tout … Mais regardez ces quelques images…
Allez, il est tard, déjà. L’humanité a déjà tiré tant de chèques sur son compte insuffisamment provisionné… Revenons à l’essentiel. Il y a chez Madame Caruel cette « liaison » essentielle. 1. Tout est fini. 2. Et autre chose va éclore. Oubliez vos concessions funéraires. Rien n’en demeurera, telle la nécropole des rois de France de Saint Denis, cerclée d’ayatollahs. Retournez dans les bois, jeunes gens, humez les senteurs du réel ! Et regardez, regardez seulement. C’est étrange comme s’impose l’image du Japon, île toujours sursitaire d’un ou deux tsunamis et de l’implosion programmée du volcan Fuji, entraînant la cassure en deux de l’île principale de Honshu qui s’inclineraient l’une vers l’autre… avant de sombrer.
Alors, chaque pousse, chaque perce-neige, les plus tendres branchages… redécouvrez-les ! Regardez juste les œuvres d’Ursula Caruel ! Si simples ? Si vivants ! Demain, demain, Covid parti et vous seul, tellement seul, vous ouvrirez les bras à l’art… la vie.
Jean-Philippe de Garate