Opinion Internationale aime le Mont Fuji. En 2016, nous avions rendu hommage à la passion du groupe Kiss pour l’art de l’estampe japonaise. Et nous avons publié tout au long de l’année 2019 des Haïkaï du poète Olivier Peraldi illustrés par le Mont Fuji.
Montagne sacrée depuis le VIIème siècle, emblème national, divinité shinto et lieu de pèlerinage, le vieux volcan est classé, depuis 2013, au patrimoine mondial de l’Unesco au titre de lieu sacré et source d’inspiration artistique. Ce Kami – entité divinisée du shintoïsme – règne sur les esprits et sur les arts. Ces neiges éternelles dominent Honshu de ses 3 776 mètres et se trouvent être un sujet majeur de l’art japonais au cœur de quelques-unes des plus célèbres estampes de la période Edo.
L’exposition du musée Guimet sur le mont Fuji, pays de neige, propose une sélection remarquable d’estampes des XVIIIè et XIXème siècle signées Harunobu, Koryusai, Hokkei, Hiroshige, Kuniyoshi, Keisai, Yashima, Masanobu et bien sûr de Hokusai. La manière de représenter cette montagne sacrée, ces nuances infinis de blanc, les couleurs du ciel sont un exercice de style éblouissant et une réflexion sur la notion d’impermanence, l’un des piliers de l’enseignement bouddhiste.
La qualité de ces œuvres enneigées est admirable. Que ce soit l’étonnant triptyque « Montagnes et rivières sur la route de Kiso » de 1857 réalisé par Hiroshige ou le « vent frais par matin clair » de Hokusai, ces nombreuses estampes dévoilent la quintessence de l’art et de l’esprit japonais. Les œuvres de Hasui, le plus grand artiste du shin hanga, maître du clair-obscur, clôturent ce parcours par des estampes empreintes de mélancolie dont leur composition épurée révèle toute la fragilité et la délicatesse de la neige.
A visiter de toute urgence jusqu’au 12 octobre, tous les jours sauf le mardi au Musée national des arts asiatiques – Guimet, 6 place d’Iéna, 75116 Paris.
Renseignements : https://www.guimet.fr/event/fuji-pays-de-neige/
Lucie Breugghe